Canada, milieu des années 1970. Le capitaine Tony Saitta (Stuart Whitman) mène son enquête la plus éprouvante. Il recherche la trace de l'assassin de sa soeur Louise (Carole Laure). Il suspecte immédiatement l'ancien amant de cette dernière, le docteur Tracer (Martin Landau) d'être le meurtrier…

Alberto De Martino fait partie de ces petits artisans qui, durant les années 1960-1970, ont surfé sur les modes successives du cinéma italien. De Martino a ainsi tourné des peplums, des films gothiques, des westerns spaghettis, des films d'espionnage, des giallis, etc…

Ce Special Magnum de 1976 lorgne sur le succès des polars américains à succès tels que French connection, l'inspecteur Harry ou, comme le titre l'indique, Magnum force. Tony Saitta, flic aux méthodes plus qu'expéditives, évoque explicitement le personnage de Dirty Harry. En revanche, l'enquête qu'il mène s'apparente à un giallo: il s'agit de retrouver le coupable parmi un panel de suspects. Et une scène de meutre à l'arme blanche s'apparente au genre codifié par Bava et Argento.

Special Magnum est un produit soigneusement calibré. La réalisation de Alberto De Martino est professionnelle mais impersonnelle. L'objectif du film est de divertir le spectateur qui, de fait, ne voit pas les 100 minutes passer. Les personnages manquent de profondeur mais cela ne gâche pas le plaisir de retrouver une distribution intéressante: Stuart Whitman, ex jeune premier prometteur des années 1960 qui incarne l'inspecteur hargneux, John Saxon son adjoint, Martin Landau en coupable trop évident pour être vrai, Tisa Farrow dans un rôle d'aveugle qui ressemble à celui de sa soeur Mia dans terreur aveugle et la régionale de l'étape Carole Laure qui est la victime de l'histoire.

Deux éléments éléments précis font sortir Special Magnum de la banalité. D'une part, les scènes d'action impeccablement réglées, notamment une poursuite en voiture de huit minutes dirigée par Remy Julienne. D'autre part, la musique de Armando Trovajoli, compositeur trop peu célébré à qui l'on doit pourtant les bandes originales de Parfum de femme et Nous nous sommes tant aimés.

Special magnum est un polar efficace, plus américain qu'italien, qui ne témoigne d'aucun génie ni d'aucune profondeur, mais qui se regarde avec un plaisir évident.