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Grands thèmes et vastes sujets


De poet75, le 26 septembre 2016 à 21:46
Note du film : 6/6

S'il y en a un qu'on ne peut pas tromper, c'est bien Stanley Crawford (Colin Firth). Les supercheries de soi-disant magiciens, il les connaît toutes, lui qui se produit sur scène en maître illusionniste sous le déguisement d'un chinois nommé pour l'occasion Wei Ling Soo. Et, puisqu'il est lui-même expert en ruses et ficelles et tours de passe-passe de toutes sortes, il se targue de débusquer et de confondre n'importe quel charlatan.
Or, précisément, un de ses amis l'invite à mettre à jour les affabulations d'une jeune Américaine qui se produit en tant que médium sur la French Riviera. Sophie Baker (Emma Stone, délicieuse) prétend, entre autres dons extraordinaires, communiquer avec les défunts, tout en étant courtisée, entre deux séances de divination, par Brice, un fade joueur de ukulélé à la voix de canard.
A priori, rien de tout cela ne saurait troubler Stanley: il a confondu des charlatans bien plus coriaces. Mais, évidemment, rien ne se passe comme prévu et notre incrédule qui se plaît à citer Nietzsche, notre sceptique pour qui seul compte ce qui est rationnel, se trouve fort déstabilisé face au talent et aux dons de la jeune et charmante Sophie. Ses certitudes et son arrogance sont si ébranlées qu'il en viendra même à esquisser une prière…
Illusion, mensonge, nous dit, en fin de compte, le pessimiste joyeux qu'est Woody Allen, mais il le dit avec tant de finesse et tant de classe qu'on en sourit. Et on en sourit d'autant plus qu'il reste, malgré tout, quelque chose de magique et d'irrationnel en ce monde: quand on a dévoilé tous les faux-semblants, ou quand on estime les avoir dévoilés, il reste encore ce curieux sentiment qui naît et grandit dans les coeurs, qu'on nomme du doux nom d'amour, et qui, facétieusement, provoque l'attirance mutuelle de deux êtres que tout devrait opposer. Mais l'amour se moque de la logique et fait fi de la rationalité.
Sous ses apparences de bluette romantique, ce film de Woody Allen aborde de grands thèmes et de vastes sujets, mais il le fait avec tant d'élégance que c'est à peine si on s'en rend compte. C'est tout l'art d'un grand metteur en scène. Quand on aborde des sujets profonds, on peut le faire en donneur de leçons indigeste façon Lars Von Trier ou en professeur distribuant des pensums aux mauvais élèves que nous sommes tous, à la manière d'un Michael Haneke… On peut aussi le faire avec légèreté, l'air de rien, et cela donne les meilleurs films de Woody Allen, dont ce "Magic in the moonlight" fait partie, j'en suis convaincu!


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