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Sujet : Quelle idée saugrenue de la part de Spielberg !


De droudrou, le 3 janvier 2022 à 19:29
Note du film : 5/6

J'ai profité de ces jours de fête pour revoir la version de Robert Wise et Jérôme Robbins. bien sûr je me suis questionné quant à l'utilité pour Spielberg d'en faire un remake et surtout après en avoir vu quelques extraits lors des infos télé ou même sur Google Autant j'ai aimé Natalie Wood dans le rôle de Maria après avoir vu et entendu Rachel Zegler dans le même rôle (quelles différences) je me suis posé la question de savoir si Rachel Zegler chantant to night n'était constipée… et si le reste de la troupe n'avait été choisi chez des anorexiques… et quels manques de charisme !…


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De DelaNuit, le 9 janvier 2022 à 16:07
Note du film : 5/6

Pourquoi un remake de West Side Story ? J’avoue que ces remakes de films à succès ont tendance à m’agacer, a fortiori quand le premier film est considéré comme un chef d’œuvre du septième art et tient sa place dans le cœur des cinéphiles. Je sais bien que ces nouvelles versions au style plus actuel permettent à de nouvelles générations, hélas majoritairement incapables de s’intéresser à des œuvres antérieures à leur venue au monde, d’accéder à des histoires qui sinon leur demeureraient étrangères… mais j’y vois la plupart du temps une démarche mercantile pour profiter de l’aura de l’œuvre précédente sans rien y ajouter, et la plupart du temps avec moins de talent.

Telle n’est sans doute pas la motivation de Steven Spielberg qui n’a jamais manqué d’imagination et n’a pas besoin de cela. On pourra arguer aussi que ce deuxième film n’est pas simplement un remake du premier mais une nouvelle adaptation du spectacle musical créé sur scène en 1957, et régulièrement joué de par le monde. Spielberg n’a jamais caché son intérêt pour cette histoire et son rêve de l’adapter lui-même un jour. On sait qu’entre deux blockbusters lestés d’extra-terrestres ou de dinosaures qui rapportent, il tient à faire œuvre d’humanisme et de mémoire avec des films tels que La liste de Schindler.

On comprend bien la résonnance du scénario de West Side Story, avec son Roméo et Juliette sur fond de guerre des gangs, de racisme et de misère sociale, avec l’Amérique actuelle, particulièrement agitée par ces questions. Et là, Spielberg insiste avec encore plus de force sur la violence réciproque, le racisme anti-latinos, et sur cette misère qui conduit ces laissés pour compte du rêve américain à se replier sur des communautés ethniques ou d’intérêt et se castagner pour un bout de territoire (qui, quelle ironie dans cette nouvelle version, va de toute façon bientôt leur échapper à coups de pelleteuses après expropriation pour donner le jour à de nouveaux immeubles de standing).

Au passage, bien dans l’air du temps, il en rajoute une louche sur les violences faites aux femmes en faisant molester Anita par les Jets à la limite du viol, et fait de la gamine « garçon manqué » du premier opus une jeune lesbienne rejetée par tous mais finalement utile et acceptée (je ne doute pas que ce nouveau « politiquement correct » qualifié de « bien-pensance » suscitera son habituel lot de condescendance). Rita Moreno, ex-Anita du film de 1961, reprend du service, tel un pont entre les deux films, dans le rôle d’une épicière d’origine portoricaine bien intégrée, patronne de Tony, essayant d’aider ces jeunes à la dérive. C’est elle qui reprend avec émotion la chanson « Somewhere » initialement interprétée par Tony et Maria. On notera d’ailleurs que les acteurs sont ici les interprètes de leurs chansons, ce qui n’était pas le cas pour tous dans la version précédente. J'ai trouvé les acteurs bien à leur place dans leur rôle, et la nouvelle Anita Ariana DeBose charismatique.

En termes de spectacle, on peut compter sur Spielberg pour en mettre plein la vue. La reconstitution des années cinquante est somptueuse, et plus d’un numéro musical se déroule dans de nouveaux décors : en pleine rue pour « America », dans une salle d’audience pour « Gee Officer Krupke », dans une église pour « One Hand, One Heart », un magasin pour « I Feel Pretty », au bord du fleuve pour « Cool »… Les mouvements comme les costumes et l’environnement se veulent globalement plus réalistes. On a beaucoup insisté dans la presse sur le fait que les personnages de Portoricains étaient de vrais « Latinos » à la différence du film de 1961. Pourtant, à l’exception de Natalie Wood, on ne peut pas dire que Rita Moreno, George Chakiris et leur bande n'avaient pas le physique de leur rôle… Spielberg a visiblement choisi des visages plus « typés ». Et parfois, il n’hésite pas à enfoncer le clou encore plus fort, craignant qu’on ne comprenne pas bien, comme dans la scène du bal où les participants d’origine européenne sont en bleu et les portoricains en rouge ! Symbolisme bien appuyé.

