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Au pays des horreurs


De Impétueux, le 16 janvier 2011 à 16:27
Note du film : 3/6

Au contraire de notre ami disparu Gaulhenrix (mais bon Dieu, où êtes-vous Gaulhenrix ? Revenez donc !), avec qui, hors sur la Gaule, j'ai si souvent été en communion d'esprit et d'intérêt, je n'ai pas beaucoup accroché à Tideland et, tout en en reconnaissant les grandes qualités formelles, je m'y suis souvent ennuyé.

Voilà que ça commence de façon assez sordide et désespérante, ce qui n'est pas pour me déplaire, et que ça continue par de superbes images de prairies désertes et d'une maison isolée, propice à tous les rêves horribles qui peuvent se cacher dans les replis de l'âme d'une petite fille, qui n'a pas dix ans, dont la mère vient de mourir d'overdose à la méthadone (elle aurait jamais dû arrêter l'héroïne ! brame le père devant la dépouille) et dont le père, précisément, se fait chaque soir préparer sa dose par son enfant.

On conçoit donc le repli autoprotecteur – quoiqu'il soit inconscient – de la gamine (impeccable Jodelle Ferland) sur un monde enchanté (qui n'est pas un monde féérique, en tout cas, et vraiment pas un monde sucré) et les intentions de Terry Gilliam, sont excellemment décryptées par Gaulhenrix.

Mais enfin j'ai trouvé ça répétitif et longuet, torturé sans toujours de justification, emberlificoté, en un mot…


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De Gaulhenrix, le 15 octobre 2007 à 23:10

« Peut-être que si je ferme les yeux, et que je me concentre très fort, je me réveillerai dans ton rêve… »

Ce souhait – si beau dans son pouvoir de suggestion – prononcé par l'enfant-adolescente Jeliza-Rose donne une idée de la tonalité à la fois poétique et fantastique du film…

Terry Gilliam, à son habitude, nous invite à un voyage éprouvant, sans ménager le moindre repos pour que le spectateur puisse reprendre son souffle. Il multiplie les cadrages obliques et les gros plans de scènes difficiles pour mieux renforcer le malaise qui nous saisit dès les premières minutes. On y voit une mère droguée à la méthadone qui maltraite sa fille, Jeliza-Rose (Jodelle Ferland) ; un père, Noah (Jeff Bridges), chanteur de rock sur le retour, plus complice mais également drogué et dont la piqûre quotidienne est préparée par l'enfant. On comprend combien un tel environnement prédispose Jeliza-Rose à vivre dans un imaginaire d'autant plus effrayant que sa mère, puis son père, victimes de surdoses, la laissent seule dans la vie… avec ses curieuses poupées et son livre Alice au pays des Merveilles !

Les décors particulièrement travaillés – réussis – jouent sur un double contraste entre l'extérieur (vastes champs dorés de collines vallonnées, mais aussi excavations et entassements chaotiques de terre secoués de sourdes explosions) et les intérieurs (sordides, noirs et menaçants, habités de momies qui évoquent Massacre à la tronçonneuse, mais aussi apparence de confort après nettoyage). Bref, le mal rôde partout, dans les maisons comme dans la nature, surtout quand les être humains sont encore plus étranges que les plus mauvais rêves.

Le film est, précisément, un long cauchemar de deux heures qui peut se lire comme le passage féminin de l'enfance à l'adolescence dans un canevas, un foisonnement d'images surréalistes, montrées sans le moindre trucage numérique. Les premiers trois-quarts d'heure sont très prenants. Puis, une certaine lassitude s'installe, notamment quand le récit insiste trop lourdement sur la découverte de la sexualité par Jeliza-Rose, avant que la dernière demi heure ne relance l'intérêt.

Un film à voir, toutefois, ne serait-ce que pour l'étonnante Jodelle Ferland qui se confond avec son personnage et fait montre d'un incroyable talent pour son âge. L'actrice et son personnage sont d'ailleurs plus emblématiques et fascinants que ne l'est l'Ofelia de Le labyrinthe de Pan dans un registre assez voisin, mutatis mutandis, bien évidemment. Une sorte de "Jeliza-Rose au pays des horreurs"…


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