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Forum : La Chute de l'empire romain

Sujet : Un sommet mésestimé du péplum


De verdun, le 28 octobre 2005 à 12:03
Note du film : 6/6

Quand La chute de l'empire romain est sorti en 1964, la presse s'est déchaînée et le film reçut, notamment en France,un accueil auquel même le pire film de Max Pécas n'eut pas droit. Par ailleurs, le film fut un échec financier sévère (car souvent histoire européenne + reconstitution réaliste= bides aux Etats-Unis). Il entraîna la fin du péplum et même la chute du système des studios.

Pourtant quand on le regarde quarante ans plus tard, on se rend compte que ce film éreinté-on se demande d'ailleurs pourquoi- est sans doute,pour reprendre l'expression du Larousse des films "le plus beau et le plus intelligent des péplums américains" jamais réalisé. Aujourd'hui le film a été réhabilité mais pourquoi lui préfère t-on l'indigeste BEN HUR de William Wyler ? En tous cas, contrairement à la légende, la fin de carrière d'Anthony Mann n'est absolument pas à placer sous le signe du déclin:LE CID et ce film sont deux des plus belles fresques historiques du 7° art.

Déjà le scénario est d'une grande intelligence et fait un parallèle avec la situation politique de l'époque: un grand empire (l'URSS) pas forcément en forme sur le plan intérieur et qui veut calmer le jeu dans ses relations avec ses voisins "satellites"qui sont susceptibles de l'entraîner vers une perte inéluctable.Le film a une portée philosophique,grâce aussi au personnage de Marc Aurèle, et humaniste indéniable:dans quel blockbuster actuel trouverait-on cela aujourd'hui ?

La mise en scène est remarquable: le sens de l'espace est impressionnant de même que celui sur les éclairages sombres,comme ils se doivent dans ce film crépusculaire, sur les mouvements de caméra qui saisissent avec art le forum romain:ainsi nous nous promenons dans des décors qui sont peut-être les plus beaux de l'histoire du cinéma. Montage et photo sont de premier ordre.

Le rythme faiblit rarement et les morceaux de bravoure sont "légion": combats contre les barbares dans les forêts, séquence impressionnante des funérailles de Marc-Aurèle où les personnages affrontent la neige (séquence très bien décrite par Martin Scorsese dans son documentaire sur le cinéma américain), bataille en Arménie et combat final dans une arène formée par les boucliers des légionnaires.

Les acteurs sont à 1-2 exceptions prêt, formidables: Christopher Plummer fait un Commode bien plus nuancé que celui de Joaquin Phoenix dans GLADIATOR de Ridley Scott. Alec Guinness casse la baraque en Marc Aurèle donc et James Mason de même dans le rôle de son conseiller philosophe grec. Mais on peut regretter le fait qu'après ce film Mason n'ait eu que des seconds rôles à se mettre sous la dent.LE problème du film, c'est vraiment l'histoire d'amour entre le falot Stephen Boyd et Sophia Loren qui fait très concession hollywoodienne et les deux comédiens sont très en deçà des autres mais cette love story est assez mal écrite aussi et ils n'ont donc pas grand chose à défendre.

Un défaut majeur encore: la musique de Dimitri Tiomkin pompière et anodine.

Par conséquent, cette "chute",plus rythmée et rigoureuse surtout que d'autres films plus connus du genre (SPARTACUS, BEN HUR,CLEOPATRE) est un péplum adulte qui pousse le genre vers un grand souci de vérité mérite l'estime des cinéphiles. Si Gladiator, qui reprend beaucoup d'éléments de la "chute", est un bon spectacle on ne peut pas en dire autant de Troie ou consorts qui nous font regretter ce temps où le cinéma savait être populaire ET intelligent à la fois.


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De droudrou, le 16 septembre 2006 à 18:19
Note du film : 3/6

Verdun : si tu enlèves la course débile entre Christopher Plummer et Stephen Boyd dans la première partie du film et si tu supprimes une grosse part de l'intrigue Sophia Loren/Stephen Boyd, je dirai que ce n'est pas mal. Mais, pour ma part, je préfère nettement "Le Cid" du même metteur en scène dans ces types de réalisation. Ce que je pense, c'est que, lorsqu'historiquement on aborde "La Chute de l'Empire Romain", trop de choses, trop d'évènements prévalent à cette chute et que pour les traiter ce film est nettement insuffisant.

Ca ne veut nullement dire que je considère "Gladiator" supérieur. En revanche, je pense qu'il y a tout une suite de peplum (je crois bien que d'après les déclinaisons, peplum serait du 3ème groupe, donc le pluriel serait "pepla") s'apparenteraient à cette série d'évènements et l'expliqueraient d'autant mieux.

Mais, de façon certaine, "La chute de l'Empire Romain" avait commencé bien avant Marc-Aurèle. L'évènement s'est traîné sur près d'un demi-millénaire…


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De DelaNuit, le 28 août 2007 à 16:36
Note du film : 6/6

Dernier des grands films épiques hollywoodiens ayant trait à l'Antiquité produits au début des années 60, à la suite du Spartacus de Kubrick et du Cléopâtre de Mankiewicz, il est surprenant que cette oeuvre crépusculaire remarquable ne soit pas plus connue, et il est temps de la réhabiliter, d'autant qu'elle est facilement disponible en dvd.

Ce qui saute aux yeux en premier lieu, c'est la somptuosité de la reconstitution historique, qui ne doit rien aux actuelles prouesses du numérique mais à la réalisation de décors grandeur nature dont la vision coupe le souffle (évidemment davantage au cinéma que sur petit écran…). Il s'agit d'abord d'une place forte romaine érigée sur une colline aux frontières du Danube et de la forêt germanique, et surtout d'une reconstitution du forum de Rome avec rues, places et temples, lesquelles à aucun moment ne sentent le carton pâte. Dans ces décors évoluent des centaines de figurants à pied ou à cheval contribuant à la crédibilité de l'ensemble. Le dit forum, reconstitué dans une plaine d'Espagne, fut d'ailleurs ouvert aux visites du public pendant des années. Le soin apporté aux intérieurs, dans tous leurs détails, et la subtilité des éclairage laissent également rêveur (Ah, ce plan filmé d'en haut nous montrant Sophia Loren dormant au dessus d'une mosaïque dans une pièce circulaire dont le centre est un visage de gorgone…). Quand bien même le film serait un navet, ces seules images mériteraient le détour.

