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Une réhabilitation méritée ?


De vincentp, le 9 novembre 2017 à 17:43
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Revu cette après-midi (j'ai posé un jour de congé exprès) sur grand écran, et c'est un sacré film ! A mon sens le meilleur film de Visconti avec égalité avec Le guépard, simplement plus difficile d'accès que la palme d'or à Cannes en 1963. L'Innocente (1976) représente la quintessence de fond et de forme du cinéma de Visconti. L'aristocratie est présentée en tant que concept comme un drame, car contraire à des principes fondamentaux de l'espèce humaine. Cette forme de gouvernance de la société produit des êtres instables et névrosés, mais aussi des individus instruits, maîtrisant les arts et la science (ici la littérature, pour le guépard l'astronomie).

Visconti est un exceptionnel directeur masculin, les nuances sur le visage du personnage principal (le rôle de sa vie pour Giancarlo Giannini) conduisent de façon magistrale le récit. Et puis il y a la beauté plastique de chaque plan, le travail sur le cadre, l'éclairage et les couleurs, la fluidité de la conduite du récit, des dialogues étincelants, porteurs d'une vision du monde élaborée et complexe. Gros travail sur la musique, les effets sonores (crépitement du feu dans la cheminée) pour créer des émotions, un effet réel. Un plaisir pour le cinéphile d'aujourd'hui, une clé d'accès au savoir absolu. Voici un chef d'oeuvre tout aussi absolu…


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De vincentp, le 27 février 2012 à 23:01
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Un portrait de l'aristocratie, objet tout à la fois de fascination et de rejet. Visconti alterne ces deux regards parfois dans la même séquence : marxiste, quand il décrit les ambiguités de ce milieu social (guindé, arriéré, exploitant sans vergogne des domestiques), et conservateur quand il montre la grandeur culturelle et artistique liée à ce milieu (voir les statues et portraits issus du passé). La cantatrice, face à laquelle les aristocrates font mine de se distraire (comme dans un reportage de Gala), porte en elle ces deux aspects.

Il se trouve que le regard de Visconti croise le mien, d'une certaine façon, sur ce monde déphasé. Il y a peu, j'ai passé quelques jours dans un hôtel cinq étoiles bruxellois, accueilli dans l'entrée par le portrait du roi et de la reine de Belgique, et des valses viennoises. La salle de bains était gigantesque et d'un luxe inouï. Un petit déjeuner gargantuesque avec serveurs en costume autour de moi. Mais l'hôtel était quasi-vide : la rue étant tombé en décrépitude, il y a désormais en face de ce palace une ribambelle de sex-shops. L'aristrocratie européenne n'a plus les moyens de ses ambitions.

La mise en scène de L'innocent est absolument magnifique, mais idem pour la photo (Pasqualino de Santis), les costumes, les décors, la musique ; et le scénario (encore une grande réussite de Suso Cecchi d'Amico) aborde tout un tas de sujets connexes (la création artistique, les rapports entre la morale et la religion…). Un scénario légèrement conceptuel, il faut le reconnaître, qui fait que ce film n'est pas très facile d'accès. A déconseiller à monsieur et madame Duchmol !

L'innocent est un très grand film à mon avis (je le classerais parmi les meilleurs films européens des années 1970). Un pur régal pour l'esprit… Et je pense que l'on peut apprendre le métier de réalisateur en ne regardant que les films de Visconti.


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