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Sujet : Truffaut en patrimoine


De Pigeon Lane, le 10 mai 2003 à 13:26

C'est drôle, malgré le consensus qui fait que Truffaut est unanimement considéré comme faisant partie du patrimoine, j'ai du mal à lui trouver du génie. A part "La nuit américaine", parfaitement rond et réussi de bout en bout, je trouve ses films inégaux, moyennement interprétés, bourrés de maladresses, de petites facilités. Il y a un ton, c'est évident, mais de là à en faire un maître du 7ème Art…


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De Gaulhenrix, le 10 mai 2003 à 17:34

Je partage tes réticences, même si j'apprécie beaucoup la série des Doinel. Truffaut, comme Chabrol, a raté certains films. Et il faut bien reconnaître que "La Sirène du Mississipi" ne convainc pas vraiment et que le film sombre dans le ridicule avec la scène finale. Je cite de mémoire la phrase de Belmondo à Deneuve (ou l'inverse): "Aimer, ça fait mal",lui dit-il, alors qu'empoisonné par elle, il se tord de douleur! Etonnant, n'est-ce pas ?


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De Jarriq, le 10 mai 2003 à 18:04

Etant d'une nature plutôt insolente, je ne pense pas que Truffaut aurait aimé devenir "Saint François", cité à tout de bout de champ par ses collaborateurs, dont chaque phrase est gravée dans le marbre, auquel tout le monde se réfère. En fait, je pense qu'il a été fauché en plein vol et qu'il n'avait pas encore livré son chef-d'oeuvre.


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De léa, le 20 mai 2004 à 23:21
Note du film : 6/6

Contrairement à vous, je considère François Truffaut comme un véritable génie, et "La sirène du Mississippi", entre autres, le prouve. Ce film est une adaptation du roman de William Irish, mais on ne peut s'empêcher de penser à "Manon Lescaut" de l'abbé Prévost! Ce roman a déjà été adapté par Henri-Georges Clouzot en 1949 (chef d'oeuvre) puis par Jean Aurel (échec)en 1968: je pense que François Truffaut a adapté indirectement Manon Lescaut. Il ne pouvait le faire explicitement puisque ça avait été fait un an auparavant. Pourtant il reprend tous les invariants du mythe littéraire de Manon Lescaut, et la scène finale que vous déplorez, est justement une magnifique scène où enfin Manon ne meurt pas, c'est une scène qui montre l'interprétation originale du roman de Prévost et qui permet, encore une fois, de faire revivre le mythe de Manon. J'ai trouvé cette adaptation cinématographique très habile, très subtile, lui seul est arrivé à ce résultat (le roman de Prévost est très difficile à adapter au cinéma, car beaucoup d'actions et les personnages sont très difficiles à cerner, ils sont très ambivalents, et il y a eu une douzaine de films sur Manon Lescaut). Truffaut est un maître du cinéma, capable de faire des choses très différentes, il savait prendre des risques comme pour "la peau douce", qui soit dit en passant, est un film merveilleux.


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De Frydman Charles, le 27 avril 2010 à 10:04

Le film laisse le spectateur sur sa fin et ne répond pas à plusieurs questions, notamment sur les circonstance exactes de la mort de la vraie Julie Roussel. Truffaut grand admirateur de Balzac, fait un clin d'œil à l'écrivain , lorsque Mahé se sentant mourir empoisonné lit " la peau de chagrin".


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De DelaNuit, le 28 avril 2010 à 15:33
Note du film : 5/6

J'ai revu La sirène du Mississipi récemment, et Catherine Deneuve finit par avouer ce qui est arrivé à la vraie Julie Roussel : après que son amant et elle l'ont rencontrée sur le bateau et lui ont soutiré les informations dont ils avaient besoin, celui-ci a tué et jeté à la mer la jeune femme devenue encombrante…

On ne reste donc pas sur sa faim sur ce point. On peut le rester en revanche pour ce qui concerne la fin de l'histoire et le sort des deux amants criminels traqués par la police Deneuve-Belmondo, disparaissant dans la neige en quête d'un hypothétique passage pour la Suisse.

Ceci dit, vu que les dernières répliques du film sont les mythiques échanges sur la beauté de Deneuve considérée à la fois comme une joie et une souffrance, dialogue repris dans Le dernier métro puis dans 8 femmes, on peut aussi considérer que le film est avant tout une parabole pour décrire et expliquer la double nature de l'amour, et que la démonstration ayant été faite, il n'est pas nécessaire de suivre les personnages plus loin. Ils auront leur avenir, inconnu et incertain… comme tout un chacun.