Dans cet écrin évolue une brochette d'acteurs savoureux :

Alec Guiness est l'empereur philosophe Marc-Aurèle, dans un rôle à mi-chemin entre son incarnation du prince Faycal dans Lawrence d'Arabie et du chevalier jedi vieillissant Obi-Wan Kenobi dans La guerre des étoiles. Ses premières répliques annoncent un souci du fond tout autant que de la forme : "Quand j'étais jeune, j'appréhendais déjà que survienne une nuit qui n'aurait pas de fin. Ma vie se fut alors écoulée dans une obscurité totale. Etait-ce là un avertissement des dieux ? On dit que les hommes qui vont mourir préfèrent attendre ce moment où la nuit disparaît, semblant murmurer : Viens, suis-moi dans ma course vers le couchant… Que pourrait t'apporter un nouveau jour ?"

Dans le rôle de son héritier le futur empereur Commode, Christopher Plummer exprime avec désinvolture le malaise et la folie avec subtilité : "J'ai enfin compris les raisons de cette épidémie. Il y avait la famine, trop de bouches à nourrir… Alors les dieux ont fermé quelques bouches…"

La magnifique Sophia Loren prête sa grande beauté à la fille de l'empereur, Antonia Lucilla, tantôt discrète et effacée, humble vestale respectueuse des traditions et de l'autorité ("O divine Vesta, mère de Rome, veille sur la santé de mon père, écarte les dangers qui chaque jour menacent l'empire…"), puis exaltée et rebelle : "Je suis dans le complot  ! Nous allons fonder une deuxième Rome en Orient ! Je m'efforce de prévenir le désastre dans lequel mon frère va nous précipiter !"

Son amant le héros Livius (Stephen Boyd, ex Messala de Ben-Hur) est quelque peu dépassé par les événements : "Créer un second empire ? Mais Antonia, ce serait le chaos ! je me demande si tu m'as jamais aimé…" (réponse de la belle : "Ce n'est que par amour que j'ai eu tant d'audace…") Le personnage a certes moins de charisme qu'un Charlton Heston, mais son interprête est tout à fait crédible en soldat romain.

Enfin, James Mason campe un philosophe grec pacifique très touchant, prônant la fraternité entre les peuples devant une grande adversité : "Soldats romains écoutez moi : ne touchez pas à ces hommes, ils sont devenus vos frères ! Les nations du nord verseraient des fleuves de sang romain pour les venger ! Ne pouvons-nous déposer nos armes et nous efforcer de vivre en paix ? En paix !…" Hélas…

Et puis… Mel Ferrer en devin aveugle, Omar Sharif en roi d'Arménie, Anthony Quayle en gladiateur, John Ireland en chef de tribu barbare…

Bref, ce film, dont le début du scénario inspira le Gladiator de Ridley Scott, est à mon sens plus intéressant que ce dernier, dans la mesure où il fait s'entrecroiser les destinées d'un nombre plus important de personnages, et ne se focalise pas sur le destin d'un homme à travers des scènes redondantes de jeux du cirque, mais pose des questions à la fois historiques et éternelles, et toujours d'actualité, telles l'effondrement des empires (militaires, politiques, économiques) ou l'intégration des étrangers…

Pourtant, La chute de l'empire romain n'est pas exempte de faiblesses… Le personnage principal de Livius manque de charisme, le film souffre de quelques longueurs, les dialogues très littéraires ont détourné beaucoup d'amateurs d'actions (zut, il faut écouter et réfléchir !), alors que la forme épique a détourné les "dits" intellectuels… Le film peina ainsi à trouver son public et à rembourser son budget colossal. Il fut l'une des dernières productions du mégalo Samuel Bronston qui avait installé ses studios en Espagne et dont les précédents films avaient plutôt bien marché (Le Cid, Les 55 jours de Pékin, Le Roi des Rois).

Mais il s'agit tout de même d'une réalisation d'Anthony Man ! Et les scènes cultes se succèdent pour le pur bonheur des cinéphiles : les légions romaines progressant dans les sous-bois de Germanie dans une lumière irréelle, Sophia Loren ouvrant en grand les battants de la fenètre sur le froid de l'hiver après l'expiration de l'empereur dans un geste exutoire et pour laisser son âme s'envoler, la procession du corps de ce dernier sous la neige vers le bûcher funéraire sous les murmures rythmés scandés par l'armée des soldats réunis, le défilé des troupes sur le forum de Rome, et la progression dramatique finale, de la scène des Saturnales (le peuple en effervescence s'oubliant dans la fête à travers les rues de Rome) au dernier règlement de comptes, filmé avec une maîtrise de la caméra et des mouvements de foule, le tout avec une profondeur de champ qui laisse rêveur… Tout cela relève du grand art.

Et tant pis si le scénario prend des libertés avec l'Histoire puisqu'il s'agit avant tout de l'évocation d'une période à travers des événements et des personnages symboliques…

Enfin, quelle trouvaille que ces scènes où les personnages se parlent à eux même dans les moments clés, leur voix pensée (légèrement différente) répondant à leur voix parlée… Ainsi, Marc-Aurèle invoquant avant de mourir le "silencieux nocher qui lui fera traverser sur sa barque le fleuve des ombres", ou Sophia Loren debout sur le balcon impérial surplombant l'orgie de ses concitoyens : "O dieux ! Notre empire va disparaître ! Pourquoi le tonnerre ne gronde-t-il pas ? Pourquoi les étoiles ne s'écrasent-elles pas sur la terre ? Peuple de Rome, garde toi, la mort est dans l'air ! On t'a dérobé tes trésors les plus précieux, ta fierté, ton prestige, ton honneur ! Ils ne voient rien, ils n'entendent rien ! Seuls les chacals qui guettent dans l'ombre, seuls les vautours qui tournoient dans le ciel noir savent ce qui se prépare… Pleurez… Pleurez la terre de vos ancêtres !"

