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Les tribulations de Dracula en Chine


De verdun, le 24 avril 2020 à 20:41
Note du film : 3/6

1974. Une Hammer à l'agonie cherche des solutions pour se renouveler sans pour autant sortir radicalement de l'univers gothique qui a fait son succès.

Dans ce contexte, et puisque l'union fait la force, pourquoi ne pas s'allier avec un autre studio spécialisé dans le cinéma de genre ? Et puisque les arts martiaux sont à la mode depuis les triomphes remportés par Bruce Lee, pourquoi ne pas s'allier avec les studios hong-kongais Shaw Brothers, qui ont produit plusieurs bijoux du genre comme La main de fer ou Ma rage du tigre ?

Une union aussi insolite ne pouvait donner naissance qu'à un film incongru, "la spectaculaire alliance du kung-fu et de l'horreur", pour reprendre le texte de la jaquette française: La légende des sept vampires d'or.

Si le mélange entre kung-fu et fantastique gothique reste improbable, le résultat me semble plus classique que ce à quoi on pouvait s'attendre, aussi loin du nanar ridicule que du film complètement fou.

Le scénario, proche du récit d'aventures exotiques, est relativement attendu: Dracula part en Chine pour y faire régner la terreur avec l'aide des vampires locaux. Van Helsing monte une expédition pour le détruire. La mise en scène elle aussi respire le classicisme.

La légende des sept vampires d'or constitue surtout un compromis: on sent que les deux co-producteurs ont voulu doser à égalité leurs ingrédients, comme en témoigne les deux romances interraciales ou le fait que les scènes de combat ont été filmés par le spécialiste local Cheh Chang, le reste étant dévolu à Roy Ward Baker, grand habitué de la Hammer et des films au climat insolite, comme en témoignent Le cavalier noir ou Troublez-moi ce soir.

En dépit d'effets vieillis et de son caractère bâtard et malgré des difficultés de production- la Hammer jugeant les studios de Hong-Kong proches de l'amateurisme- l'ensemble est un divertissement de qualité qui ne m'a pas ennuyé une minute: la photo aux dominantes vertes et rouges est belle, les combats sont spectaculaires et l'interprétation est de bonne qualité, l'inestimable Peter Cushing étant entourés de bons acteurs, notamment David Chiang.

Christopher Lee a refusé de reprendre le rôle de Dracula, confié à John Forbes-Robertson, un sosie outrageusement maquillé qui n'apparaît que cinq minutes dans le film. Lee a eu plutôt tort de décliner la proposition qui lui a été faite car La légende des sept vampires d'or est nettement plus intéressant et audacieux que les deux derniers Dracula qu'il a tournés, avec le tâcheron Alan Gibson, Dracula 73 et Dracula vit toujours à Londres.

La légende des sept vampires d'or a enfin le parfum émouvant des chants du cygne: c'est le dernier Dracula de la Hammer et la dernière collaboration avec la célèbre firme du musicien James Bernard.

Le film ne remporta pas le succès attendu par ses concepteurs et se traîne depuis une mauvaise réputation. Il mérite pourtant mieux que les jugements sévères qu'il suscite le plus souvent.


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