Le film me semble avoir été tourné sur le plus exigu des plateaux de je ne sais quel studio, tant les protagonistes ne cessent de passer et de repasser aux mêmes endroits. Le manque de moyens n'est pas grave en soi, pauvreté n'est pas vice, mais il faut, dans ce genre de films proportionner ses ambitions visuelles à ses moyens, se concentrer sur le récit, qui est, là, totalement effiloché et à peu près incompréhensible sauf à placer la totalité de ses péripéties sous l'empire du rêve de la jeune Rosaleen (Sarah Patterson).
Voilà un film que j'aurais pu ne pas regarder…
Un très beau film à revoir en cette période de l'année, bien emmitouflé chez soi quand le vent d'automne ou le froid de l'hiver sévit au dehors… Intéressante variation sur le thème du petit chaperon rouge, jeune fille sortant de l'enfance et s'interrogeant sur la sexualité, symbolisée par le loup ou le loup-garou…
Au delà de cela, toute une réflexion sur la bête qui sommeille en l'homme (ou la femme !) et l'humanité en l'animal… On n'est pas loin des expériences de la magicienne Circé qui changeait les hommes en bêtes (cf. Silvana Mangano dans Ulysse), épisode mythologique proche d'une des histoires racontées dans le film, où l'on voit une villageoise sorcière s'invitant à la noce du marquis qui l'a séduite puis rejetée pour révéler la vraie nature animale des convives.
Angela Lansbury est parfaite en grand-mère étrange égrenant ses contes pour émerveiller ou terrifier sa petite fille avide d'en découvrir plus… et qui ne tardera pas à rencontrer dans la forêt un beau chasseur dont les sourcils se rejoignent… La forêt est d'ailleurs un personnage à part entière du film. Sa reconstitution en studio, dans un esthétisme proche du Legend de Ridley Scott, contribue à l'atmosphère onirique du film. Terence Stamp fait aussi une courte apparition surprise dans le rôle du Diable !
De belles trouvailles scénaristiques et visuelles au service d'une histoire non manichéenne (comme toujours chez Neil Jordan) nous invitant à nous pencher sur nos propres profondeurs, ce "monde d'en bas" d'où surgit, et où retourne la Bête qui vit en nous…
Bien sûr, certains seront rebutés par l'esthétique très "années 80" de l'ensemble. Passez donc votre chemin si vous êtes prisonnier de ces considérations de mode… D'autres emprunteront avec plaisir le sentier au fond des bois pour s'y perdre et y rencontrer cet "autre" si loin si proche…
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