Une édition du film "Le Témoin à abattre" (La Polizia incrimina la legge assolve – 1973) vraiment déplorable de la part de Studio Canal. Pour le Blu-Ray, il manque une dizaine de minutes au film. La fin de ce long métrage a été écourtée ! Hormis le fait qu'il n'y a pas de version française, il n'y a même pas également la version originale italienne, mais uniquement la version anglaise!

Pour la VOST, il faudra se contenter du dvd… Question tout de même: qui supervise la collection "Make My Day" chez Studio Canal?

La collection "make my day", supervisée par Jean-Baptiste Thoret, a le mérite d'avoir rendu accessibles des films rares du catalogue Studiocanal. La plupart des publications sont à saluer.

Car en découvrant le film récemment je me suis dis que la fin était pour le moins abrupte. Et j'ai découvert que les dix dernières minutes sont absentes de cette édition Studiocanal…Ce qui est pour le moins gênant…

C'est dommage car Le temoin à abattre, sorti en 1973, est un "néo-polar" italien musclé et énergique. Un des meilleurs films de l'inégal Castellari, servi par la forte présence de Franco Nero.

Comme la plupart des polars transalpins de cette époque-la, le tableau dressé de l'Italie est très sombre. Celui d'un pays corrompu dans lequel la mafia peut aisément prospérer.

Comme la plupart des polars transalpins de cette époque-la, le film, bien que lorgnant sur un succès américain, en l'occurrence French Connection, auquel il emprunte Fernando Rey, parvient à trouver sa propre identité grâce notamment à la liberté de ton typique du cinéma européen des années 1970.

Le neo-polar fut l'un des meilleurs genres du cinéma italien. L'édition des meilleurs titres du genre, bien que trop tardive, est une bonne nouvelle. Encore faut-il les présenter dans leur intégralité.

Dans un autre registre de films moins connus , j’ai beaucoup apprécié cette conférence de Federico Rossin (il a supervisé la sortie DVD en France de Diario di un maestro de Vittorio de Seta) sur le sujet du cinéma politique italien: https://www.youtube.com/watch?v=xXnNXchJF4U&t=5s

Parmi les films abordés lors de sa conférence, beaucoup relèvent de cette « liberté de ton typique du cinéma européen des années 1970 » :

Todo modo d’ Elio Petri , Seduto alla sua destra de Valerio Zurlini , Un Uomo a metà de Vittorio de Seta, Fuoco! de Gian Vittorio Baldi, Partner de Bernardo Bertolucci, Il Seme dell'uomo de Marco Ferreri, La sequenza del fiore di carta de Pier Paolo Pasolini, et d'autres encore…

Une vraie découverte, pour moi, pour certains titres.

La fin tronquée est inadmissible, mais le problème me semble plus vaste que cela. Le film n'est pas convaincant, du début à la fin. Il y a tout pour faire un bon film, mais il manque aussi un peu de tout. Les dialogues sont souvent grotesques, et la mise en scène tape à l'oeil tourne à vide. Une déception.