Durant la seconde guerre mondiale, trois soldats britanniques, John (David Hemmings), Tom (Tom Bell) et Cliff (Tony Beckley) sont coupés de leur unité et campent dans une maison abandonnée au milieu des bois. Ils installent des pièges dans tout le secteur. Un soldat allemand (Alan Dobie) se prend dans l'un d'eux et meurt dans d'atroces souffrances. Un autre Allemand est pris, mais les trois hommes décident de l'épargner. …

Jusqu'à sa récente diffusion sur « Paramount Channel », Un jour parmi tant d'autres, film de guerre britannique de 1968, était tombé dans l'oubli. Il fit pourtant sensation à sa sortie, remportant le premier prix au festival de Saint-Sébastien 1969. Auparavant, il avait été sélectionné au festival de Cannes 1968, celui qui ne put aller à son terme en raison des événements du mois de mai.

Un jour parmi tant d'autres mérite d'être redécouvert en raison de son caractère profondément atypique, et d'être édité dans de bonnes conditions.

Le propos, à savoir une dénonciation de l'absurdité des conflits armés, n'est pourtant pas très original. Mais la façon dont les auteurs expriment cette mise en cause de la guerre, simplement par un réalisme très poussé, tant dans les situations exposées que dans les personnages, ne ressemble pas à ce que l'on a l'habitude de voir au cinéma.

Le film montre trois hommes très entraînés qui ne sont ni des héros ni des patriotes fanatiques. Ce sont juste des soldats animés par la volonté de survivre. Des hommes qui peuvent devenirs des fauves lorsque les circonstances se durcissent.

Les acteurs les incarnant sont parfaits. David Hemmings, pathétique, se distingue en fournissant un composition qui n'a rien à voir avec celle de Blow Up. Ses partenaires sont tout aussi convaincants: Tom Bell en guerrier obsédé par l'art de la guerre, Tony Beckley en jeunot qui ne pense qu'à s'en sortir et Alan Dobie dans le rôle du soldat allemand capturé par les trois Anglais.

Deux caractéristiques montrent l'originalité de Un jour parmi tant d'autres. D'une part, la précision, à ma connaissance jamais vue, avec laquelle les techniques de combat sont décrites. D'autre part, les trois soldats dialogues en voix-off. Comme s'ils pratiquaient la télépathie. La aussi voila une caractéristique assez inédite…

Le réalisateur, Peter Collinson parvient à créer une ambiance automnale et crépusculaire inoubliable qui laisse très vite présager que des drames vont advenir…D'ailleurs, l'ensemble baigne dans une atmosphère de violence et certaines séquences sont assez dures pour l'époque. Le film fut d'ailleurs interdit aux moins de 18 ans, alors qu'aujourd'hui sa brutalité semble anodine. En tous cas, la violence de certaines images rejoint totalement le propos: dénoncer la guerre par le réalisme poussé jusqu'aux limites possibles pour un film de 1968.

Cependant, Un jour parmi tant d'autres est un film d'auteur assez difficile d'accès qui ne plaira pas au plus grand monde.

Le dispositif est très minimaliste : les personnages ne sont que quatre et surtout, il ne se passe pas grand-chose pendant au moins une heure. Les spectateurs qui attendent un film d'action mené tambour battant risquent de s'ennuyer ferme.

En outre, l'absence de lyrisme, d'héroïsme et de sensiblerie peut passer pour de la froideur et désarçonner les cinéphiles habitués aux films de guerre hollywoodiens traditionnels.

Avec son premier film, La nuit des alligators, un thriller lui aussi hors normes, et ce Un jour parmi tant d'autres, Peter Collinson s'affirmait en 1967-1968 comme un auteur extrêmement prometteur, dans la lignée du «free cinema» des Lindsay Anderson, Karel Reisz et autres Tony Richardson.

Hélas, sa filmographie prit un tournant nettement plus commercial dès 1969 et le triomphe de L'or se barre, son film le plus connu. On peut regarder avec plaisir ce dernier titre comme les suivants, mais Peter Collinson ne retrouva plus jamais le tempérament d'auteur que l'on avait aperçu dans ses toutes premières réalisations.