On a envie devant ce bon film de commencer par évoquer le tour de force de Harry Baur, qui arrive par son jeu à donner subtilité et compassion à un personnage détestable, "chef d'entreprise" sur les docks d'Alger, à la tête d'un groupe de manutentionnaires menés comme des esclaves, tyran, raciste, hurleur toujours en état second, filmé souvent en plans très longs, où l'acteur a l'occasion de faire éclater son génie … n'ayons pas peur de ce mot, qui n'est pas galvaudé ici … Par ailleurs son accoutrement est très réussi (sa chemise entre autres).

Le reste n'est pas mal non plus : l'historiette d'amour entre la nièce de Sarati (dont il est amoureux sans espoir de retour) et le noble breton qui fuit ses méfaits quimpérois (ou quimperiens …)et veut se racheter est rehaussée par le sens du réalisme dans les extérieurs filmés sur le port d'Alger, la présence de personnages secondaires très forts : la régulière de Sarati qui répond au doux prénom de Remedios (formidable actrice), le bon copain grande gueule (Dalio), le soulard engagé comme espion (du grand Jean Tissier), etc, etc …

Du coup on espère voir d'autres films de Hugon.