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Critique


De jipi, le 7 novembre 2006 à 10:27
Note du film : 4/6

Maurice Borde (Michel Bouquet) refait soudainement surface après vingt ans d'absence dans l'univers de ses deux fils dont l'un Patrick malchanceux (Stéphane Guillon) est subordonné dans un rôle domestique à l'autre Jean-Luc Gérontologue renommée (Charles Berling).

Le regard de ce père est froid, autun, sans remord, presque diabolique, par un sourire narquois il semble imprenable, au dessus de tout jugement. Son arrogance attire Isa (Natacha Reignier) femme de Jean-Luc bourgeoise intérieurement lassée de toutes ces procédures basiques liées à la réussite de son mari.

Maurice s'amuse en manipulant sournoisement cette famille repositionnée subitement dans un échange verbal consistant. Patrick est pathétique dans ses sketchs sur l'absence du père. Jean Luc retrouve une borne oubliée ou tout s'est arrêté, ses reproches n'entament nullement un homme qui ne voit que lui-même et qui le dit à son fils de la manière la plus horrible

« La nature ne me force pas à t'aimer »

L'affection d'un père plus proche d'un collaborateur africain que de ses propres fils additionnée à une demande d'argent plus ou moins malhonnête rend nauséabond ce climat d'une famille détruite qui au lieu de se recomposer sombre en se fracturant de l'intérieur .

Maurice n'est pas un modèle, Jean-Luc non plus, en se positionnant dans les ingrédients de sa condition (Belle situation, belle femme, belle maîtresse, belle maison, belle voiture avec chauffeur), il a certainement volontairement bypassé la principale lumière d'une réussite : la présence d'un enfant.

Dans une des nombreuses présentations du film de Marcel Carné « Les visiteurs du soir » on peut lire « Le Diable vint sur la terre pour se divertir des humains ». Le personnage de Michel Bouquet me fait penser à Jules Berry impitoyable broyeur de ressources poussant les êtres à s'entretuer.

Le regard presque lubrique de Maurice devant cette famille qui s'effondre est un aveu de la consistante première de ce père sans statut : Le pouvoir de détruire par la force de l'indifférence.

Les rues vides et tristes de Versailles arpentées par Maurice sont l'image d'une désolation, l'absence d'une lucidité de groupe.


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De dumbledore

Les mauvaises langues diront qu'Anne Fontaine ne fait des films que grâce à l'argent de son mari producteur Philippe de Carcassonne. Les moins mauvaises langues diront qu'elle n'est que le portrait parfait de la déviance et de l'errance actuelle du cinéma français sur-financé et sans contact avec la réalité commerciale, donc économique (c'est-à-dire le film dans son rapport avec le public). Elle s'asseyerait alors à la droite d'un Benoit Jacquot, ou (dans une moindre mesure) Olivier Assayas dont les films économiquement viables sont ceux d'un budget inférieur à 3 millions d'euros, et qui réalisent pourtant des films à plus de 6 (voire 13 millions pour Demon Lover).

Ces considérations purement financières mises de côté, qu'en est-il de Comment j'ai tué mon père ? Franchement pas grand chose. Il y a d'abord un côté fondamentalement bourgeois dans ce qu'il a de plus agaçant et qui parcourt tout le film. Anne Fontaine s'en défend, tente même de l'attaquer, mais même ses attaques sont bourgeoises, et du coup tombent dans une certaine hypocrisie, alors qu'elle devrait au contraire assumer ses origines et sa vie. Elle ne pourra pas, dans la même lignée, rivaliser avec un Visconti, mais serait au moins cohérente et surtout débarrassée d'une culpabilité qu'on sent être tout en surface.

Mais le plus agaçant dans Comment j'ai tué mon père ne réside pas dans cette fausse lutte, ce faux thème qu'incarne le père qui tente de réveiller les vraies valeurs médicales et humaines à son fils et qui se perd (sans jeu de mot lacanien) dans un combat qui n'est pas le sujet du film. Non, le plus agaçant, c'est l'arnaque scénaristique qu'il y a derrière, puisque le film qui nous est ici proposé (comment l'arrivée d'un étranger menace de détruire – en séduisant et l'homme, et la femme – un couple bourgeois établi qui n'avait jusque là, apparemment, aucun problème et dont la seule issue sera de tenter de tuer l'étranger), est finalement le même que Nettoyage à sec… Aucune surprise, aucun intérêt dramatique avec des personnages encore plus fermés, encore moins intéressants donc…

Reste la mise en scène et les comédiens ? Déception aussi. D'abord avec un détail qui, une fois remarqué, gâche tout le film. Sous pretexte de rendre la lumière dramatique, les personnages ont TOUT LE TEMPS des reflets de spots dans les yeux. Je suis désolé de vous le dire, mais maintenant que vous savez ça, vous ne pourrez plus apprécier le film. Une fois qu'on le sait, on le remarque tout le temps et c'est insupportable. C'est aussi la preuve d'un manque d'intelligence car la répétition finit toujours par lasser et ruiner les bonnes idées…

Reste-t-il au film la force de ses comédiens ? Charles Berling joue toujours de la même manière, c'est-à-dire seul et sans nuance de jeu. Il y a aussi Natacha Regnier qui se débat dans un rôle vide. Le seul que l'on retiendra, c'est Michel Bouquet qui fait regretter son absence dans la cinématographie française…


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