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Lost, totally lost


De Impétueux, le 18 juillet 2011 à 22:16
Note du film : 5/6

Les points de vue très intéressants développés ci-dessus (et la remarquable Critique de Dumbledore sur un autre fil), nous laissent de toute façon désemparés : qu'est ce qu'il y a dans les films de David Lynch, qu'est-ce qu'il y a dans Lost Highway pour nous décontenancer autant et nous fasciner autour d'histoires qui n'ont ni début, ni fin, ni cohérence, ni raison, et qui nous paraissent pourtant, malgré la part faite à l'irrationnel, si ancrées dans un des cercles de notre réalité ?

Je crois que tout Lynch est dans la structure du rêve ; cauchemar assez souvent, mais davantage encore cet état où le cerveau saturé construit, bâtit, édifie des sortes de fulgurances, de scènes où la cohérence immédiate est impeccable mais où les liaisons entre les scènes sont troubles, ambiguës, incertaines. En d'autres termes, chaque séquence a sa logique, chaque étage son équilibre mais l'immeuble bouge.

Il y a eu des dizaines de pages, des dizaines de gloses consacrées à Lost Highway, aux incertitudes du récit, aux bouleversements stupéfiants qui entraînent les personnages à l'intérieur de leurs propres angoisses  : tout est vrai, tout est exact ! On peut sans crainte d'être démenti, avoir tous les points de vue possibles sur cette errance cruelle : on ne m'ôtera pas de l'idée que c'est le cheminement hypnotique qui ouvre le film et le ponctue à plusieurs reprises, cette course éperdue sur une route noire, où défilent à toute allure, les lignes discontinues, fascinantes qui sont comme la marque du Destin et qui, mieux que toute autre image, marquent la perte des repères subie par les protagonistes.

Lignes de fuite, parallèles qui finissent par se croiser, comme le font les histoires enchevêtrées de Fred Madison/Pete Daymon (Bill Pullman/Balthazar Getty) et de Renée Madison/Alice Wakefield (Patricia Arquette), absolument remarquable angélique, venimeuse, vénéneuse, diabolique), tout cela sous le regard démiurgique de l'Homme-mystère (Robert Blake) qui ne s'affuble des oripeaux du Vampire traditionnel que pour mieux montrer qu'il s'imbibe de tous les sangs et de toutes les vies. Il joue à avoir besoin d'être invité, comme le code figé par Bram Stoker le prescrit, mais il n'en a pas vraiment besoin puisque c'est lui qui finalement fixe le rythme des découvertes et les rend de plus en plus terrifiantes.

Plongée à l'intérieur d'une schizophrénie jalouse, comme on l'a beaucoup écrit, ou broderie haletante sur une frise de réalités ? Va savoir ! Ce qui est importe, chez Lynch, ce n'est évidemment jamais le montage scrupuleux d'une histoire où l'on découvrirait, en fin de compte, une réalité à usage unique, mais une série d'expériences usantes, épuisantes, violentes qui laissent les nerfs à vif et l'insatisfaction à l'esprit.


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De t, le 16 janvier 2008 à 08:59

En fait le saxophoniste tue vraiment sa femme de jalousie et se voit condamné à la chaise électrique; lorsqu'il se fait foudroyer il revoit sa vie défiler à toute vitesse mais il ne peut pas reconstituer exactement sa vie, donc l'on voit qu'il s'invente un autre personnage, une autre vie… Lorsqu'il y a le gars bizarre qui lui dit qu'en Orient les gens ne savent jamais lorsqu'ils se font tuer pour la peine capital, cela veut dire qu'il s'est fait foudroyer lorsque il avait des migraines… Le truc inexplicable est le fait qu'il arrive à revenir en arrière dans l'histoire… cela incluerait une machine à remonter le temps.


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critique


De dumbledore, le 25 janvier 2006 à 17:48
Note du film : 5/6

Ce qui est terriblement agaçant dans les films de David Lynch c'est qu'on peut les aimer, ou ne pas les aimer mais que dans l'un et l'autre cas, il es bien difficile d'en parler. On peut bien évidemment évoquer l'ambiance, qui semble être le maître mot de l'univers de Lynch. Celui de Lost Highway est à couper au couteau, tendu, dense, grâce à une lumière savamment composée et une bande son particulièrement travaillée dans laquelle musique, ambiance et effets constituent la partition d'une musique qui serait intérieure, psychologique pour ne pas dire psychanalytique.

