De l'avis général dans la presse U.S., ce film marque le grand retour de la très craquante Virginia Madsen, sulfureuse héroïne de "Hot spot" et "Candyman", ainsi que du méconnu "Blue tiger", dont la carrière fut étonnamment décevante. Welcome back !
J'ai adoré Sideways ! J'avais déjà apprécié L'Arriviste du même réalisateur, qui sous des faux airs de comédie teenager était en fait très fin, mais là, c'est un film rare, une sorte de road-movie comique.
Les deux acteurs masculins, quoique peu connus, sont très bien choisis : Paul Giamatti ressemble comme deux gouttes d'eau au loser hyperstressé de There's Something about Mary (Chris Elliott), et Thomas Haden Church a des faux airs de Schwarzenegger jeune, ce qui colle très bien au rôle ! C'est un peu l'enterrement de vie de garçon de Conan…
La réalisation est sans failles (on remarquera un travelling avec saut temporel jour/nuit simultané intéressant), et l'interprétation des quatre acteurs principaux vaut le détour. Donc, si le côté "route des vins en Californie" est tout ce qui vous rebute, dites-vous bien que peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse !
Mais il y a aussi ici une analyse très fine et très drôle de la psychologie d'individus en quête de repères, aux portes de la quarantaine, partagés entre espoirs et désillusions inhérents à cette classe d'âge. Et puis le très doué Alexander Payne et ses collaborateurs se moquent délicieusement de l'american way of life, des valeurs conservatrices, en en montrant leurs limites et ambiguïtés. Le tout exprimé par une mise en scène, photo, musique, interprétation,…, impeccables et de grande qualité.
Dommage que de telles comédies soient si rares dans le cinéma américain actuel, Sideways et Little Miss Sunshine représentent une scène cinématographique alternative d'une qualité supérieure aux comédies hollywoodiennes habituelles.
La critique sociale est subtile, les personnages sont abordés avec sincérité, les situations burlesques, pathétiques, hilarantes et touchantes gagnent en profondeur et crédibilité grâce à des acteurs impeccables et un dosage humoristique idéal.
Dans Sideways, par exemple, quand Paul Giamatti boit son "Cheval Blanc" dans un gobelet de fast-food, l'interprétation de ce geste symbolique devient riche de sens en nous renseignant de manière complice sur l'état émotionnel confus du personnage.
Mais, en repensant à toutes ces excellentes scènes de dégustation, l'envie d'ouvrir une bonne bouteille me taquine alors à la votre et bonnes fêtes !
Donc Jack (Thomas Haden Church), un de ces acteurs ringards à physique avantageux qui peuplent les spots publicitaires et les séries de troisième zone va se marier avec Christine (Alysia Reiner), dont le père est un opulent entrepreneur d'origine arménienne qui va l'associer à ses affaires et lui assurer la prospérité matérielle. Et Miles (Paul Giamatti), le meilleur ami de Jack, connu à l'Université. Miles est un insignifiant garçon, professeur de lycée qui rêve de voir publié le considérable roman qu'il écrit depuis plusieurs années, mais qui ne se fait pas trop d'illusions sur ses chances.
Miles attend, d'un jour à l'autre la réponse d'un éditeur, qui sera sans doute sa dernière chance. Jack n'a plus que huit jours avant de passer sous les fourches de l'hyménée. Les deux vieux potes décident donc de s'octroyer une semaine de déconnage, une semaine cruciale. Le prétexte, le fil conducteur, sera l'initiation de Jack par Miles aux beautés du vin. Autant aller découvrir les merveilles de la Napa Valley où foisonnent les exploitations et les caves de dégustation. Mais Miles, déprimé parce qu'il a été quitté par Victoria (Jessica Hecht) deux ans auparavant, parce qu'il n'a pas beaucoup de talent littéraire, parce qu'il se laisse trop souvent aller à boire trop n'a pas d'autre raison d'être que d'oublier sa déprime ; alors que Jack, qui ressemble un peu à Schwarzenegger ne rêve que de brûler au maximum la chandelle par les deux bouts avant d'entrer dans un inévitable hyménée, qui ne le séduit pas tant que ça. La qualité de Sideways repose sur un scénario qui n'a rien de banal ; on connaît certes bien les périples de deux hommes dans une bagnole, mais là ce n'est ni Tandem, ni Le fanfaron ; il y a quelque chose de frais et de triste, de séduisant et de malencontreux dans les aventures de ces paumés attachants qui rencontrent de jolies filles qui jouent à être heureuses, mais qui espèrent tellement autre chose que ce qu'elles ont, Stéphanie donc, qui possède une si belle cave, et la solaire Maya (Virginia Madsen), qui est délicate, délicieuse, belle comme tout.Le film se termine comme il doit se terminer : sur l'évidence. Jack, malgré qu'il en ait, épousera Christine, sans enthousiasme, mais sans regret et Miles renoncera au rêve fou de séduire Victoria, reprenant le chemin qui le mène vers Maya.
C'est un joli film, gris et rose, drôle et triste. Miles ne sera pas publié. Et alors ?
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