Citons encore la fabuleuse partition de Dimitri Tiomkin, dont les orgues sonnent la chute de Rome… Le compositeur qui osa mettre en musique par des effets syncopés et bondissants le rire des dieux !


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De droudrou, le 29 août 2007 à 15:40
Note du film : 3/6

A part le fait que Simon reprend le personnage de Pierre Dac dans Allez France et continue la lutte… je pense que l'intervention de Laurent est intéressante à propos de ce film qui, peut-être, a été mésestimé à sa sortie.

Ce qui est intéressant, en fait, ce sont ces phrases issues du film qui nous sont rapportées et qui nous aident à situer ou les personnages ou le contexte de l'époque. S'il faut établir une comparaison avec Gladiator, celle-ci n'est pas évidente. En ce qui me concerne, j'aurai tendance à dire que Gladiator est mieux construit que "La Chute de l'Empire Romain". Il y a un cadre quand dans le film de Mann, il y a une succession de scènes, où les scènes de bravoure si bien dirigée soient elles viennent casser le rythme du film ou pourraient se trouver ailleurs.

Au niveau des personnages, je me suis posé la question de savoir ce que James Mason était venu foutre dans le film. Je me suis posé la même question à propos de Christopher Plummer. Le personnage que lui et Joachim Phenix interprêtent se situerait assez à un point moyen qui, historiquement parlant, pourrait être plus juste. L'un serait trop vieux pour le rôle tandis que l'autre serait un peu jeune.

Quant à Stephen Boyd, au moins j'applaudirai Samuel Bronston qui lui a permis d'avoir sa revanche par rapport à Ben-Hur et sa course de chars… Mais, son personnage me paraît bien ambigu et les derniers moments du film ne l'arrangent pas beaucoup : son but unique est de sauver son aimée quand autour d'elle les autres crâment ! Sophia Loren avait été décriée à propos de son interprétation dans El Cid du même Mann et du même Bronston. Que n'avait-elle besoin de venir dorer un peu plus son aura dans de tels films ? Aïda est bien loin et ses capacités dramatiques se sont heureusement exprimées ailleurs…

Ce qui serait intéressant à analyser, mais alors là peut-être faudrait-il compulser les ouvrages de Patrick Brion, c'est le film dans la filmographie d'Anthony Mann. Est-il en concordance ou représente-t'il une déviation de sa carrière et qu'en est-il au regard de ce genre particulier qu'est le peplum par rapport à des gens aussi impliqués dans le western ? Si j'y accordais une importance moyenne précédemment, c'est vrai que c'est assez amusant de voir qui s'est immiscé dans le peplum et, par la même occasion, resituer les titres des films…


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De Impétueux, le 21 octobre 2007 à 09:59
Note du film : 3/6

Loin de moi l'idée de reprocher à DelaNuit son plaidoyer dense et argumenté qui m'a incité à acquérir le DVD, le regarder hier soir (après la Finale !) et à me retrouver très déçu. Je suis assez grand garçon pour ne reprocher qu'à moi-même les erreurs que je commets.

Car DelaNuit précise bien aussi les défauts du film, et j'aurais dû y faire plus attention (je peux donc le chipoter sur la note qu'il donne : 6, pour une œuvre dont il dit que le personnage manque de charisme, qu'il y a des longueurs, etc., 6, c'est beaucoup). Mais je partage beaucoup de ses commentaires : la grande réussite des décors, l'ampleur des mouvements de foule, la qualité de certains personnages – en premier lieu Timonides (James Mason), dense et intelligent.

Je suis aussi de son avis sur la qualité du premier tiers du film : les bastions de Rome des images initiales, face à la forêt barbare, sentinelles avancées de la Civilisation, sont impressionnants, la couleur gris-bleu, à peine éclairée par quelques torches et un pâle soleil de Septentrion pose très intelligemment le décor. La course de chars entre Livius (Stephen Boyd) et Commode (Christopher Plummer) est peut-être encore plus spectaculaire que celle de Ben Hur, ce qui n'est pas peu dire. Et l'enterrement de l'Empereur et bien d'autres séquences…

Mais c'est tout de même très théâtral et très verbeux : le défilé des rois, gouverneurs et procurateurs des provinces romaines devant Marc-Aurèle (Alec Guinness) est assez ridicule et m'a fait penser à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques modernes, chaque délégation se présentant derrière son drapeau ; l'intrigue amoureuse est insupportable (il est vrai que je n'apprécie pas beaucoup Sophia Loren qui est toujours trop maquillée et hiératique dans ces grosses machines, et que Stephen Boyd est extrêmement niais, voire bêta (savoureuse annotation de Droudrou sur ce fil : il se casse alors que les Barbares crament).

Et puis, je trouve, enfin et surtout, qu'il n'y a pas la moindre réflexion historique sur ce qu'a été la véritable catastrophe de la vraie fin de l'Empire romain d'Occident (la partie orientale survivant jusqu'à 1453, ne l'oublions jamais !) ; il y a là, vertueuse et limitée, une sorte d'assimilation à ce qu'a pu être l'histoire étasunienne, mais aucune préoccupation réelle sur ce qu'il advient aux Empires lorsqu'ils grossissent exagérément, tentant d'amalgamer des traditions et coutumes trop diverses pour être jamais assimilées et fondues dans un même creuset. Il y avait mieux à dire, si la production – ou l'angélisme étasunien – n'avait pas imposé l'anecdotique, c'est-à-dire la veulerie de Commode, aux constantes de l'histoire du Monde.

