Sans doute aurait-il été possible d'élaguer quelques épisodes adjacents pour que le film soit resserré de vingt minutes (il dure presque deux heures et demie), mais la longue durée permet aussi d'installer et de bien caractériser les voyageurs, de les faire s'exprimer sur la situation politique et, comme ce sont toutes gens de bonne compagnie, de jeter les derniers feux d'un siècle qui fut le plus civilisé qui se puisse et qui allait s'achever dans les flots de sang du rasoir national avant que son suivant ne commence dans les boucheries napoléoniennes.
L'artifice est aimable et séduisant de se faire rencontrer le chevalier de Seingalt, c'est-à-dire un Casanova vieilli, décati, plâtré de céruse et rougi de carmin, mais qui a encore belle allure et – surtout ? – réputation légendaire qui fait palpiter le corsage opulent de la veuve Gagnon (Andréa Ferréol) et le ricaneur, douteux, pornographe, subtil Rétif de la Bretonne, qui s'entendent comme larrons en foire. Tout cela au côté d'un chevalier d'industrie, Wendel (Daniel Gelin), qui s'inquiète de l'influence de la situation sur la bonne marche de ses affaires, d'un pamphlétaire insurgent des jeunes États-Unis, Thomas Paine (Harvey Keitel), d'un magistrat modéré Florange (Michel Vitold) et de sa divette entretenue Virginia (Laura Betti). Plus un étudiant révolutionnaire et niais, Émile (Pierre Mallet) et la soubrette noire Marie-Madeleine (Aline Messe). J’allais oublier le coiffeur inverti Jacob (Jean-Claude Brialy) qui se rend bien compte que la liberté de mœurs qui régnait jusqu’alors va être sévèrement muselée par l’austérité républicaine. Tout cela est filmé dans des images magnifiques, orné de musiques intelligentes, joué par de grands acteurs…. C'est drôle : dans La terrasse, le réalisateur Ettore Scola filmait le désenchantement et la lassitude des intellectuels de gauche de Rome ; dans La nuit de Varennes, l'effarement de ceux qui voyaient disparaître un monde qui était bien loin d'être parfait mais qui avait stabilité et élégance. Le cinéaste fait partie de ces intellectuels qui ont assez de subtilité pour constater que la réalité fracasse toujours les fictions.Encore une bonne nouvelle : La Nuit de Varennes d'Ettore Scola sort en DVD zone 2 le 9 février 2010 ! Merci Père Noël ! (Et à bas tous ces mécréants au coeur sec qui prétendent que le Père Noël n'existe pas !)
Je vous conseille de voir ce film franco-italien en Français car Mastroianni y parle un français teinté de son accent italien comme l'aurait fait le personnage réel qu'il incarne, Casanova. Et puis pour apprecier la voix d'Hanna Schygulla.
Le titre italien Il Mondo nuovo me surprend un peu car il me rapelle un autre titre Nuovomondo qui relate de l'immigration vers l'Amérique.
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