Avec Amos Kollek, on prend assez vite l’habitude de réduire son cinéma à trois éléments : New-York, Anna Thomson et un univers noir et dépressif. Si avec Fast Food, Fast Women, il ne renonce pas aux deux premiers éléments, il change totalement d’univers. Pour notre plus grand plaisir. Le ton est souvent guilleret, plein de vie et d’ardeur et si la violence de la ville transparaît dans une scène violente (l’actrice principale se fait taper dessus) les conséquences de cette agression seront elles dignes d’un conte de fée.

En fait, Amos Kollek s’essaye ici tout simplement à la comédie romantique. Ou du moins il décide d’en jouer. Pour ce faire, il prend un canevas des plus classiques et qui a fait ses preuves puisqu’il s’agit d’un simple « chassés croisés amoureux », celui de deux couples que l’on suit en parallèle, l’un de 35 ans et l’autre de 65 ans, qui se forment, se défont, se croise pour finalement se retrouver plus sereinement et de manière plus viable.

Classique oui, seulement le ton n’est pas vraiment celui de la comédie romantique. Le responsable en est le couple de 65 ans. Si la problématique du couple de 35 ans est très commune au genre : elle cache ce qu’elle souhaite réellement (se marier, avoir des enfants, etc) pour ne pas lui faire peur, il cache ce qu’il est réellement (un père seul avec des enfants qui cherche une femme à épouser et à aimer), la problématique du couple de 65 est tout autre. Plus désespérée et complexe : comment s’aimer vraiment quand le couple se forme non pas pour construire quelque chose de fantasmatique, mais pour fuir une réalité à double facette, solitude/mort.

Le mélange est étonnant et tout à fait réussi et rien que pour cela le film vaut le détour.

Signalons toutefois une étrangeté habituelle chez Amos Kollek, à savoir Anna Thomson. Si on peut comprendre (et partager) la fascination que cette comédienne peut exercer, il est étonnant de voir un tel refus, un tel aveuglement sur son âge. Une bonne dizaine de fois, elle dit son âge 35 ans, elle est écrite et décrite comme une jeune et jolie jeune femme. Or à cette description là, Anna Thomson ne correspond pas puisqu’elle en a presque dix de plus et fait très nettement ces dix ans…