Film trop long, bien trop long pour la minceur de son propos…


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De droudrou, le 21 octobre 2007 à 13:05
Note du film : 3/6

Film trop long, bien trop long pour la minceur de son propos…

Bien d'accord avec vous ! Et bien d'accord avec votre remarque quant à la durée de cette fameuse période qui a suivi la fin de l'Empire Romain et que nul, jusqu'à présent, a cherché réellement à replacer dans tout ses contextes par trop nombreux. Si un épisode par-ci, par-là pour simplement émoustiller le public mais jamais dans ce que globalement cette période représente.

La Chute de l'Empire Romain n'est pas ce qui nous est montré à l'écran.


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De DelaNuit, le 21 octobre 2007 à 18:17
Note du film : 6/6

Et pourtant… Ainsi que le précise la voix off au début du film, la chute de Rome est due à une multitude de causes et s'étend sur plusieurs siècles. "Certaines nations n'ont pas eu une vie aussi longue que la chute de Rome".

Ainsi, pour présenter efficacement ce sujet, il aurait fallu non pas un film mais une série. Les scénaristes de celui-ci ont préféré nous parler de la chute de l'Empire romain de façon symbolique, plus que réaliste, ce qui permet d'aborder la question en un film.

Et alors : Stephen Boyd manque de charisme ? Certes, sinon, il ne laisserait pas le trône de l'Empire lui passer sous le nez, à la mort de Marc-Aurèle, puis à la mort de Commode. Il n'y croit pas. Il n'y croit plus. En cela, il symbolise l'esprit du Romain de l'époque, empêtré entre sa bonne volonté et sa fatigue à maintenir uni un Empire trop grand. On ne va pas le reprocher au personnage, puisque c'est le sujet du film !

Sophia Loren est trop hiératique ? Elle aussi, figée dans sa posture de romaine patricienne vertueuse, est incapable de réagir efficacement. cela correspond parfaitement au sujet.

Le film est trop long, trop verbeux ? Question de goût. Un film sur l'Antiquité ne doit pas forcément être un film d'action. Il peut aussi prendre son temps. Et si on est habitué aux écrivains de l'époque, les dialogues sonnent juste. Soyons reconnaissants aux scénaristes de ne pas les avoir transformés à la sauce américaine, comme ce serait le cas aujourd'hui.

N'empêche, ce film n'est-il pas à ce jour le film le plus intéressant sur la Rome antique ? Car si on fait le tour du sujet, que trouve-t'on ?

Quelles que soient leurs qualités, les productions du type Quo Vadis ?, La tunique, Demetrius et les gladiateurs, Ben Hur, Barrabas, ne parlent de l'Empire romain que comme décor afin de vanter lexpansion du Christianisme, et abusent d'un parti-pris contre les méchants romains cruels, dépravés et païens. Cléopâtre se centre surtout sur la vie de la reine d'Egypte. Spartacus est tout entier centré sur la question spécifique de la révolte des esclaves et montre assez peu la vie romaine. Quant au plus récent Gladiator, dont le début du scénario s'inspire beaucoup de cette Chute de l'Empire romain, il se focalise vite sur les jeux du cirque sans la moindre réflexion historique.

Alors… remis dans le contexte des autres films sur le sujet, La Chute de l'empire romain ne peut que sortir du lot…


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De droudrou, le 21 octobre 2007 à 19:30
Note du film : 3/6

A tout un chacun et pour répondre au dernier message de Laurent :

Il existe un excellent site (belge) réservé au peplum et aux empereurs romains et qui est régulièrement incrémenté. Il y est donc beaucoup question de cinéma et les gens qui s'en occupent sont très sympa. Sur votre moteur de recherche vous tapez "peplum" et il vous sera indiqué…

Laurent : pour Stephen Boydd, la production ne pouvait pas faire autrement que lui permettre de gagner la course de chars. Il avait perdu celle de Ben-Hur et il semble que malgré mes efforts pour regarder annuellement le film et l'encourager, ce soit bien peine perdue. Il n'avait pas été retenu pour incarner Marc-Antoine dans "Cléopâtre". De désespoir, il est allé se perdre dans le corps humain en compagnie de Raquel Welsh !


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De Impétueux, le 21 octobre 2007 à 20:44
Note du film : 3/6

DelaNuit, je ne dis pas que l'extraordinaire grandeur de ce que fut Rome, cet Âge d'Or dont on évoquait plusieurs siècles après encore les merveilles, cette empreinte ineffaçable laissée à la Civilisation n'est pas – maladroitement à mes yeux  – évoquée dans La chute de l'Empire romain et – vous n'avez pas tort – une série aurait peut-être été mieux à même de représenter ce considérable recul que fut l'écroulement de l'Urbs.

Mais c'est parce qu'on sent ces velléités sous-jacentes qu'on n'est pas content de ne pas les voir complètement mises en valeur. Le système d'Hollywood, sans doute, la nécessité de plaquer artificiellement des intrigues amoureuses sur l'Histoire… L'amour, l'amour passion, l'amour courtois est une invention du Moyen-Age… encore accentuée par les Romantiques, et quasi divinisée aujourd'hui… Anachronismes et maladresses…


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De droudrou, le 22 octobre 2007 à 13:48
Note du film : 3/6

A propos du film, voici un extrait d'une interview d'Anthony Mann à ce sujet :

