C'est un film commercial américain excessivement rare, dans le sens que l'histoire n'a pas grande importance et n'est jamais mise en avant. Les rouages sont discrets et chaque situation ne sert qu'à mettre en valeur le caractère des protagonistes. Il est vrai qu'avec Nicholson dans un rôle taillé sur mesure, mais à la fois plus odieux et plus vulnérable que de coutume, Brooks avait de quoi filmer ! Certaines répliques font mouche : quand on demande à Udall comment il fait pour écrire si bien les personnages féminins, il répond en substance "Je pense à un homme et j'enlève la profondeur et le sens des responsabilités". La façon dont il présente ses deux "amis" ("La serveuse, le pédé") est également d'un grand tact.

Face à lui, fraîche émoulue de Dingue de toi, Helen Hunt est tout aussi délectable et tient tête au monstre, comme Greg Kinnear, qu'on n'a jamais revu aussi bon. Simplement fait, sans fioriture stylistique, As good as it gets est un petit chef-d'oeuvre d'humanisme, de vraie tendresse, une leçon de tolérance sans prêchi-prêcha, dont le seul défaut réside dans quelques séquences surdialoguées, qui finissent par faire décrocher, et un voyage en voiture mal intégré dans le récit, qui déséquilibre un peu l'ensemble. Mais ça ne suffit pas à gâcher le plaisir. Et en plus, le chien est exceptionnel.

Dans de tout petits rôles, on aperçoit Lisa Edelstein (Dr. House) et Julie Benz.

Melvin Udall (Jack Nicholson est un excentrique, un égocentrique et un maniaque. Un misanthrope aigri qui tyrannise et terrorise ses semblables. On a peine à croire que cet homme a gagné sa vie en écrivant des romans d'amour à l'eau de rose.

Pour le pire, certes, mais surtout pour le meilleur. Jack Nicholson, l'homme au sourire diabolique et aux sourcils téméraires lance ses vexations avec une telle grandeur et une telle ironie que le public ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine affection pour Melvin, le anti-héros grognon.