Période contemporaine féconde pour le cinéma sud-coréen (nous rappelant la prolifération d'oeuvres de qualité du cinéma italien des années 1960) : le cinéma de ce pays est peut-être depuis une quinzaine d'années le plus performant de la planète. L'homme du président (2020), scénarisé, réalisé, et produit par Min-ho Woo raconte les événements qui conduisent à l'assassinat du président Park en 1979, sujet déjà traité par The President's Last Bang (2005). L'homme du président radiographie faits et gestes de l'époque reconstitués sur plusieurs terrains (Corée, France, Etats-Unis). Des séquences ont été tournées place Vendôme et sur les quais de Seine. Les rapports de l'époque entre le pouvoir coréen et l'allié Etats-Unien sont montrés comme ambigus et conflictuels.

La force de ce film réside dans son écriture cinématographique. La musique entremêle plusieurs lignes mélodiques, juxtaposant une ligne grave, produite par des synthétiseurs, avec une ligne traditionnelle composée de notes aigues, ce qui génère une sensation de trouble auprès du spectateur. Comme souvent dans les thrillers politiques, les ambiances sont nocturnes et placent les personnages dans des lieux de conspiration. Les locaux de la KCIA, et de la résidence sécurisée du président sont anxiogènes. La mise en scène orchestre un crescendo, une poussée de tensions, avec des plans séquences saisissants aux trousses de personnages façon Sorogoyen. Les interprètes sont convaincants, même si le directeur Kim est joué par un acteur sans doute trop jeune.