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Un voyage en autobus allégorique !


De vincentp, le 8 août 2008 à 13:45
Note du film : Chef-d'Oeuvre

En apparence La montée au ciel est un petit film, par le budget (des décors en carton pâte font sourire) et la durée (75 minutes). Mais Luis Bunuel, avec un talent incroyable de conteur, réussit -au-delà de toute espérance- à brosser un portrait saisissant du Mexique et de ses habitants, et sans doute de l'humanité.

Ils sont "pauvres, joyeux, et propres" explique un guide touristique en parlant des personnages du récit qui font la fête dans une hacienda, entre deux étapes d'un voyage allégorique en autobus (allégorie matérialisée bien évidemment par le titre de l'œuvre).

Des personnages confrontés tout au long d'un simple déplacement collectif vers la ville voisine aux moments clés d'une existence humaine : la naissance, le mariage, la mort (cruelle et ironique) ; mais aussi aux formes si variées que revêtent les rapports humains : désirs pulsionnels, ou conflits futiles. Bunuel montre, avec dérision et humour, le caractère futile des ambitions politiques ou liées au progrès technologique. C'est par exemple une petite fille, menant deux bœufs, qui réussit à désembourber l'autobus, alors que le tracteur moderne (dont le propriétaire est si fier) finit lui dans les choux. L'idée géniale de Bunuel est de ne montrer l'auteur de cet exploit relatif qu'en toute fin de séquence, ce qui génère une émotion simple… donnant de la consistance aux instants précédents du récit. Des images et des propos badins se transforment ainsi, par le jeu du langage cinématographique, en idées.

Futiles, les ambitions humaines paraissent être le fruit d'une construction mentale d'individus dont l'existence est régie par d'autres lois plus intangibles : le temps qui passe, les désirs qui marquent le moment présent. Des images fulgurantes représentent ces éléments : telle l'image finale montrant l'homme et la femme, côte à côte, confrontés à l'éternité ; telle également la reprise finale et en rêve de la sentence énoncée plus tôt par la jeune fille -"j'ai obtenu ce que je cherchais"-, reprise qui matérialise le désir comme moteur essentiel de l'activité humaine.

Des images et bien d'autres ingrédients (montage, bande sonore…) transforment ce petit film semble-t-il alimentaire de Bunuel en une œuvre cinématographique magistrale, impressionnante par son brio et le caractère universel de son propos.


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