Très pertinente analyse ! Pas grand chose à rajouter .. A sa sortie, ce film a reçu les foudres de la critique bien pensante. Et pourtant, comme le souligne bien Tamatoa, beaucoup de tendresse, juste assez d'émotion sans excès et une étude de l'amitié bien vue et l'air de rien. Bien sûr, d'aucuns prétendront que le tout est un peu léger. Mais la légèreté n'est pas forcément synonyme de médiocrité. Dommage que le masque de la mort sur le visage du grand Noiret nous glace un peu … Mais il n'éfface pas la jolie musique que ce film compose..

Je crois que c'est Victor Hugo qui disait : l'Amitié, c'est comme un compliment : C'est un baiser que l'on envoie à travers le volet fermé…. Et j'entends déjà, derrière mon volet fermé, des voix outrées qui s'élèvent : "-Voilà une bien belle phrase pour nous évoquer un film désuet avec encore Kad Merad, que l'on voit partout et trop, Mathilde Seigner, décidément bien vulgaire en dehors des plateaux et Pascal Elbé dans son éternel registre de chien battu ! Raz le bol !-"

Ne vous y trompez pas…Le sieur Michel Boujenah, alias larmaloeil, a su très intelligemment nous éviter le pathos à deux balles et faire de ce film un hymne émouvant mais digne à la véritable amitié. A première vue, c'est vrai, le tout peut apparaitre comme insignifiant. Mais à y regarder de plus près, façon voyeur, c'est beaucoup moins léger qu'il n' y parait. L'humour est présent, peut-être facile mais fort sympathique. Et puis, l'air de rien, les personnages sont fouillés au plus près. Dans les grandes emmerdes de la vie oû cocufiage, dettes, solitudes et déprimes dansent la valse du diable, je demande les Trois amis. Bonne pioche ! Parce que l'humour est présent quand même, disais-je. Oui. Et malgré tout ! Et dans ce malgré tout là, je vois, j'entends, l'amitié comme elle se doit d'être vécue. Non pas par faiblesse, non pas par pitié, non pas parce qu'il nous faut des amis. Mais comme un amour évident tout en retenue. De celui qui s'impose. Parce que l'autre existe ! Parce qu'il est là ! Parce qu'il n'est pas un prétexte, un déversoir dégueulasse, une éponge qui ramasse et essuie mes conneries. Mais, comme Michel de Montaigne le résumait si bien : "- Parce que c'était lui, parce que c'était moi…"-

Et ce film, loin de ceux qui resteront dans la mémoire du cinéma, nous donnera ce petit coup de poing au coeur, tout le long. Ce petit coup de poing qui fait du bien. Et même si il se transforme en coup d'épée quand apparait le visage de Noiret, mangé par la mort, pour sa dernière prestation avant le ciel, il reprendra vite du service en nous prouvant que, sorti de son rôle éternel de Commissaire Moulin, Yves Rénier sait fort bien jouer la comédie. Les aventures de ces Trois amis sont touchantes, très touchantes parfois. Drôles, très drôles parfois. Tarabiscotées, toujours. Comme la vie. Heureusement que les amis sont là…Ce film, déjà sorti des mémoires, aurait pu être un beau film d'amour. Une belle histoire de fesses. C'est juste une symphonie, un bel hommage mérité à ce qui peut faire changer un monde hostile : La fraternité désinterêssée. Ce film, on peut ne pas daigner se pencher dessus. Ne pas s'arrêter devant. Ne pas même l'envisager en voyant l'affiche. Mais on peut peut-être juste le regarder, comme ça, un soir de rien.. L'amitié est une belle musique. Et cette oeuvrette peut nous apprendre, simplement, quel genre de chef-d'orchestre nous sommes…

Et ce ne sont pas les magiques voix bulgares qui l'accompagnent qui vous diront le contraire…