Co-produit en 1969 par les Américains de American International Pictures et les Anglais de Amicus, Lâchez les monstres est un film assez controversé, tantôt admiré, notamment par le grand Fritz Lang, tantôt mal jugé.

Les amateurs de cinéma d'épouvante peuvent se réjouir de retrouver au générique les trois géants qui ont dominé le genre durant les années 1950 et 1960, à savoir Vincent Price, Christopher Lee et Peter Cushing. Hélas il convient de reconnaître qu'il y a, sur ce point précis, tromperie sur la marchandise. Cushing n'apparaît que dans une séquence de trois minutes et Lee est à peine plus présent. Seul Vincent Price a un rôle plus développé et encore, il faut attendre la dernière demi-heure pour assister à ses macabres "exploits"…

Lâchez les monstres déconcerte également les spectateurs par sa structure narrative très particulière. Le scénario juxtapose plusieurs intrigues qui ne semblent avoir aucun lien entre elles. Première intrigue: en Grande-Bretagne, un joggeur se réveille dans une chambre d'hôpital, et découvre qu'on lui a coupé une jambe. Deuxième intrigue: un serial-killer assassine de jolies jeunes femmes dans la région. Troisième intrigue: dans une démocratie populaire qui ressemble à la RDA de l'époque, un étrange officier torture voire élimine sans ménagement ceux qui se mettent sur son chemin. Les trois intrigues finissent par se rejoindre à la fin mais les scénaristes ne retombent pas tout à fait sur leurs pattes tant certains éléments restent inutilement obscurs lorsque défile le générique de fin …

Beaucoup de spectateurs se sentiront frustrés par une histoire alambiquée qui est bien loin de faire le meilleur usage possible des stars présentes à son générique. Il serait dommage de rester sur cette mauvaise impression car Lâchez les monstres est une œuvre singulière ayant le mérite de vouloir sortir des sentiers battus d'un cinéma fantastique britannique alors sur le déclin. Le film n'ennuie jamais grâce à une mise en scène efficace et à une inventivité et à une étrangeté qui évoquent les séries anglaises de la même époque telles que Le prisonnier ou Chapeau melon et bottes de cuir. Certes le caractère bancal du script peut irriter mais on peut aussi saluer l'audace des auteurs qui ont voulu mixer policier, horreur et SF et ont ainsi pris le risque de faire l'une des choses plus difficiles au cinéma: le mélange des genres. Enfin, le film de Gordon Hessler se distingue par quelques scènes "chocs" qui ne s'oublient pas de sitôt.

En somme, Lâchez les monstres n'est pas un chef-d'oeuvre à recommander au plus grand nombre mais ceux qui aiment le cinéma fantastique anglo-saxon "à l'ancienne" et les curiosités cinématographiques le visionneront avec beaucoup d'intérêt.