Pour leur premier long-métrage, les frères Taviani signent un film âpre, austère, une sorte de fable cruelle sur la condition humaine. On y trouve déjà le thème de l'individu face au groupe.

La mise en scène est simple, efficace et sans détour. Souvent les protagonistes sont filmés seuls au centre de l'image, et parlent presque dans le vide. En face, des groupes d'homme, qui parlent tous en même temps, qui dansent et chantent des sortes de rituels guerriers. Au milieu de tout cela le personnage de Gian Maria Volonté, qui nous offre une de ses compositions les plus sobres, est toujours isolé, toujours au centre de l'image, comme s'il ne pouvait jamais espérer aucune aide extérieure.

Les scènes violentes sont filmées de très loin, on devine à peine ce qui s'y passe, ce qui force à la réflexion sur les raisons profondes de la violence en général. Dans cette histoire, la violence est seulement la réponse à une simple pulsion animale. Et puis la vie continue, sans se préoccuper des interrogations humaines, la vie dans sa plus parfaite et calme sauvagerie, comme s'il elle ne se nourrissait que d'elle-même.

La musique, signée Vittorio Gelmetti, rythme cette histoire comme un personnage à part entière, par des accords stridents, qui nous amènent peu à peu, mais sans aucun doute possible, à la tragédie finale. Comme dans Allonsanfan, elle est la représentation du destin que rien ne peut arrêter.

Gian Maria Volonté porte sur lui le thème de l'humaniste qui sera broyé sans hésitation. Comme si l'humanisme n'était qu'une idée sans réalité, qui n'a en tout cas pas sa place dans la société des hommes. Véritable miroir négatif de ce que nous sommes, ce film vaut surtout pour la réflexion qu'il nous oblige à faire sur la condition humaine. Sur nos responsabilités individuelles face au monde que nous bâtissons jour après jour. Sans aucun doute un film difficile, mais un film à découvrir absolument.

Un film sombre apocalyptique, complexe, passionnant.

Très belle envolée, qui me donne envie de voir ce Taviani avec Volontè et la Bosè. Je me permets cependant de signaler que Sous le signe du scorpion n'est pas le premier long-métrage des frères Taviani. Le premier, c'est Un Homme à brûler – toujours avec Volontè, co-réalisé avec Valentino Orsini.

Austère, accès difficile voire impossible aujourd'hui. Le cinéma d'auteur avec tous ses défauts possibles.