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Une bonne surprise made in France


De Arca1943, le 23 septembre 2007 à 05:39
Note du film : 4/6

Faiblesse d'expression dans mon message précédent : « pour éviter les réactions xénophobes… » Xénophobe est un terme trop approximatif. Mais comment appelle-t-on, déjà, les gens qui pratiquent la discrimination contre les zombies ? Qui les détestent, qui ne peuvent pas les encadrer ?Thanatophobes ? Mizombistes ? Vivocentriques ?

Je viens de revoir avec plaisir ce film de zombies français fort inventif à sa façon.


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De Arca1943, le 4 août 2005 à 00:48
Note du film : 4/6

Entre 28 Days Later…, le remake de Night of the Living Dead et le parodique Shaun of the Dead, le marché du film de zombies semble bien encombré. Alors quelle pourrait être la place d'un film de zombies… français? J'en entends déjà qui ricanent.

Pourtant ces Revenants constituent une heureuse surprise, parce que les auteurs ont résolument décidé de traiter le sujet dans une clé différente : comme l'indique bien la fiche, c'est plutôt un récit de science-fiction que de fantastique. On devine qu'ils n'avaient pas un budget à se jeter sur les murs, mais c'est assez bien foutu pour que ça serve leur propos. Le phénomène est mondial, nous apprend-on d'entrée de jeu : et c'est le maire d'une petite commune française qui explique ça dans un discours à ses administrés, où il expose quelles seront les mesures prises conformément aux décisions de l'ONU pour la réinsertion dans la société des "personnes revenues" (hi hi : political correctness). Donc l'action du film se passe dans cette commune, prise comme une sorte d'échantillon de ce qui arrive à l'échelle du globe.

Que se passerait-il si les morts revenaient? D'abord et d'une, ce seraient surtout des vieux, en bonne logique. Ensuite, quoi? Eh bien, ce sont des gens dont nous avions fait notre deuil et tout à coup, ils sont là de nouveau. Par exemple, tu t'es arraché le coeur parce que ta grand-mère était morte et voilà qu'elle n'est plus morte. Elle revient à la maison. Ta femme est morte, tu as fait ton deuil, tu t'es trouvé une autre compagne, et puis hop! ta femme revient…

C'est tout un problème de logistique sociale, aussi. Il faut des dispensaires pour les accueillir à leur sortie du cimetière en attendant l'identification. Il faut autant que possible leur redonner l'emploi qu'ils occupaient avant leur mort. Il faut un peu d'éducation populaire pour éviter les réactions xénophobes, etc.

Le dosage de l'information est A-1. Le problème, avec une prémisse comme le retour des morts, c'est qu'elle ne tient pas debout. Qu'à cela ne tienne, ce sera le plan d'ouverture. Le générique défile tandis qu'on voit une foule de gens sortir des cimetières de leur pas mesuré. Les personnes revenues, apprend-on très graduellement, ne sont pas tout à fait comme nous. Ainsi leur température corporelle est inférieure à la nôtre d'environ cinq degrés. C'est pas la mer à boire, cinq degrés ! Et puis elles sont un peu plus pâles. Bravo aux maquilleurs, qui ont fait dans la subtilité. Et puis, les personnes revenues se meuvent un peu plus lentement. Elles ont des absences. Elles sont résistantes aux infections. Elles aiment errer la nuit. Elles se retrouvent la nuit sur leurs lieux de travail, où elles tiennent de longs conciliabules… Ah, tiens. Bref, les gens qui reviennent ne sont plus comme ils étaient avant de partir. Ainsi les parents du petit Sylvain, six ans, ne retrouvent pas vraiment leur fils. Il est un peu différent, un peu absent; les autres enfants ont peur de lui, à l'école…

Les spectateurs fans d'hémoglobine, de boîtes craniennes qui éclatent et autres joyeusetés des films de zombies courants feraient mieux de rester à la maison. Les autres verront, à travers les circonvolutions d'un récit "impossible", une métaphore sur le deuil et une critique sociale en pointillé qui ne manque pas de sel. Il y a quelques longueurs, quelques redites; mais dans l'ensemble, ça se tient très bien. Le couple Géraldine Pailhas (vivante) et Jonathan Zaccaï (mort), aux réactions desquels le récit en vient à se concentrer de plus en plus, est vraiment très bien, très émouvant même.

Si je parle de ce film, c'est que les auteurs ont eu l'intelligence de prendre les donnés de base d'un sous-genre soi-disant inimaginable dans le cinéma français et de repartir de zéro pour se l'approprier plutôt que de l'imiter et en proposer, somme toute, une version tout à fait originale.


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