En revanche, Shaft contre les trafiquants d'hommes est d'une toute autre tenue grâce à un scénario qui sort des sentiers battus. Le détective Shaft quitte son quartier de Harlem pour l'Afrique de ses origines. Il a pour mission "de s'infiltrer parmi des esclaves africains, qui seront par la suite envoyés en Europe (à Paris plus exactement), pour y travailler dans des conditions misérables" comme le précise notre cher site.
Il en résulte un film d'aventures riche en péripéties et mené tambour battant où alternent la grosse rigolade et la gravité inattendue. On y trouve une dénonciation virulente de la traite des Noirs dans l'Europe au XXe siècle, et en particulier à Paris, filmé de manière plus réaliste que dans Un cri dans l'ombre du même réalisateur, malgré la présence du Français (caricatural) de service : Jacques Marin. Mais le spectateur de 2020 y constatera également la présence d'un humour « hénaurme » qui prouve combien la liberté d'expression était grande durant les années 70, y compris aux Etats-Unis : ainsi la scène où la blanche nymphomane cherche à tout pris à coucher avec le black forcément viril (Shaft) me semble impensable de nos jours.Mais Shaft contre les trafiquants d'hommes se distingue de ses prédécesseurs et du terne remake de John Singleton grâce à la présence derrière la caméra d'un excellent réalisateur : John Guillermin. On retrouve ici le talent du cinéaste qui se caractérise par le sens de l'espace et du rythme, l'élégance des mouvements de caméra, un découpage judicieux et une parfaite utilisation des moyens mis à sa disposition.
Shaft contre les trafiquants d'hommes est, de mon point de vue, beaucoup plus réussi que Vivre et laisser mourir, le James Bond sorti la même année qui s'inspirait de façon évidente de la « blaxploitation ».
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