A propos de la chute de l'empire romain

Vous venez de mentionner Oedipe. Dans vos films on trouve le thème de l'homme qui désire tuer son père. On le trouve dans Les Furies, dans Winchester 73, dans L'Homme de l'Ouest, dans L'Homme de la Plaine. C'est un thème que l'on trouve dans cinquante westerns, dans Coup de Fouet en Retour par exemple. Pouvez-vous dire pour quelle raison ?
- C'est un thème qui revient dans La Chute de l'Empire Romain. Nous voulons tous briser l'image de notre père et dépasser nos limites. Je connais peu de grands hommes dont les fils soient devenus aussi célèbres qu'eux. Cela doit être terrible pour un fils d'avoir constamment en face de lui l'image d'un père célèbre. Parfois l'amour que nous avons pour cette image peut se transformer en haine. Nous voulons tous briser notre coquille, et aller plus loin que notre père. Ce thème me passionne car il peut aller très loin.
Ici La Chute de l'Empire Romain n'a pas été très bien accueilli.
- Evidemment (Mann frappe la table violemment). Personne n'a compris ce que j'ai voulu faire. J'ai voulu montrer la folie du monde, le déclin et la mort de l'esprit. Les imbéciles ont pensé uniquement au livre de Gibbons, « Le Déclin et la Chute de l'Empire Romain ». Ils ne l'ont pas lu, et ils ont dit que le film était mauvais parce qu'il n'avait aucun rapport avec Gibbons. Nous avons essayé de montrer ce qui a provoqué la chute de l'Empire : l'inceste, l'achat de soldats, l'interdiction faite au peuple de parler par l'intermédiaire du Sénat. Tout cela était dans le film. Les imbéciles croient tout savoir. Ils ont dit que les faits étaient faux. Historiquement tout est exact dans le film. II est exact que Faustine avait de nombreux amants. Tout Rome savait qu'il y avait des gladiateurs parmi eux. Pourtant Marc-Aurèle l'aimait et il a construit de nombreux temples en son honneur. Certains ont attaqué le film parce qu'ils ont découvert des choses qui n'étaient pas dans les encyclopédies. Les encyclopédies ! On n'y trouve, que deux paragraphes sur Marc-Aurèle ! C'est tout ce qu'ils savent faire : lire les encyclopédies.


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De pamina, le 14 avril 2008 à 17:22
Note du film : 5/6

Je n'ajouterai rien aux judicieux commentaires déjà présents, notamment ceux de notre collègue "Delanuit"… Je voudrais simplement signaler la commercialisation fin de ce mois d'un coffret "deluxe édition" en 3 DVD, dont l'un est consacré aux tournage du film (commentaires par le fils du Producteur Samuel Bronston).

Bien évidemment le pressage est réservé aux heureux possesseurs d'un lecteur dézoné, puisqu'il s'agit (une fois de plus) d'une sortie en Zone I… Le son a été "retravaillé" en 5.1 (anglais) avec sous titrages "anglais-espagnol" !…. Pauvre de nous !… Une fois de plus, il semble que nous ayons été oubliés, d'autant plus qu'un coffret comportant "Le Cid" et "La chute" avait fait l'objet d'une sortie en février 2007…


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De fastivon, le 15 avril 2008 à 22:37
Note du film : 1/6

Quand un péplum est mauvais, on lui cherche désespérément des qualités qui se révèlent inexistantes. Quand un péplum est excellent, on s'active à la recherche de ses défauts… Ce film du moins au début, s'est vraisemblablement trouvé entre deux eaux du Tibre, avant de plonger pour rester au fond.

La première vision au ciné avait laissé sur un malaise certain. Des trois heures farcies, il ne restait rien qui fût mémorable, rien qui pût marquer durablement l'esprit, à part trois bricoles :

  • La pomme empoisonnée n'est pas sans rappeler Blanche-Neige…
  • L'époux d'Antonia, pas possessif pour deux écus, laisse à celle-ci champ libre pour aller revoir son amant…
  • Une seule scène trop shocking ne suffit pas à descendre tout un film en flammes, mais dans le cas présent, c'est une de trop : les deux amoureux qui s'enlacent et tranquillement, laissent les autres sur le bûcher.

S'il y a eu matière à réflexion, le réalisateur serait bien avisé d'annoncer quand il faudrait s'y atteler. Tout l'ensemble est uniformément et exclusivement bassinant. Cecil B. DeMille lui, savait raconter une histoire et rendre intéressant l'objet le plus insignifiant…

Vingt ans après… L'appel des sirènes : la jaquette VHS remplie à la pelle de noms de stars de haut rang. Comment est-ce possible de n'avoir pas su apprécier ce grand spectacle quatre lustres plus tôt ? Cela paraît improbable. Mais la seconde vision n'a pas davantage ému que la première et le même ennui extrême ressenti autrefois n'a fait que remonter à la surface.

Pourquoi avoir sacrifié des décors d'une telle magnificence, à un traitement aussi exempt de passion ? À y perdre son latin, à chaque scène sa question : "Mais où le réalisateur veut-il en venir ?"

Un titre involontairement annonciateur de la chute imminente du péplum américain, la mise aux arrêts d'un genre et la disparition d'une espèce. Mais quand la grande faucheuse lui tend les bras, le péplum italien, avant de rendre l'âme et les armes, s'acharne encore à s'accrocher aux parois de la survie, sortant dans un dernier râle un ultime lopin de navets.

Appelons cette 'chute' de Rome plutôt "pause-transition". Comme les toges au lavage, le territoire se rétrécit à la forme d'une botte. Après le sacre de Rome, le sac de Rome. Mais la métropole se relève, et la plupart des anciennes colonies ont adopté ce qui perdure encore dans le monde occidental : le droit romain… À sa manière Rome domine toujours. La récession économique actuelle… quoi d'autre qu'une récréation pour permettre à la planète de respirer un coup, avant de renaître comme la Ville éternelle.

Car Rome est éternelle… Voyez l'empire romain ressusciter avec air conditionné au Caesar's Palace de Las Vegas. L'impôt que les "barbares" versaient au monarque est certes révolu, mais le touriste affranchi peut en toute liberté lui laisser toutes ses économies et sa chemise…


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De fretyl, le 16 avril 2008 à 00:31

Je n'ai jamais aimé les peplums quel qu'il soit : Ben-Hur,La chute de l'empire romain, Maciste ou même Hercule me paraissent aujourdh'ui être aussi vieux que les histoires qu'ils racontent .

Interpretation, musique, costume et même interprétation d'un peplum sont à chaque fois d'une lourdeur qui m'insupporte, d'autant plus que généralement ce genre de films durent entre deux ou trois heures .

