Je crois que ce qui me gêne, c'est le caractère pesamment démonstratif du film, son côté œuvre à thèse ; et ce n'est évidemment pas l'orientation de la thèse défendue qui m'agace. Je tiens depuis longtemps qu'un bon roman, un bon film peuvent argumenter sur tout et n'importe quoi. C'est le talent qui fait la différence et je ne suis pas ami de la censure, d'ailleurs le plus souvent contre-productive. D'autant que le récit des incertitudes qui pèsent sur la culpabilité d'un homme qui encourt la peine de mort n'est pas, en soi, un mauvais combat.
Dans Douze hommes en colère, lorsqu'avec les jurés du procès on entre dans la salle des délibérations, on sait que la peine de mort est évidemment promise au jeune homme qui a tué son père. Mais dès que le Juré n°8 (Fonda, donc) a manifesté ses premiers doutes puis a commencé à saper les faciles certitudes de ses compagnons, on sait que la délibération se terminera à son avantage. À tout le moins, on le sait trop.Dès lors le film – et c'est aussi en cela qu'il est assimilable à une pièce de théâtre – devient une sorte d'exercice de style très adroit, très brillant même à plusieurs reprises, fondé sur la détermination de N°8 et son sens de la manœuvre. Habilement, il ne s'attaque à aucun moment aux personnalités des autres Jurés, même aux plus outrancières, mais il sème le doute et décortique patiemment. Humaniste scrupuleux, il dénote au milieu d'un conglomérat de braves gens réunis par le hasard, bien ennuyés d'être là et qui ne se préoccupent d'en finir le plus vite possible pour se séparer et courir à leurs occupations.
Tout ça est un peu grandiloquent et très verbeux ; mais c'est le propre du genre. De façon plus substantielle et au vu des retournements successifs des opinions des Jurés, c'est un monument de culpabilités accumulées, anglo-saxonnes et protestantes. Repentances et grattage des plaies, finalement. Ce qui est aujourd'hui trop actuel.
Jipi, mon ami ! Tu es le 13ème juré !… Rappelle-toi, néanmoins, et je prends en compte ta remarque, nous sommes confrontés ici à un système anglo-saxon avec, bien évidemment, cet aspect particulier des choses ! – Néanmoins, où je partage ton avis : c'est très dur, je pense, de devoir juger en toute impartialité une personne par rapport à un acte très précis pour lesquels, effectivement, il est des cas extrêmes et où, témoins par l'information, nous formulons des jugements à l'emporte-pièces…
Par rapport à ta conclusion, et j'insiste bien sur les termes, je reviens néanmoins à ce film (excellent) qu'est douze hommes en colère et qui nous ramène aussi à ce cas extrême qu'est le glaive et la balance de notre ami André Cayatte (metteur-en-scène que notre ami Impétueux n'aime pas beaucoup) : comment trouver 2 coupables quand nous avons 3 prévenus (et ici, sans jeu de mot, ils sont prévenus car leur acte ressemble à une combine) et qu'il y a 1 innocent, mais lequel ?…
Bonjour Droudrou
En quelques mots le juré récalcitrant (Henri Fonda) impose un parcours de réflexion à une bande déterminée d'avance à bacler un jugement. Tout le monde rève d'endosser le personnage de Fonda dans la réalité, j'ai une amie qui a fait partie d'un jury, elle a été traumatisée, tu sais certaines affaires sont au dela du sordide et malgré cela il faut avoir la force d'élucubrer une défense même au pire des cas. C'est pour cela que j'aime bien ce film ou un seul homme refuse d'entériner un choix de meute préétabli et se bat pour inverser la tendance, il y réussit en démontrant une certaine fragilité d'esprit récupéré par la démonstration rhétorique. Par contre le prévenu est-il vraiment innocent??? Rien n'est moins sur par rapport à un homme satisfait d'avoir fait triompher ses méthodes en s'éloignant sous la pluie.
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