Poetry est une oeuvre-phare du cinéma sud-coréen contemporain, réalisée par Lee Chang-dong en 2010, qui a obtenu un modeste prix du scénario au festival de Cannes de l'époque, mais la réputation de cette oeuvre a grandi depuis. Lee Chang-dong est à l'origine un écrivain réputé, venu sur le tard au cinéma (en 1997 à l'âge de 43 ans). Ce n'est pas un virtuose de la caméra façon Park Chan-Wook, sa valeur ajoutée se situe dans sa capacité à raconter avec brio une histoire élaborée portant sur le quotidien des classes moyennes de Corée, en développant et croisant des psychologies et des histoires individuelles. La force de Poetry réside dans son renouvellement et son enrichissement sur une durée de 130 minutes. Pas un moment d'ennui, pas un plan inutile, sur cette longue durée.
Poetry entremêle un réalisme social assez cru, des aspects contemplatifs situés en pleine nature, et une réflexion de type existentielle sur le temps qui passe et les valeurs de société, en y ajoutant une touche poétique. Le personnage du "président", visiblement au parcours professionnel glorieux, victime d'un AVC et handicapé, croise l'héroïne du récit (impeccable Yoon Jeong-hee), dont on découvre à ses côtés qu'elle est atteinte d'Alzeihmer. Fond solide, histoire intéressante, racontée très intelligemment, mais également beauté formelle -photographie, lumières, composition des plans, avec à la clé une musique discrète. Voilà du cinéma peu spectaculaire, mais qui insuffle une émotion véritable à partir d'ingrédients de la vie de tous les jours, et de portée sans conteste universelle.
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