Finalement le Peplum est le style cinématographique le plus démodé ; les tentatives de retour ne se sont pas d'ailleurs montré fructueuse Alexandre a je crois été un échec comme Vercingetorix ou Troie .

Non finalement le seul peplum vraiment interessant reste à mon gout Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ !!


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De le concombre masqué, le 16 avril 2008 à 08:59

Le "Concombre masqué" va devoir encore sévir… Ce qui est amusant (agaçant) chez vous Fretyl, c'est que vous ramenez tout à vous… "j'aime pas"… "ça m'énerve", etc… Quel intérêt pour les internautes de savoir que vous n'aimez pas la "blanquette de veau" ?… Par contre, il serait judicieux de savoir pourquoi !… Parce que "l'épaule, le collier, les tendrons ou le flanchet ne sont pas (pour vous) des morceaux nobles… vous préfèrez la "noix" !…

Voilà ce que j'appelle "argumenter"… et d'autres que moi vous ont déjà fait la remarque…

Pour en revenir aux péplums : il y en a des bons et des mauvais… Question de budget, de mise en scène, de scénario, de jeux d'acteurs… Ne venez pas me dire que "Spartacus" n'est pas un chef-d'oeuvre dans son genre !…

Alors, évitez de monopoliser (faire l'intéressant) ce site qui a tant besoin d'un souffle d'intelligence (il l'a déjà de part certains contributeurs) et renoncez à clouer au pilori vos collègues plus âgés en pensant haut et fort que le monde a commencé avec vous…


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De droudrou, le 16 avril 2008 à 09:09
Note du film : 3/6

Frétyl est le crucifié de DVD Toile !

Simon : dis simplement que le "peplum" n'est pas ton genre cinématographique préféré et qu'en ce qui te concerne tes goûts vont tout simplement vers Audiard ou certains films que l'on qualifie à tort de "faciles" quand, au détour, il y a certaines finesses posées là par le réalisateur pour mieux nous tromper. Par contre, dis nous aussi que tu aimes certains films grivois, dis-nous aussi que tu aimes un cinéma très populaire et que, parfois, pour mieux nous étourdir par tes propos, tu nous évoques soudain des réalisateurs dont les films sont assez lourds pour nos estomacs délicats !


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De fretyl, le 16 avril 2008 à 16:49

N'avez vous donc pas compris qu'il s'agit d'humour lorsque je dis que Deux heures moins le quart avant Jesus-christ est le plus grand peplum .

Je ne dis pas que tous les peplums sont mauvais, Spartacus par exemple nommé par le Concombre Masqué ait c'est vrai un beau film .

Mais je ne fais que constaté une réalité, le style cinématographique le plus démodé est sans contexte le peplum . Les effets de l'époque, laisse aujourdh'ui transparaitre de grosse ficelles, et les interprétations frôle parfois de manière volontaire une certaine théâtralité .

Mais je ne dis pas non plus que je déteste forcément tous les peplums !

ouais ! mais ici, nous sommes certains que tu es toi-même ! tous les indices sont bien présents !


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De Impétueux, le 16 avril 2008 à 23:52
Note du film : 3/6

Dites-moi, les amis, droudrou, fernand, frétyl et les autres…depuis combien de temps n'avez-vous pas parlé d'un film ?

C'est bien gentil de s'envoyer vannes sur vannes, mais la vocation initiale du site est, tout de même, et essentiellement, d'exprimer des jugements sur des réalisations… Non ?

Depuis mon retour de Cuba, il y a six jours, je n'ai vu que La kermesse héroïque, sur quoi je mettrai un message demain ou après-demain, mais j'étais parti sur un beau trio critique : Cléo de 5 à 7, Papa est en voyage d'affaires et Extension du domaine de la lutte ; on a beau, quelquefois avec raison, me chanter pouilles, on ne dialogue pas très souvent sur ces films, il me semble…

J'allais oublier ! A Pamina : il n'est pas possible de faire ce que vous appelez une faute d'inattention en écrivant dûes au lieu de dues'' ! Le circonflexe ne peut être disposé que volontairement, c'est une évidence typographique… en revanche, je conviens bien volontiers qu'il peut m'arriver, comme à tout dactylographe amateur, d'accrocher involontairement deux lettres proches, sur le clavier…. Mais point le circonflexe….


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De fastivon, le 17 avril 2008 à 00:19
Note du film : 1/6

Il est effectivement difficile d'attribuer la faute mentionnée à de l'inattention, par laquelle on aurait plutôt tendance à OUBLIER un accent. Il apparaît dès lors, surprenant que quelqu'un qui SAIT que "due" ne prend pas d'accent, se mette à en mettre un par inadvertance.

Peut donc être levée l'incrimination de quelqu'un qui dit qu'il n'est pas ce qu'on dit qu'il est, car s'il avait effectivement ce double qu'on lui colle, sa réaction aurait été de laisser planer une brume de mystère… Il aurait par ailleurs été inconvenant de faire sienne une faute de français commise par un autre… CQFD.

Mais c'est toujours bien de laisser secret le jardin d'un anonyme, comme Zorro est tellement mieux avec son masque.

Au fait, quelqu'un a remarqué sur le fil "Les trois frères", le monologue "entre" le même, s'envoyant des auto-congratulations ? Ah, les mêmes espaces laissés AVANT les ponctuations…

Il semble que l' "accordeur" qui n'est pas encore inventé, s'avère au moins aussi utile que le correcteur orthographique. Le Monsieur se le "ferait-il", il a le don de provoquer partout où il va, déviation de propos ! La chute en pire de Fretin.


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De droudrou, le 17 avril 2008 à 07:41
Note du film : 3/6

Dites-moi, les amis, droudrou, fernand, frétyl et les autres…depuis combien de temps n'avez-vous pas parlé d'un film ?

