1955. Une nuit au large des côtes de Virginie. Le jeune Alex (Michal Skolimowski), arrêté par la police, se réfugie sur le bateau-phare Hatteras, commandé par son père, le Capitaine Miller (Klaus Maria Brandauer). Quelques heures plus tard, l'équipage repêche un canot endommagé occupé par trois escrocs en fuite. Les trois criminels prennent vite le contrôle du bateau-phare et y tiennent en otage le capitaine et son fils.

Réalisé en 1985, Le bateau Phare est le premier film américain du cosmopolite Jerzy Skolimowski. Voici un long-métrage prometteur sur le papier: le cinéaste est doué, les deux acteurs principaux sont les grands Robert Duvall et Klaus Maria Brandauer et il s'agit d'un thriller maritime, genre plutôt rare au cinéma car pas facile à réaliser et à financer.

Hélas le résultat est inégal. Certes Skolimowski a réussi à insuffler un aspect décalé typique de sa manière de faire à un film de genre classique du type Les loups de haute mer. A cet égard la bande originale, très ancrée dans les années 80, est d'une efficacité indéniable. On sent une volonté de donner une profondeur au récit, comme en atteste l'importance donnée aux relations entre son père et son fils.

Mais le rythme est trop chaotique pour emporter l'adhésion. Les premières séquences nocturnes sont pleines de mystère et la dernière demi-heure ne manque pas de suspense. Entre les deux, il faut subir de longues scènes de dialogues parfois théâtrales puisqu'en fait c'est à un quasi huis-clos que nous assistons, le bateau-phare étant, par définition, immobile.

L'interprétation est tout aussi déséquilibrée. Si Klaus Maria Brandauer, l'un des grands acteurs des années 1980, est absolument impeccable, Robert Duvall en fait des caisses dans un rôle bien improbable de malfrat en costume trois-pièces et chapeau blanc.

La réalisation, alliée à une très belle photo, est solide mais quelques ralentis superflus gâchent un peu l'excellent travail de l'équipe technique.

Par conséquent, Le bateau-phare est un film tantôt excellent, tantôt ennuyeux. Ce n'est pas une réussite comparable aux meilleurs Skolimowski tels que Deep End ou Travail au noir. Mais peut-etre le réévaluerai-je à l'avenir, en raison notamment de son dernier tiers plutôt réussi.