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Crépuscule et nuit noire


De Impétueux, le 13 septembre 2015 à 19:16
Note du film : 6/6

Le message de l'ami Verdun m'a donné envie de revoir le film. Il a bien eu raison d'aller le redécouvrir (à la Cinémathèque, je pense, où il y a en ce moment un cycle Peckinpah, je crois) et bien raison d'en dire tout le bien qu'il en dit.

Lorsqu'on a déjà regardé plusieurs fois La horde sauvage, qu'on a conservé en tête les séquences initiale et finale, leur orgie de violence, leur furie presque hystérique, lorsqu'on sait, de ce fait, que tout le film est une sorte de chemin qui mène d'un massacre à un massacre, on est d'autant plus frappé de voir combien tout cela se fait sous le signe de la lassitude et de l'amertume. Le cinéma ne manque pas de ces voyous fatigués qui ne souhaitent que se retirer au soleil, fortune faite. Jean Gabin s'en était même fait, jadis, une spécialité, de Touchez pas au grisbi à Mélodie en sous-sol (et d'autres !). Mais je ne crois pas avoir jamais vu autant de fatigue et peut-être même de dégoût de soi, aussi bien dans la bande de Pike (William Holden) que dans celle de Deke (Robert Ryan), ancien complice, ancien ami, qui le pourchasse.

Les beaux jours tirent à leur fin dit Pike ; ces beaux jours-là, ce sont moins ceux de l'argent facile et des coups de main aisés que ceux de la jeunesse et de l'ardeur. Qu'est-ce qui reste à tous ces compagnons de fortune ? Boire du whisky au goulot et baiser des putes, voilà qui n'est pas une raison de vivre bien satisfaisante. Et même si Dutch (Ernest Borgnine), lors d'une nuit à peu près paisible dans un corral mexicain dit à Pike Pour rien au monde je ne changerais de vie…, on sent bien que, de toute façon et qu'il le veuille ou non, la route est tracée et qu'il ne peut pas en sortir.

Il n'est peut-être pas indifférent que le film s'ouvre sur les rires de plaisir, les rires cruels des enfants qui ont livré deux scorpions à la férocité de fourmis rouges, puis qui ont brûlé les insectes : on voit bien que ces enfants-là, quelques années passées, éprouveront la même volupté de tuer que les plus anciens. D'ailleurs leurs petits camarades mexicains – simplement un peu plus primaires – ont beaucoup de plaisir à se vautrer sur le dos du pauvre Angel (Jaime Sánchez) trainé dans la poussière par l'automobile du Général. La mort, le sang, finalement, ce sont de belles jouissances. En tout cas un bon moyen d'oublier que la vie est une garce.

Comment voir autrement l'échange entre Pike et ses acolytes, les frères Gorch (Warren Oates et Ben Johnson), tous dans le dégoût de leurs nuits sales ? Pike a couché avec une jeune fille, dont le bébé, au matin, pleure ; les deux frères chicanent ce qu'ils doivent à des filles, Dutch est resté avec sa culpabilité d'avoir abandonné Angel à Mapache (Emilio Fernández). Alors pourquoi pas Let's go ! ?.

Why not ?, c'est alors une vérité d'évidence, justifiée par la totalité de ce qui précède. La lassitude s'exprimant dans une dernière posture. Le rire qui secoue les quatre tueurs, après qu'ils ont abattu Mapache et qu'ils pourraient, pendant ce très court moment-là, où tout est suspendu, partir indemnes, est un des moments les plus forts du film… Enfin, on va voir le bout de l'aventure.

Avant l'horreur magnétique. Le sang. Les charognards. Le soleil. La poussière.


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De verdun, le 12 septembre 2015 à 01:13
Note du film : 6/6

J'avais le souvenir d'un film un peu inégal, surestimé, doté d'un début et d'une fin inoubliables, mais assez lent pour le reste. Et moins marquant que d'autres films du même réalisateur.

Et là revu dans de bonnes conditions ce soir en restauration numérique sur grand écran, c'est la redécouverte totale.

Ce cinéma-là produit par un grand studio (Warner) nous manque. Le charisme d'acteurs qui donnent l'impression d'avoir vécu nous manque.

L'absence de jeunisme dans leur traitement. La force d'une mise en scène belle et spectaculaire nous manque: personne n'a mieux utilisé le ralenti que Peckinpah.La virtuosité ne se réduit pas ici aux seuls effets spéciaux.

Mais surtout l'audace d'un cinéma qui n'a peur ni de choquer ni d'émouvoir (quelle fin). Si le parfum de scandale autour du film s'est dissipé tant on a vu pire en terme de "gore", on est toujours scotché par la puissance du film, par sa noirceur.

La narration reste atypique, jouant sur l'attente et les moments de calme mais ne m'a pas empêché de resté captivé (même un vendredi soir où la fatigue peut se faire ressentir).

La beauté des cadrages, du générique, de la musique et des décors complète le tout. Rarement revoir un film m'aura procuré un tel bonheur. C'est un film qui a une certaine "classe" -pas forcément l'épithète qu'on associe le plus à Peckinpah mais qui me semble correspondre au brio de la mise en scène et de l'interprétation.


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Mais qu'est-ce qu'il y a à refaire...


De Arca1943, le 11 mars 2009 à 03:12

Ah quelle bonne nouvelle sur la fiche de ce non film : « Projet de remake inabouti. »

Il est inabouti le projet
Tralala tralala
Il s'est planté le remake
Tralalè-è-reuh.


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De Impétueux, le 14 décembre 2005 à 14:01
Note du film : 6/6

Je me suis demandé ce que signifiait votre message avant de m'apercevoir qu'il figurait sur un (projet de ?) remake de la seule, de la vraie Horde sauvage, dont le DVD, soit dit en passant, maintes fois annoncé en zone 2, n'est toujours pas édité…

Refaire La horde sauvage !!!!!!! Pourquoi pas La prisonnière du désert, tant qu'on y est…


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