On aurait bien tort de ne retenir d’Agnès Varda, qui vient de mourir à l’âge respectable de 90 ans que ses films emblématiques. En premier lieu Cléo de 5 à 7 qui réconcilierait presque avec la « Nouvelle vague » les plus farouches partisans de la « Qualité française » et qui relate l’errance inquiète dans la Paris de 1962 d’une jeune chanteuse qui craint d’être infectée par le cancer ; ou « L’une chante et l’autre pas », monument un peu trop didactique en faveur de l’avortement. Ou encore l’énigme de Sans toit ni loi où Sandrine Bonnaire – Mona, fille sans attache et sans séduction, sinon sans charme – parcourt le Languedoc d’hiver pour y mourir comme une pauvre bête dont on ne saura rien.

Il y avait bien d’autres merveilles et la capacité d’Agnès Varda à montrer des quartiers de Paris (L’Opéra Mouffe, Les dites cariatides, le magnifique Daguerréotypes ou à parler des gens qui l’intéressaient et qu’elle croquait comme personne (Les glaneurs et la glaneuse) ou encore évoquer le compagnon de sa vie, Jacques Demy (Les demoiselles ont eu 25 ans, Jacquot de Nantes). Ses films politiques (Loin du Vietnam, Salut les Cubains, Black Panthers) datent beaucoup mais sont un témoignage éclairant sur ce qui furent des illusions, parfois folles.

Mais elle avait au plus haut point l’empathie avec ceux qu’elle croisait, au hasard de ses pérégrinations dans la rue Daguerre et ses environs… Impétueux