Un dangereux criminel, José Gomez (Tomas Milian), est arrêté pour le cambriolage d'une banque. Sur le chemin de la prison, José et ses gardes font une halte dans une auberge, dont les patrons ont bien connu José enfant. Ils l'aident alors à s'évader. Cependant, Luke Chilson (Richard Wyler), officier de la police fédérale, recherche José, sa tête étant mise à prix pour 3000 dollars.

Les tueurs de l'Ouest est un western réalisé en 1966 par l'Espagnol Eugenio Martin, artisan capable du meilleur (Terreur dans le Shanghaï-Express) comme du pire (Pancho Villa, Les quatre mercenaires d'El Paso). Par ailleurs, le western italien (ou espagnol comme ici) est un genre qui a donné lieu à une production pléthorique, à savoir "450 films entre 1963 et 1978" selon Wikipedia. Dans ces conditions, il est bien difficile pour le cinéphile curieux de savoir à l'avance s'il va tomber sur une pépite ou un navet, à fortiori quand il s'agit d'un titre méconnu comme Les tueurs de l'Ouest, sorti à la sauvette sur les écrans français en 1969.

Au final, Les tueurs de l'Ouest sort du lot grâce à sa qualité visuelle. La réalisation de Eugenio Martin, bien aidé par son chef-opérateur Enzo Barboni, futur réalisateur de On l'appelle Trinita, surprend par son élagance, malgré quelques zooms inhérents à l'époque et au genre auxquels le film appartient. Les mouvements de caméra et les cadrages sont particulièrement recherchés voire insolites, notamment l'attention portée aux miroirs.

Le propos développé s'avère lui aussi assez subtil. Le bandit Gomez est défendu par les villageois qui prennent fait et cause pour ce petit truand mexicain qui passe pour un opprimé. D'autant plus que le chasseur de primes Chilson est un être froid, calculateur et peu sympathique. Mais peu à peu les habitants s'aperçoivent que Gomez est un personnage indéfendable en raison de sa violence et de sa folie croissantes. Chose assez rare dans le western, c'est une femme (Halina Zalewska), dont le regard émeraude reste durablement en mémoire, qui a un rôle décisif dans cette prise de conscience.

Les tueurs de l'Ouest marque un tournant dans la carrière de l'acteur cubain Tomas Milian puisqu'il s'agit de son premier western après des débuts dans le cinéma d'auteur (Bolognini, Visconti). Après sa prestation flamboyante dans le film de Eugenio Martin, Miliàn est devenu un pilier du genre et a enchaîné les classiques: Colorado, Le dernier face-à-face, Companeros, etc…

Les tueurs de l'Ouest est donc un film intéressant que l'on peut recommander sans peine aux aficionados du cinéma de genre européen des années 1960. Mais ce n'est pas un chef-d'oeuvre en raison d'un scénario qui, aussi intelligent soit-il, manque de péripéties. Ainsi la seconde partie, qui se déroule uniquement dans une grande propriété, se révèle franchement languissante. Les auteurs n'ont donc pas réussi à exploiter pleinement le potentiel prometteur de la situation de départ .

Malgré cette restriction de taille, il convient donc de remercier Artus Films d'avoir luxueusement édité ce film longtemps difficile à voir en France malgré sa bonne réputation.