Chez Lynch, on peut également évoquer la direction d'acteur qui est souvent remarquable. Elle l'est ici certainement, et il suffit de voir le jeu de Bill Pullman pour en être convaincu, à la fois beau et dur, au regard qui dégage tout sauf de la sympathie. On sent en lui la paranoïa à fleur de peau et on ne s'étonnerait pas de le voir sans raison, basculer dans une folie destructrice… ce qui ne manquera pas d'arriver dans le film. Joli performance donc, d'une grande crédibilité, sauf peut-être quand on le voit "jouer" de la musique.

L'autre comédien marquant est l'étonnante Patricia Arquette qui est utilisée avec moins d'originalité par son réalisateur comme une Vamp avec cette idée d'une sexualité sauvage et destructrice (le fameux vagina dentata, fantasme répertorié depuis des siècles!) qu'aucun homme ne peut combler.

Chez Lynch, on peut également être admiratif de la mise en scène. Elle est ici totalement maîtrisée réussissant justement à donner aux comédiens une réelle présence, à l'histoire une tenue impeccable d'autant plus réussie que l'histoire est quasi incompréhensible et à l'ambiance sa force et sa puissance.

Mais comme souvent, chez David Lynch l'histoire est obscure. "C'est bien mais qu'est-ce que ça raconte" semble être la phrase la plus naturelle au sortir de ces films.

Une chose est sûr dans ce film c'est qu'il s'agit d'une variation sur le thème de la jalousie. Le personnage incarné par Bill Pullman est clairement un paranoïaque, jaloux de sa femme, convaincu qu'elle le trompe. Sa folie va s'incarner par des fantasmes qui sont traités en autant de "dérapages" narratifs, qui sont comme des crises de déréalisations, des crises psychotiques. C'est le cas des cassettes vidéos. Sa paranoïa aboutit au crime lui-même déréalisé, dématérialisé.

Jusque là, pourrait-on dire, tout est clair, même le personnage du "diable" qui est une sorte d'incarnation du Diable qu'on a tous en soit, cet Alien, ce "ça" que Freud a conceptualisé, ce "ça" qui est souvent plus fort que moi.

Ensuite, comme souvent chez Lynch (et revoir Lost Highway après Mulholland Drive est assez éclairant), le film redemarre dans sa seconde moitié, changeant de personnage (qui n'est en réalité qu'une autre facette du même personnage). On reprend une autre histoire, celle d'une histoire d'amour entre un jeune homme et la "blonde" d'un mafieux. La blonde aimerait partir avec le jeune mais pour acquérir cette liberté, il faut tuer le mafieux. Le canevas est un cliché hollywoodien (Lynch aime y puiser) et permet de construire avec encore plus d'évidence la duplicité féminine et ce n'est pas pour rien que Patricia Arquette y joue également le rôle. Le tout finit par le meurtre du Mafieux, figure évidemment paternel, haïssable.

Juste au moment de ce passage à l'acte, Bill Pullman "reprend" sa place dans l'histoire. Il commet ce crime tout en étant un autre, tout comme comme un autre a commis le premier crime sans être lui.

On est encore là encore dans le pure délire psychotique.

Le film est au fond une sorte de "démonstration" empirique et intuitive d'une figure paranoïaque : la jalousie maladive, destructive qui n'est qu'une forme détournée d'une haine/amour homosexuel mortifère pour le père.

Dire qu'on avait demandé à Freud s'il pensait que le cinéma pouvait traiter de la "chose" psychanalytique. Il avait répondu que non… Il est vrai que David Lynch n'était alors même pas encore né…


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Avis


De Gaulhenrix, le 26 juillet 2003 à 17:52

Partons d'une évidence : Lynch explore le monde intérieur (inconscient) de l'homme à la recherche de vérités que les scientifiques recherchent dans le monde extérieur. Ce film qui exprime l'angoisse qui saisit devant la mort d'un couple est composée comme une boucle. D'abord, nous avons le constat : Renée et Fred – qui se sont aimés – vivent désormais à côté l'un de l'autre dans la conscience de leur échec. Fred, suite à une rencontre lors d'une fête, a la possibilité d'aller dans le passé de Renée et s'aperçoit de sa responsabilité. La deuxième partie du film présente un Fred métamorphosé en Pete et une Renée devenue Alice et, à la fin de cette variation, on revient au point de départ.

Je suis bien conscient que ces quelques lignes ne sont qu'une esquisse…


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De Patrice Dargenton, le 5 avril 2002 à 16:25

Je n'ai toujours pas compris le film, mais j'en ai plus compris la seconde fois. Peut-être un jour ce film sera un de mes films préférés. En tout cas, je le recommande si vous avez aimé Twin Peaks, qui est moins abstrait et tout aussi fantastique.Patrice Dargenton (Mon site)


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