Si les bons sentiments, les couchers de soleil ou le physique du héros rappellent bien des précédents films de Spielberg, je n’ai pu m’empêcher de penser en voyant ce film à l’intérêt du réalisateur maintes fois exprimé pour le conte de Peter Pan, auquel il se réfère régulièrement dans son œuvre (et pas seulement dans Hook). Le capitaine des Jets (Mike Faist) a tout à fait le visage et l’allure d’un Peter Pan réaliste ayant mal tourné, assumant sa volonté de ne pas grandir (puisque sans avenir) et menant sa bande de « garçons perdus » dont les sauts dansés valent bien les envolées du conte. (après tout, son interprète précédent Russ Tamblyn avait été le héros des Aventures de Tom Pouce !) Loin du pays imaginaire, dit « Neverland », mais coincés dans leur réalité sordide du West Side, ces garçons perdus désenchantés se heurtent aux Portoricains, à défaut de pirates… Cette référence permet de resituer dans toute sa cohérence ce nouveau West Side Story dans la filmographie de son réalisateur.


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De droudrou, le 10 janvier 2022 à 09:17
Note du film : 5/6

et fait de la gamine « garçon manqué » du premier opus une jeune lesbienne rejetée par tous mais finalement utile et acceptée (je ne doute pas que ce nouveau « politiquement correct » qualifié de « bien-pensance » suscitera son habituel lot de condescendance)

Anybody Laurent !

pour ma part je me pose la question de savoir si j'irai oui ou non voir le film et crois bien que je m'en tiendrai à mon idée première afin de ne pas me pourrir ma séance à la vue des spectateurs : acheter le DVD quand il sera disponible et utilisant toutes les ressources de mon home-cinéma comparer les deux versions et voir si j'ai raison ou non quant à mes a priori ! Mon désir (pas secret) après Spielberg j'attends impatiemment que Ridley Scott nous sorte à l'ombre du Capitole sa vision de West Side Story ce qui me permettra de mourir en paix…


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De Impétueux, le 18 janvier 2022 à 19:33
Note du film : 4/6

Comme tous ceux qui ont reçu en 1961 un des chocs de leur éveil au cinéma en découvrant le West side story de Robert Wise, j'ai été interloqué et même légèrement agacé lorsque j'ai appris que l'estimable Steven Spielberg avait entrepris d'en tourner un remake. Et que cette reprise soit – paraît-il -plus conforme à la comédie musicale créée à Broadway en 1957, plus respectueux de sa composition ne me semblait pas un argument bien pertinent, parce que cette fidélité plus ou moins scrupuleuse est absolument sans importance.

Scepticisme et une petite nuance d'irritation même. Ce qu'on ressent devant ce qui paraît être un iconoclasme inutile. Puis, au fil des lectures de critiques ou de conversations avec des gens à qui je reconnais du goût, une sorte de petite musique qui frissonne dans l'air et qui prend du ton : on me dit que le film de Spielberg est honnête. Il n'est même pas mal du tout.

Autant aller le voir, dans ces conditions. On sait que personne n'aura touché à la merveilleuse musique de Leonard Bernstein, on se doute que les chorégraphies ne trahiront pas trop l'inspiration de Jérôme Robbins, que le récit conservera sa splendeur mélodramatique et que cet excellent metteur en scène de Steven Spielberg nous enverra en plein dans les yeux un spectacle de qualité, nous surprendra même agréablement ici et là ; d'autant que, depuis 1961 les techniques cinématographiques ont connu de substantiels progrès et que les caméras vont pouvoir s'en donner à cœur joie dans une histoire où le mouvement a une si grande importance.

On a pourtant une petite crainte sur la distribution ; peut-être infondée, mais… On sait bien que ni Richard Beymer (Tony), ni Russ Tamblyn (Riff) n'ont laissé grande trace dans l'histoire du cinéma, mais on conserve bien solidement en tête les silhouettes et les visages de George Chakiris (Bernardo) et surtout de Rita Moreno (Anita). Et enfin comment trouver une Maria plus gracieuse que Natalie Wood ? On sait bien les autres acteurs, les utilités, les seconds rôles, les arrière-plans seront à la hauteur (les Étasuniens savent faire ça), mais l'essentiel ce sont les cinq personnages principaux. Les nouveaux vont-ils être suffisants ?

En 1961, tout le monde avait été bluffé par l'arrivée de haut vol sur New-York et la caméra qui s'insinuait de plus en plus près du terrain où Jets et Sharks allaient commencer à s'affronter. En 2021, le souffle est un peu moins fort : on découvre un quartier déchiqueté par la rénovation urbaine ; on sent d'emblée que le discours va être un peu plus politique. C'est d'ailleurs un peu insidieux et tellement conforme au politiquement correct d'aujourd'hui ! Sans doute Jets et Sharks présentaient, dans le film de jadis, une forte identité ; mais – j'exagère à dessein – c'était un peu comme les bagarres homériques entre Longevernes et Velrans dans La guerre des boutons ; Dans le film de Spielberg, c'est un drame racial, empli de haine entre deux bandes irréconciliables… sauf à la fin où, au mépris de toute vraisemblance, les deux camps portent gravement le corps assassiné du pauvre Toni.

