Magnifique mais horrifique diatribe sans concessions sur le racisme ambiant et éternel. Avec un
Daniel Prevost flamboyant de retenue, dans un rôle bien loin de ses pitreries habituelles dont je raffole, étant une fan inconditionnelle du Monsieur.
Olivier Langlois le dirige de façon époustouflante ! Il lui donne le ressenti de ces gens
nés quelque part, qui se forgent des illusions dont ils ne sont pas dupes. Étrange alchimie qui réunit
Julie-Marie Parmentier,
trop jeune éperdue de vie, et ce vieil homme qui est prêt à tout pour vivre encore un peu son âge et ses chimères sans jamais laisser ses phantasmes lui mentir. Il accepte l'invraisemblable, l'impensable pour espérer encore, comme il acceptera la mort pour avoir trop escompté en la philanthropie de la société.
Simenon a encore tapé fort. Je n'ai pas lu le livre mais il est à parier que l'adaptation n'a pas du beaucoup le trahir tant la force de ce téléfilm nous cloue sur place. Tous les comédiens sont sensationnels !
Et surtout
Serge Riaboukine dont la présence est incontestable.
Riaboukine le trop souvent mal employé… Il est dans ce film, le seul être respectable avec
Prevost.
Il est
un flic qui écoute, qui ne condamne pas d'emblée. Un flic qui respecte les Arabes. Et le mahométan
Prévost se confiera à lui presque étonné de trouver en ce représentant de l'ordre un allié imprévu au milieu de tous les sarcasmes, de toutes les attaques dont il est l'objet. Leur duo est de toute beauté. Tout en délicatesse et en gravité. A côté de leur humanité, tous les miasmes de la société qui les entourent paraissent encore plus pourris. Le monde est sale. Tellement dégueulasse. Le flic le sait par expérience. L'Arabe l'accepte par désespoir. Les miasmes s'ébrouent dans leur crasse …
Un film qui nous prend par les tripes, nous emmène dans l'inconcevable sans jamais nous amener à juger . Des espoirs du déraciné à l'abjection d'une société ancrée à jamais, c'est à craindre, dans la honte, Prevost, admirable, nous sert un constat démesuré mais tellement vrai, comme son talent…