Pour ma part : très longtemps ! D'autant que, je l'avoue, ça fait un moment que je ne suis pas allé au cinéma et que je n'ai pas regardé un film sur DVD ! Ce qui ne veut pas dire, pour autant, que je me désintéresse du cinéma…

Par contre, je viens régulièrement lire les échanges qui se succèdent sur DVD Toile et j'avoue avoir fichu à la poubelle je ne sais combien de conneries qui y ont été publiées par les uns et les autres dans le cadre d'agressions dures, pures et simples ou liées à des crescendos que Rossini auraient appréciés à la suite de joutes "verbales"…

Quand on éradique, pour ma part, trouvant cela navrant, j'avoue ne pas avoir particulièrement envie ensuite de venir évoquer un film et que les montées en régime souvent inutiles me fatiguent quelque peu ! Et puis, j'ajoute aussi qu'il est des lectures intéressantes, bien documentées, bien argumentées qui me plaisent et à la suite desquelles je ne vois pas ce que je pourrai bien y apporter ! Mon ego s'en passe facilement !

Néanmoins, si tout n'est pas toujours rose sur DVDToile, il y a quand même des moments cocasses où mon côté farceur ne résiste pas à l'occasion de placer une plaisanterie plus ou moins lourde, je le reconnais ! Et puis, quand après avoir passé un long moment à rectifier l'orthographe de notre ami Frétyl et que le message d'après laisse reparaître les mêmes fautes, je me dis que j'ai bien autre chose à faire quand les évènements autour de nous ont une importance toute autre !

Ce matin, je l'avoue, après une mauvaise nuit de sommeil perturbée par cette interrogation "Qui est le concombre masqué", je me verrai mal pour évoquer West Side Story que je devais aller voir hier soir quand j'éprouvais l'envie de le revoir…


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De vincentp, le 8 janvier 2012 à 23:25
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Film admirable, pure merveille cinématographique ! Les superlatifs me manquent pour décrire mon ressenti. Au diable, l'analyse ! Mais comment ai-je fait pour ne pas avoir croisé plus tôt cette fabuleuse réussite (qui porte si bien par le fond et la forme la touche d'Anthony Mann) ? De quoi inciter à la modestie quand on croit avoir établi, comme moi, une planification exhaustive pour découvrir tous les chefs d'oeuvre du cinéma. Il aura fallu le hasard d'une édition blu-ray bienvenue, et une bonne inspiration aussi pour croiser le chemin de La chute de l'empire romain !


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De vincentp, le 9 janvier 2012 à 20:20
Note du film : Chef-d'Oeuvre

A froid, je rejoins les bons arguments employés par Delanuit en tête de ce fil. La chute de l'empire romain est une analyse fine et brillante du pouvoir, de la psychologie de groupes politiques dans des contextes particuliers (fin de règne)… Et le sujet de base, la chute d'un empire, est parfaitement traité. Il manquait sans doute à la Rome de cette époque, basée sur la force, des mécanismes juridiques, et une déconcentration du pouvoir à ses frontières, pour perdurer (*). Je crois que la démonstration du récit dans ce sens, située à hauteur d'homme mais qui n'oublie jamais de s'élever au dessus de la mêlée du quotidien, est très convaincante. Jamais grandiloquente en tous cas (l'introduction du récit est une grande réussite en la matière).

La chute de l'empire romain reprend le canevas habituel d'une tragédie grecque (avec ses ressorts familiaux et psychanalytiques), que l'on retrouve souvent dans les films de Anthony Mann, y compris ses westerns (L'homme de la plaine par exemple). Le cinéaste, j'imagine, a du accentuer cet aspect du récit.

Une des forces du récit est d'éviter tout manichéisme. Le César Commode fait d'ambitions et de complexes est un être nuancé. Le sénat est constitué d'êtres réfléchis, mais aussi manipulables. Les choix politiques ou autres sont le fruit d'un processus complexe d'élaboration auquel nous sommes associés. Ce récit nous amène à réfléchir et à nous poser la question suivante : que ferions-nous à la place de ces personnages ? Nous désisterions-nous par exemple en faveur du candidat le plus légitime pour exercer le pouvoir ?

La musique est très élaborée (on y entend presque les "rires des dieux", par l'emploi répétées "de notes aiguës -a-t-elle inspirée celle de Patton?-), et je trouve supérieure à celle de Ben-hur (dans un registre comparable). Les plans sont de bout en bout magnifiques (ceux de la nature, mais aussi ceux du forum). Un travail somptueux sur la couleur, l'éclairage, les décors évidemment. J'ai été ébloui par une scène (en particulier) : l'entrée des troupes dans le forum immense, coloré en rouge sur fond blanc, et par la force du mouvement de la masse que contient cette séquence. Une chorégraphie de masse, en quelque sorte.

Ce film, comme Delanuit le suggère, était en avance sur son époque, par à la fois sa forme et son fond. Il n'est pas étonnant qu'il ait inspiré par exemple Gladiator.

Il est clair d'autre part que le support blu-ray rend justice au travail, au professionnalisme, au perfectionnisme, de Mann et de ses collaborateurs. Quelle débauche de moyens ! Les pièces du puzzle se mettent en place tout naturellement en haute définition, et l'on prend alors conscience du potentiel incroyable (en terme d'évocation d'idées, et de créations d'émotions) qu'il peut y avoir derrière une oeuvre cinématographique. J'ai eu l'impression d'avoir affaire à une oeuvre d'art gigantesque, en mouvement, en création et renouvellement permanent, qui interagissait avec mon imaginaire.

Je vais regarder avec intérêt maintenant les nombreux suppléments d'analyse de cette édition blu-ray, ainsi que ceux de Ben-Hur avant d'enchaîner, bien chaud, d'autres peplums comme Quo vadis ou La tunique… A suivre, donc !

Mais franchement, n'hésitez pas à investir dans un grand écran (j'ai maintenant un 54 pouces qui va très bien), un bon ampli pour le son (c'est important) et un bon lecteur blu-ray. Vous redécouvrirez de façon très favorable (pour un coût tout à fait raisonnable) de très nombreux classiques réalisés entre 1950 et la fin des années 1970.