Mêmement le rôle joué par la jeune lesbienne, complaisamment mise en évidence, qui ne rêve rien mieux que d'être incorporée virilement dans les rangs des Jets ; quarante ans après elle prendrait la physionomie rebutante d'une Alice Coffin vouée à la haine du mâle et à l'exaltation de sa singularité.

C'est tout de même dommage qu'un aussi grand cinéaste que Spielberg se laisse avoir par les billevesées vertueuses du moment ; ça navre un peu son propos. Propos au demeurant bien troussé, bien filmé, agréable à suivre.

Je m'interroge : que doivent penser à partir de ce film les jeunes spectateurs qui n'ont pas connu la grâce d'admirer le film de Robert Wise ? Je n'en ai aucune idée. Si je tente de m'abstraire de la fascination historique, il me semble que j'apprécierais ce West side story là comme une de ces belles mécaniques étasuniennes qui en jettent plein la vue ; les acteurs y sont absolument interchangeables et leurs noms, d'ailleurs, s'oublieront au fil des saisons.

Finalement, le plus grand défaut du film, – qui n'en compte pas beaucoup – est d'exister. L'inutilité comme programme.


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De Taranos, le 26 janvier 2022 à 21:04
Note du film : 4/6

J'ai toujours horreur des reprises, et si je suis allé voir le film de Spielberg, c'est parce que même sur un forum d'opéra, j'ai trouvé des critiques plutôt positives. J'étais quand même méfiant.

Le film, rien à dire de spécial, on ne s'ennuie, pas même si on connais l'histoire (ce n'était pas le cas en 1961). C'est plus violent, mais ça doit être l'époque. Le zoom depuis le ciel du générique de 1961 est remplacé par un zoom arrière sur les cailloux d'un chantier, c'est tout de suite plus triste. Doc l'épicier est remplacé par une épicière (Rita Moreno, ay! les ravages du temps!), bon. À mon gout Tony est plutôt mieux que Richard Beymer qui ne m'avais jamais plu, Chino a un peu plus de consistance que l'ancien. Mais qui nous fera oublier Nathalie Wood et surtout le couple Chakiris-Moreno. Ah! les yeux d'Anita!

Les chorégraphies sont plutôt réussies, mais je les ai trouvées un peu répétitives et surtout, après soixante ans, ce n'est plus tellement novateur.

Alors pourquoi refaire presque à l'identique un film qui a été un succès absolu. Les seules explications que je trouve sont l'argent (forcément beaucoup de boomers, comme on dit, auront la même démarche que moi, beaucoup de jeunes iront parce qu'ils auront entendu leurs parents en parler), mais Spielberg ne doit pas en avoir besoin. Ou alors les pellicules on trop vieilli pour être rafraîchies.

Mais enfin, ayant vu le film une bonne dizaine de fois, connaissant les moindres répliques, les moindres mimiques, la couleur des robes ou la mèche de certains loubards, j'ai passé mes deux heures et demi de film à comparer. Ce n'est pas le meilleur état d'esprit pour apprécier un film.

Le délit de plagiat n'existe pas au cinéma?


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De droudrou, le 16 octobre 2022 à 16:48
Note du film : 5/6

Je viens de découvrir la version de Spielberg en DVD – dans la mesure où elle ne dénature pas la version de 1961 je lui donne d'abord une note de 5.

Après vision je trouverais que la version Spielberg complète bien la version première et qu'elle l'enrichirait par le remontage réalisé par Spieberg ! Aujourd'hui j'ajouterai qu'il n'est pas inutile de connaître les 2 versions sachant que le personnage de Chino trouve une certaine profondeur dans cette nouvelle vision tandis que d'autres s'effaceraient un peu plus sans nuire au côté dramatique de l'histoire.

les dernières images du film de Spielberg sont privées de l'éclat dramatique du gyrophare de la version numéro 1 même si on aurait l'impression d'un oubli corrigé à la dernière minute apparaissent deux véhicules de police.J'ai également trouvé intéressante cette revisitation du personnage de Doc par Rita Moreno.

Lugubre, dans la version de 1961 j'aimais beaucoup l'éclat de lumière sur le couteau de Riff avec lequel Tony tuera Bernardo (rappelant le même éclat qui frappe les roues du char grec de Messala dans BEN-HUR) quelles scènes à vous faire frissonner.

Donc aucun regret il faut voir le film.(J'ai eu très peur de ce remake.


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De droudrou, le 27 novembre 2022 à 07:28
Note du film : 5/6

vu hier soir le film pour la seconde fois! accoutumance  ? je ne saurais le dire mais j'ai aimé le travail honnête réalisé par Spielberg vis-à-vis de l’œuvre originale et ai beaucoup plus apprécié les personnages de Tony et Maria sans oublier Valentina ! à propos de Rita Moreno (Valentina) que de changements depuis ses premières apparitions dans "Chantons sous la pluie" ou "Le Jardin du Diable" et j'en oublie certainement beaucoup d'autres. Donc sans toutefois être un chef d’œuvre du cinéma ce film s'avère intéressant et à ne pas négliger.


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