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Perfection esthétique


De Nicoco, le 18 juin 2016 à 13:03
Note du film : 5/6

Une plongée fantasmagorique dans l'univers superficiel du mannequinat. La vacuité du sujet est si bien traitée que le réalisateur danois, Nicolas Winding Refn, nous livre là un film creux, à la trame scénaristique d'un vide abyssal.

Après le très réussi Drive et le décevant, Only God Forgives, Refn persiste dans son style très personnel, celui d'un cinéma esthétique, où chaque image, chaque séquence est pensée plan par plan et vise à produire une sorte d'instantané photographique.

Et c'est réussi car le film est esthétiquement une prouesse, les plans s'enchaînent, leur beauté plastique est fascinante. Ainsi à la toute fin, la séquence photo des deux mannequins, devant une piscine bleu azur sur fond d'un océan à l'horizon infini, est d'une beauté vertigineuse.

Et tout ça pour quoi ? Pour rien. Pour la beauté du corps, de vêtements, de la nature? Mais surtout pour l'argent, et tout ce qu'il produit de plus pervers : jalousie, pulsions, coups bas, vengeance. Tel est l'univers du mannequinat. Tel est le sujet du film qui ose même basculer dans une violence insoutenable : ces poupées Barbie, à la vierge beauté, deviennent des êtres sanguinaires capables de tuer et même plus. Sentiment de malaise car les scènes de cannibalisme et de nécrophilie sont elles aussi traitées avec une délicatesse frôlant la perfection esthétique.

Mais là où le film échoue, c'est dans son refus de glisser vers un thriller violent et sombre alors qu'à un moment donné, toutes les portes s'ouvraient pour y introduire une dose d'intrigue policière. Drive avait réussi de cette façon. Mais non, Refn, intransigeant, garde du début à la fin la même ligne de conduite : pas de concession dans le traitement de son sujet au risque de produire là un scénario plat.

Le choix des actrices est très réussi, surtout Elle Fanning, qui incarne à merveille cette jeune mannequin, venue de nulle part, créchant dans un hôtel miteux (belle métaphore que ce lion pénétrant par la fenêtre de sa chambre), et qui va, grâce à sa beauté et son charme irrésistible attirer les projecteurs sur elle, rien que sur elle, suscitant convoitises et jalousies.

Fidèle à lui même Refn apporte un soin particulier à la musique et l'ambiance sonore de son film. Mention spéciale à la chanson qui accompagne l'entrée en boite de nuit au début du film : "Mine" d'une groupe obscur Danois appelé "Sweet Tempest", musique obsédante, au son d'un hardrock électro. Musique de film très électronique donc – ce n'est pas mon style – tantôt sophistiquée tantôt limpide mais allant de pair avec le traitement soigné de l'image.

On ne reprochera pas à Nicolas Winding Refn son originalité, son intransigeance, qui ne laisseront pas indifférent le spectateur. Mais on critiquera davantage et bien volontiers son manque d'épaisseur scénaristique. Car un film est avant tout une histoire qui vaut aussi pour ce qu'elle raconte.

Je mets tout de même 5/6 car disons-le, malgré cette faiblesse, j'ai aimé.


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