Plus effacés, voire en silhouettes, Paulette Dubost, Madeleine Barbulée, Maria Meriko ou Noël Roquevert, Georges Chamarat, Jean Le Poulain et en ombres Gabriel Gobin, Guy Delorme, Henri Lambert, Bernard Musson…
Quelle richesse avait le cinéma français en ces années-là !
Mélodrame à ressort, qui se joue entre l'opulence des belles demeures de la Monarchie de Juillet et les bouges crapuleux, les taudis terreux du Paris d'avant Haussmann, film qui ne manque pas de brio ; le bon cinéma moyen du dernier siècle.
Oui, les Mystères de Paris a été édité depuis lurette et c'est tant mieux.. Marais donne à ce film une extraordinaire dimension dans le sale et la puanteur des coupe-gorge. Le mélo est là, assurément. Et colossal, coupant le souffle avec la brutalité en couleurs et des éclairages violents. Avec ses héros campés sans ambiguïté dans la noblesse ou dans l'atroce ; Mondy, l'immense Mondy est un chourineur de première et se fond dans Paris et ses mystères : les bouges, les souterrains, les égouts, les caves… Un Paris disparu des esprits mais qui fut, un Paris gangréné par une époque où la misère était le seul emblème de cette capitale bouffée par la lèpre de la prostitution. Loin de l'époque des lumières, ce Paris là puait comme la noblesse qui venait s'y encanailler. André Hunebelle fait bouger tous ses rats de bonne façon. Sans en rajouter dans l'outrance. Pour la noblesse, honteuse et repentante, Jean Marais joue sa partition sans grande surprise. Il y est bon. Le grand blond style aryen qui faisait se pâmer Cocteau et Arno Brecker comme dit le jaloux Impétueux, nous concocte un Rodolphe de Sombreuil de bonne facture, peut-être pas très fidèle au personnage du livre d'Eugène Sue (pourquoi l'avoir affublé d'un autre patronyme ?) mais sûrement plus adapté au cinéma de l'époque. Plus bondissant, et peut-être moins gnan-gnan. Les spectateurs ne sont pas toujours forcément les lecteurs et ce sont les premiers qu'ils faut contenter.
Et puis le film est très épuré par rapport au bouquin, ce qui peut se concevoir aisément car, si ma mémoire est bonne, certains passages du livre sont interminablement ennuyeux. Je n'ai que très peu de souvenirs de la version de Jacques de Baroncelli avec Marcel Herrand et ne peux donc pas faire de comparaisons. Je me contente donc d'apprécier cet opus qui mérite toute notre attention. A l'époque, les cinéphiles du samedi soir, amateurs de skis à la vanille ont du trouver leur content d'aventures et, en cela, Hunebelle a réussi son pari. Le bouquin d'Eugène Sue, trônant sur les tables de nuit a peut-être eu vent de ce qu'en avait fait le réalisateur du Bossu ou du Capitan. Mais l'attention portée sur le vélin dans la clarté doucereuse d'une chambre à coucher est une chose, celle exaltée dans une salle obscure en est une autre…
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