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De bastien, le 16 juin 2004 à 22:16
Note du film : 5/6

Après quatre ans d'absence, Carpenter reviens au cinéma avec cette commande pour Chevy Chase, et c'est elle qui fait l'actualité du cinéaste chez nous en ce moment puisque le film sort enfin en DVD Zone 2 chez warner. L'occasion de redécouvrir ce film qui a méchamment floppé à sa sortie (15 millions de dollars pour 40 de budget). Carpenter succède à Reitman et Donner qui ont tous deux laissé tomber le projet, et pense qu'il y a du potentiel à faire de Chevy Chase un "véritable" acteur. Mais sur le plateau les deux hommes ne s'entendent pas, Chase est producteur du film et impose plusieurs de ses points de vues contradictoires au cinéaste, demandant nottamment à être visible à l'écran dans des passages ou Carpenter aurait voulu qu'on ne le voit pas. Il s'en suit une sorte de concept "Code Quantum", mais il faut bien avouer que par rapport aux autres film sur l'homme invisible, ça donne une petite touche à part assez chouette et originale.

Si Carpenter à plus ou ou moins désavoué le film, ce qui saute aux yeux pourtant c'est sa classe et sa poésie. Rétrospectivement, avec ses expérimentations visuelles dans le domaine du surréalisme, on peut même dire qu'il pré-figure ce qu'il donnera dans dans "L'antre de la Folie" ou "Los Angeles 2013". Ici l'invisibilité est prétexte à plusieurs passages poétiques loin de la violence des effets spéciaux de "Hollow man", mais on a le droit à des scènes incroyables comme ce décor d'un immeuble devenu à moitié invisble. Le caractère humain de ce cette variation du thème met en lumière la difficulté d'être invisble plus que son fantasme, et l'aliénation de l'individu: on a là une métaphore d'un l'homme d'affaire invisible aux autres, son statut d'invisible concret étant presque une "logique".

La mise en abyme individuelle qui suivra dans "L'Antre" est un rapprochement tout comme la désincarnation du décor et des corps dans "LA. 2013", au profit de l'hollographique et de la synthèse. Si on pousse dans cette voie sur le cinéma de Big John dans les années 90, on peut aussi inclure son remake du "Village des damnés". La perte d'identité de l'Amérique, et si c'était le grand thème de ce cinéaste dans cette décénie, cette confrontation à la virtualité et l'effacement de l'image? Dans "Le Village des damnés", Carpenter met véritablement en exergue l'uniformisation. Celà passe déjà par le casting fait de visages fammilièrement ancrés dans la culture de masse: Superman, Luke Sywalker, Kirstie "Allo maman ici bébé". La perte d'humanité et la désagrégation communautaire voilà ce que Carpenter regarde plus franchement que le film de Rilla. Si des films comme "The Thing" ou "Christine" tentait franchement de redonner une nouvelle forme aux mythes du fantastique, la décennie 90 entreprend au contraire quelque chose de plus introspectif et destructurés sur ces derniers ("l'homme invisible" cite ainsi explicitement le classique avec Claude Rains). Une continuation plus posée de ses série B hargneuses et grunge de la fin des années 80, dont la boucle sera bouclée avec "Vampires".

On retrouve dans "les Aventures d'un homme invisible" l'acteur Sam Neill, ici vraiment parfait en méchant, et qui reviendra dans 'L'antre de la Folie", marquant une forme de continuation. Chase au contraire n'est pas un acteur très charismatique qui a ici du mal à sortir de son registre comique, mais incarne à merveille une sorte d'anonymat qui sied parfaitement au personnage. Après il est vrai que l'on a pas l'oeuvre la plus personnelle de Carpenter mais son talent est bien sollicité au sein de scènes de thriller hitchcokiennes très agréablement menés, clairs et aérées. La romance prend aussi une place importante, pas toujours à bon escient même si la relation avec darryl hannah est intéressante. Le film multiplie parfois plusieurs tonalité, ce qui a sans doute été l'une des raisons de son insuccès… Pourtant on a là un divertissement mené à la baguette par quelqu'un qui s'y connait sur le bout des doigts, léger, inventif et dégageant autant une légère mélancolie que le sourire. De tous les films de Carpenter, c'est peut-être celui qui a le plus de grâce.


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