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Oeuvre fondatrice de la "modernité"


De vincentp, le 1er juin 2014 à 23:40
Note du film : Chef-d'Oeuvre


J'ai plus apprécié ce soir L'avventura que lors de sa première vision, il y a une dizaine d'années. Un des meilleurs films de l'histoire du cinéma, sans aucun doute, démonstration d'art total. Réflexion sur le temps et l'espace, les rapports humains et les classes sociales, abordés par une suite savamment orchestrée d'images et de sons, relatifs aux péripéties ordinaires de personnages sur une ile et ses alentours. Panoramique latéral pour suivre la vague, mouvement éphémère de la nature, terminant son existence sur le rocher, et impactant les pensées du personnage masculin.

Des objets du passé (poteries, vaisseaux en peinture) rappellent l'écoulement du temps, et le caractère mortel d'une civilisation. Traitement des aspects sociaux : l'Italie de cette époque est montrée comme en voie de mutation. Une classe moyenne apparaît dans les faubourgs de la ville, empiétant sur les terres de l'aristocratie. Est-ce un bien ou un mal ? Le paysan simple et sa bicoque sauvent la mise des nantis, suggérant la nécessité d'une concorde sociale. Cette oeuvre fondatrice de la "modernité" est vraiment magnifique : je l'ai savourée seconde par seconde.


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De Citizen Dave, le 22 août 2006 à 19:37

J'avoue ne pas trop apprécier les réconciliations finales orchestrées dans Voyage en Italie (Rossellini) et L'Avventura. Ce qui est impressionnant dans ce film, c'est que les images peuvent demeurer dans le souvenir avec une remarquable netteté et une aura singulière.

La première femme disparaît quelque peu mystérieusement dans un décor particulier, une île minérale constituée de cailloux face aux deux uniformités quasi vierges du ciel et de la mer. C'est une image qui reste avec beaucoup de netteté avec bien d'autres, mais cette image de disparition de l'île a ceci de particulier qu'elle est un groupe d'images qui forment le concept d'image de l'absence.

Le passage dans la ville du sud (j'ai oublié le nom, mais il s'agit d'une ville connue pour son aridité architecturale moderne je crois) qui donne l'impression de néant est immortalisé par le fameux travelling avant de la caméra au fond d'une ruelle étroite. La caméra avançant apparaît comme un regard menaçant dirigé vers le couple qui ne la voit pas, mais qui pressent cette présence. On comprend qu'il s'agit d'une pression dimensionnelle du lieu perçue comme regard et qui renforce l'unité amoureuse naissante de ce couple.

Ce travelling avant cadre d'ailleurs en fond l'image d'une église moderne d'architecture dépuoillée aride, et le couple disparaît en voiture par la perspective d'une petite route qui passe juste derrière l'église. Après cette scène, nous avons une scène d'abandon érotique entre les deux personnages.

D'autres images s'immortalisent dans le souvenir plus facilement que les autres, et notamment une autre où il est question encore d'une église, celle où Monika fait sonner les cloches et où les deux personnages échangent de part et d'autre des cordes qui agitent par communion l'instrument de musique du clocher. Il y a une luminosité et une clarté de la distribution des éléments visuels qui imprègnent la mémoire cinéphilique de façon imparable.

Le souvenir est également soutenu par la claire articulation ralentie de la dramaturgie adoptée par Antonioni. C'est l'évidence quant à la disparition dans l'île, mais il y a déjà une importante scène d'attente de Monika qui attend son amie partie chercher son ami. Or, son amie en profite pour se laisseer aller au plaisirs amoureux égoïstes. Cette scène d'attente s'immortalise également, tout en étant le contrepoint de tout ce qui va suivre, car la haute bourgeoise va créer l'intrigue de se faire attendre dans l'île, mais non plus désirer. L'impression de vide va dès lors affermir le désir entre Monika et l'amo de son amie.

Il est ainsi difficile de ne pas songer à une pesanteur atmosphérique dans les images d'Antonioni. C'est ce qui m'a le plus profondément frappé dans un film que je ne mets tout de même pas en légitime rival d'une perfection absolue comme La Dolce vita, car l'époque avait instauré de mini constats de concurrence entre les deux films.


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