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Essence des contes de fées


De Impétueux, le 24 août 2015 à 18:45
Note du film : 2/6

Eh bien non, mes chers camarades, je n'ai pas marché à cette essence du conte de fées et j'ai même cru me retrouver dans un très long clip de Mylène Farmer mis en scène par Laurent Boutonnat, sans les exubérances dénudées de la chanteuse mais avec l'omniprésence lourde, insidieuse, anglo-saxonne et convenue de la sexualité, notamment de la défloration des filles. Finalement j'aime assez que lesdits contes de fées ressemblent à ce qu'ils demeurent dans mon souvenir de petit garçon, comme c'est le cas dans le Peau d'âne de Jacques Demy, même avec l'arrivée en hélicoptère du Roi bleu (Jean Marais) et de la Fée des Lilas (Delphine Seyrig) devant les gracieux campaniles de Chambord. Au fait, inutile de me signaler que le thème central du conte de Charles Perrault est l'inceste : je le sais bien, mais je n'ai pas besoin de le savoir.

Plutôt qu'essence de contes de fées, j'appellerais plutôt La compagnie des loups un patchwork ou, pire, un pêle-mêle. J'admets qu'on puisse réunir, en les réécrivant, plusieurs histoires fort diverses, quoique courant pour la plupart autour des obsessions mentionnées ci-dessus mais joindre une grosse pincée de Petit chaperon rouge, une grosse pincée de récits de loups-garous, et des nuages de Barbe-bleue, de La Belle et la Bête et du Chat botté (je n'ai pas vu tout ça, mais notre amie Wikipédia fait cette recension), joindre tout ça me fait songer aux trois tiers du Mandarin-Citron, dans Marius : c'est le quatrième tiers, l'eau, qui est le plus fade. Et, à la réflexion, je songe qu'il y a même un cinquième tiers, l'apparition de l'enfant-loup, à la Mogwli du Livre de la jungle ou à la Truffaut de L'enfant sauvage.

Je m'égare. Il y a dans le film de Neil Jordan quelques images assez jolies, comme celles de l'héroïne, vêtue de son châle rouge vif dans la grisaille ambiante. Il y en a d'autres angoissantes, toutes celles, par exemple, où les yeux phosphorescents des bêtes fauves luisent dans la nuit brumeuse. Voilà au fait une bestiole que l'on ne parviendra pas à faire considérer comme anodine et craintive (ou amicale, tant qu'on y est). (Une pensée chaleureuse, pendant que j'y suis, aux bergers de nos montagnes que les ukases de Nos Seigneurs les Écologistes et les adulations de quelques bizarroïdes, comme la pianiste Hélène Grimaud empêchent de défendre à l'escopette les troupeaux de moutons). En revanche les transformations d'hommes en animaux féroces sont à la fois répugnantes et mal fichues.

Le film me semble avoir été tourné sur le plus exigu des plateaux de je ne sais quel studio, tant les protagonistes ne cessent de passer et de repasser aux mêmes endroits. Le manque de moyens n'est pas grave en soi, pauvreté n'est pas vice, mais il faut, dans ce genre de films proportionner ses ambitions visuelles à ses moyens, se concentrer sur le récit, qui est, là, totalement effiloché et à peu près incompréhensible sauf à placer la totalité de ses péripéties sous l'empire du rêve de la jeune Rosaleen (Sarah Patterson).

Voilà un film que j'aurais pu ne pas regarder…


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De DelaNuit, le 1er novembre 2012 à 12:47
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Un très beau film à revoir en cette période de l'année, bien emmitouflé chez soi quand le vent d'automne ou le froid de l'hiver sévit au dehors… Intéressante variation sur le thème du petit chaperon rouge, jeune fille sortant de l'enfance et s'interrogeant sur la sexualité, symbolisée par le loup ou le loup-garou…

Au delà de cela, toute une réflexion sur la bête qui sommeille en l'homme (ou la femme !) et l'humanité en l'animal… On n'est pas loin des expériences de la magicienne Circé qui changeait les hommes en bêtes (cf. Silvana Mangano dans Ulysse), épisode mythologique proche d'une des histoires racontées dans le film, où l'on voit une villageoise sorcière s'invitant à la noce du marquis qui l'a séduite puis rejetée pour révéler la vraie nature animale des convives.

Angela Lansbury est parfaite en grand-mère étrange égrenant ses contes pour émerveiller ou terrifier sa petite fille avide d'en découvrir plus… et qui ne tardera pas à rencontrer dans la forêt un beau chasseur dont les sourcils se rejoignent… La forêt est d'ailleurs un personnage à part entière du film. Sa reconstitution en studio, dans un esthétisme proche du Legend de Ridley Scott, contribue à l'atmosphère onirique du film. Terence Stamp fait aussi une courte apparition surprise dans le rôle du Diable !

De belles trouvailles scénaristiques et visuelles au service d'une histoire non manichéenne (comme toujours chez Neil Jordan) nous invitant à nous pencher sur nos propres profondeurs, ce "monde d'en bas" d'où surgit, et où retourne la Bête qui vit en nous…

Bien sûr, certains seront rebutés par l'esthétique très "années 80" de l'ensemble. Passez donc votre chemin si vous êtes prisonnier de ces considérations de mode… D'autres emprunteront avec plaisir le sentier au fond des bois pour s'y perdre et y rencontrer cet "autre" si loin si proche…


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