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Archétype du western crépusculaire


De vincentp, le 14 septembre 2013 à 19:14
Note du film : 3/6

Duel dans la sierra est un western réalisé en 1958 par George Sherman. Le scénario accuse certaines limites (les thèmes développés le sont simplement correctement), mais le film n'est pas inintéressant pour autant.

Ce long-métrage a pour intérêt d'avoir été tourné dans des décors naturels du Mexique (à une journée et demi de cheval du Rio Grande nous explique-t-on), essentiellement ruraux (montagnes et plaines). Sherman utilise habilement la profondeur de champ pour intégrer les personnages au sein d'un vaste décor, s'étalant à perte de vue en profondeur et en largeur (aspect magnifié par le cinémascope). Les haciendas en ruine issues de la conquête espagnole, perdues au milieu de la nature verdoyante confèrent à ce Mexique une dimension étrange et sauvage, presque fantomatique, à l'écart du Temps. Les peones y sont portés par un mysticisme religieux plus ou moins inquiétant ou bien versent dans la délinquance et agressent le voyageur, couteau ou arme à feu à la main. Les institutions régulatrices (l'armée, l'administration ou la justice,…) semblent absentes de cette contrée…

Ce territoire semble être un jardin d'éden mystérieux, obéissant à des règles qui lui sont propres, générant une inquiétude sourde pour le voyageur qui s'y aventure (ce récit insiste lourdement sur le fait que les deux aventuriers qui s'y sont risqués avant le héros y ont trouvé la mort). Le héros américain du récit traduit son ressenti en demandant à la jeune femme mexicaine qu'il observe se baigner nue dans la rivière : "vous n'avez pas peur de vous baigner seule et nue dans la rivière ?". Celle-ci lui répond procéder de la sorte depuis toute petite… L'aventurier américain se représente un monde faits de dangers multiples, le Mexicain perçoit au contraire un univers paisible.

Duel dans la sierra contient une série d'éléments visuels et sonores relativement bien pensés et assemblés permettant de constituer une atmosphère, un climat, entourant un intrigue dramatique. Il est sans doute également porteur d'une vision assez caractéristique de la civilisation mexicaine vue par les Américains des États-Unis à la fin des années 1950.

The last of the fast guns date de 1958 et peut être qualifié de western crépusculaire, aux côtés de L'homme de l'ouest par exemple, réalisé la même année. Le titre originel (peut-être), le fait que le héros soit un tueur aux motivations pas très claires (certainement), l'entrée en matière autour d'un cimetière, mais aussi un ciel souvent couvert et menaçant, sont des éléments qui peuvent le rapprocher de cette tendance qui émerge dans le cinéma américain d'alors.


I padroni della città (1976) réalisé par Fernando di Leo appartient au genre dit "Poliziotteschi", qui a connu son heure de gloire en Italie au cours des années de plomb, de la fin des années 1960 au début des années 1980. Un des sommets du genre est incontestablement Milan Calibre 9 (1972) du même Fernando di Leo. Sans surprise, les premières minutes de I padroni della città rassemblent les ingrédients du genre, et on s'attend à un solide film de genre. Et bien, c'est mieux que cela, on retrouve tout simplement la qualité de l'écriture cinématographique de Milan Calibre 9. le réalisateur transcende littéralement le film de gangsters vers une oeuvre puissante, marquante, tirant vers le fantastique par moments (séquence située entre la 67° minute 25 et la 69° minute), avec l'emploi de notes sourdes et syncopées. L'écriture cinématographique conjuguant scénario -mise en scène – photographie – interprétation – musique – décors est de tout premier plan, possiblement impressionnante pour les spectateurs ayant des prédispositions pour cela. A mon sens, on a affaire à un réalisateur de génie. Points forts évidents : le rythme rapide (les courses à pieds magnifiquement filmées), l'humour décalé, et une vision de la société italienne quelque peu nihiliste (remarques sur la lire, la madonne, etc…). L'éditeur Elephant vient de rééditer I padroni della città en blu-ray, copie restaurée. Une des très bonnes initiatives éditoriales de l'année.


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