Sur les références, le film en est truffé. "La peau de chagrin" bien sûr, que lit Belmondo au moment même ou sa propre vie se réduit dans un piège similaire, mais aussi la bande dessinée représentant Blanche Neige croquant la pomme lorsqu'il comprend que sa maîtresse l'a empoisonné, ou la sortie des deux amants traqués au cinéma pour voir Johnny Guitare… ce qui renvoie leur cavale aux cavales des hors-la-loi de l'ouest mythique…

Beaucoup de références à Hitchcock aussi, bien sûr, puisque Truffaut l'adorait : Marnie au début lorsque Deneuve craint le noir comme Marnie le rouge, ou Soupçons à propos de l'empoisonnement…


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De Frydman Charles, le 5 mai 2010 à 17:42

Effectivement , j'ai revu les extraits. Lorsque Marion Bergamo (la fausse Julie Roussel) explique à Mahé qu'elle a soutiré des informations sur lui à Julie avant de la jeter à l'eau avec l'aide de Richard, son amant et complice. Et lorsque vers la fin Mahé lit une BD de Blanche Neige en bas d'un journal au pied de son lit…Si la fin du film se place dans un paysage de Blanche neige on ne reste donc pas tout à fait sur sa faim…


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De Impétueux, le 12 octobre 2020 à 21:48
Note du film : 2/6

Allons, soyons francs, soyons lucides et ne nous racontons pas d'histoires : si La sirène du Mississippi n'avait pas été réalisée par François Truffaut, dans quelle catégorie infamante aux yeux de la critique et des médias du Camp du Bien (rangeons là Le Monde, Télérama, Les inrockuptibles et une palanquée d'autres, moins notoires) le film serait-il rangé ? Cette sorte de récit aussi tordu que torturé pouvait faire jadis le miel et le lait des cinéastes du Samedi soir, coutumiers des histoires un peu noires, à tonalités policières mais en aucun cas entrer dans les cases révérées par la Nouvelle vague.

Il est vrai qu'à partir du moment où il a dynamité les films de la Qualité française avec Les quatre cents coups et acquis une stature – au demeurant tout à fait justifiée – Truffaut, ayant évincé ses concurrents, s'est coulé dans leurs sillons avec la volupté de ceux qui sont inébranlables et qui, quoi qu'ils fassent – ou commettent – recevront – au mieux – les dithyrambes, – au pire – les explications justificatrices et un peu gênées de la doxa. Il y a des gens, comme ça, qui sont et demeurent intouchables et forcément intouchés.

En tout cas si le film se laisse voir, grâce à la complication (pourtant niaise et sirupeuse) du scénario, il ne fait que frétiller à ras de terre. De temps en temps on se demande pourtant comment le réalisateur est parvenu à rendre mauvais comme des cochons deux des plus grands acteurs du dernier siècle, Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo qui, presque à tout moment, jouent de façon décalée, fausse et souvent ridicule. Au demeurant le seul personnage qui soit convaincant dans le film, c'est le détective privé Comolli (Michel Bouquet) qui, lui, incarne vraiment son rôle. Mais les deux autres jouent leurs rôles vraisemblablement les plus pitoyables, en qui, malgré de rares exceptions, ils ne croient jamais.

François Truffaut avait déjà adapté au cinéma un autre roman de Cornell Woolrich (William Irish), qui est aussi un de ses films les plus médiocres, La mariée était en en noir. Disons qu'il n'avait pas la main heureuse avec cet auteur de romans noirs. Comme il ne me viendrait pas à l'idée d'en lire une ligne, je ne sais pas si les livres de cet Étasunien sont, ou non, de meilleure qualité. Si les adaptations en ont été fidèles, on peut se dire que son propos est bien compliqué ; d'ailleurs il y a des gens qui aiment ça ; et ce n'est pas un amateur des grands feuilletons horrifiques des siècles derniers qui va vous dire le contraire.

Mais enfin, si on ne s'enquiquine pas, on est tout de même un peu stupéfait devant la nouillerie de Louis Mahé (Belmondo), prospère industriel de la Réunion, qui n'est pas disgracié par le physique ni la fortune et a besoin de faire appel à de petites annonces pour se trouver une fiancée ; par sa nigauderie de voir débarquer Marion Vergano, une jeune femme (Catherine Deneuve) qui prétend être une certaine Julie Roussel et qu'il ne reconnaît pas mais qu'il aime d'emblée ; par sa stupidité de lui donner l'accès à son compte bancaire ; par l'invraisemblance qui fait que la banque peut, sans se demander rien d'autre, remettre à l'aventurière près de 28 millions de Francs sans barguigner ; par le hasard inimaginable qui fait que la télévision régionale filme complaisamment Marion, devenue entraîneuse, lors de l'inauguration d'une boîte de nuit, et par l'heureux hasard qui permet à Louis Mahé, à cette occasion, de retrouver l'infidèle.

On pourrait multiplier par dix ces incohérences ; à dire vrai, ce ne sont pas choses les plus graves et, lorsqu'on aime le cinéma, on accepte bien souvent de se laisser embarquer dans un navire qui ondoie sur des flots qui n'ont pas de rapports avec la réalité ; sans cela il n'y aurait ni Alexandre Dumas, ni Jules Verne, ni Maurice Leblanc ; ni Monte-Cristo, ni Capitaine Nemo, ni Arsène Lupin. Mais je sens que je m'égare, une nouvelle fois agacé par un film regardé à nouveau sans déplaisir. Seulement c'est que Truffaut est installé sur un piédestal, et qu'il a fait tout pour faire choir de leur sellette Yves Allégret ou Christian-Jaque ; et qu'il n'a jamais avoué que c'était seulement pour prendre leur place.


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