(*) Le récit prend quelques libertés par rapport à la liberté historique, nous expliquent les suppléments du blu-ray, mais peu importe : on y croit.

Add-on 10/01/2012 : l'analyse du film par Jean Douchet (focalisée sur les types de plans employés ici par Mann) est très réussie.


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De DelaNuit, le 9 juillet 2012 à 10:55
Note du film : 6/6

Il est certain que le jeune public d'aujourd'hui veut de l'action, du rythme, de la rapidité… et trouvera souvent indigeste une production comme celle-ci, dont il faut bien constater qu'elle prend son temps… laisse la caméra embrasser les décors (dont le forum de Rome construit en dur et grandeur nature, bien loin des images de synthèse !), les dialogues littéraires et les thèmes musicaux se mettre mutuellement en valeur… Voilà un cinéma encore proche de la peinture et du théâtre, voire même de l'opéra, alors qu'aujourd'hui, le jeu vidéo est davantage la référence d'un certain cinéma de genre…

Ceci dit, en osant une comparaison culinaire, ce n'est pas parce qu'une foule de gens se complaisent dans le fast-food qu'il ne faut pas aussi proposer de la grande cuisine ! Et pour peu que l'on habitue nos enfants dès leur jeune âge à regarder toute sorte de films, y compris du noir et blanc, y compris du théâtral, y compris de grandes fresques comme celle-ci, ils sont capables d'y prendre plaisir sans pour autant bouder les oeuvres à la mode. Encore faut-il avoir cette démarche…

Le scénario de Gladiator, avec ses jeux du cirque et sa réflexion sur l'utilisation des spectacles et des médias par le pouvoir, se prête bien aux rapides scènes d'actions. La chute de l'Empire romain, bien que débutant avec des personnages et une situation similaires, développe plutôt une réflexion sur la décadence d'une société, la chute des empires, la perte des valeurs, mais aussi l'intégration ou non des étrangers… De nombreux thèmes brûlants d'actualité ! Ces deux films, bien que très différents dans leur forme, m'apparaissent donc complémentaires sur le fond.

Enfin, il est amusant, peut-être même triste, de constater combien ce cinéma qui se voulait à l'époque populaire devient aujourd'hui celui d'un petit nombre de cinéphile et/ou d'amateurs d'Histoire… Ainsi vont les choses !…


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De Tamatoa, le 9 juillet 2012 à 15:43

.. un peu moins (sauf exceptions) art et bien davantage industrie du pur loisir..

Ne serait ce pas cette industrie du "pur loisir" qui aurait engendré sans vergogne les Banlieue 13, Doberman, Irréversible, ou autre Salo ? N'en aurait' elle pas donné, non seulement pour son argent, mais bien plus encore pour sa soif de sang et, ce faisant, avalisé une jeunesse en attente de perdition ? Sans aller jusqu'à penser que nous devions en rester à l'entrée du train en gare de la Ciotat, je pretends que l'industrie du pur loisir a fait bien des dégats. Bien que La chute de l'empire romain, comme le note Delanuit développe plutôt une réflexion sur la décadence d'une société, la chute des empires, la perte des valeurs, mais aussi l'intégration ou non des étrangers.. Déjà..


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De Tamatoa, le 9 juillet 2012 à 16:30

Du rififi chez les hommes, le rouge est mis, L'Affaire Thomas Crown, L'Arnaque, cinéma de loisir, n'ont jamais gangréné les esprits faibles ! Je veux dire qu'il y a eu une dérive notable dans le cinéma de pur loisir. Les dents de la mer, ça bouffe peut-être les hommes mais ça mange pas de pain. Doberman est un hymne gratuit à la violence ! Je me demande si c'est notre société qui inspire le cinéma ou est ce le cinéma qui "inspire" une partie de notre société ?


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De DelaNuit, le 9 juillet 2012 à 16:31
Note du film : 6/6

L'un n'empêche pas l'autre… Et les romains ont eu les mêmes questionnements avec les jeux du cirque !


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De DelaNuit, le 3 février 2022 à 17:55
Note du film : 6/6

Je ne peux résister à copier/coller un extrait de la critique de Claude Monnier sur le blog de Starfix au sujet de la récente réédition prestigieuse d'une qualité inégalée de cette Chute de l'empire romain (après celle du Cid et des 55 jours de Pékin) par l'éditeur Rimini :

"En dehors des scènes de bataille et de duels qui sont autant de suicides déguisés, les personnages de La Chute de l’Empire romain se déplacent lentement, cérémonieusement, dans un format scope qui n’a jamais autant ressemblé à un proscenium religieux : l’écran devient un édifice imposant, le grand mur d’un temple sur lequel on projette une fresque mortuaire. Précisons que cette lenteur funèbre n’est pas ennuyeuse car c’est le rythme parfait pour une telle histoire : le film résume magistralement en deux parties, de part et d’autre de l’entr’acte, la disparition de l’Empire romain, disparition qui a pris en réalité trois cents ans : c’est d’abord une première partie nordique, dans une tonalité lunaire, bleutée, neigeuse ; nous y voyons la lente extinction de la Sagesse, incarnée par Marc Aurèle (Alec Guinness), culminant avec l’extraordinaire séquence des funérailles de l’Empereur, dans laquelle les Romains sont encore soudés et pensifs, ignorant stoïquement les bourrasques glacées ; c’est ensuite une seconde partie méditerranéenne, à Rome et au Proche-Orient, dans une tonalité ocre de pourriture : nous voyons alors le règne décadent de la Déraison, incarnée par Commode (Christopher Plummer), culminant avec la cérémonie religieuse sur le forum, où les Romains, désormais, ne sont plus soudés et pensifs, mais paralysés, hypnotisés, incapables de réfléchir devant ce jeune homme mégalomane qui se prend pour un dieu, sortant lentement du ventre d’une statue, sous un soleil cuisant. Le motif du feu revient dans les deux parties, mais si, dans la première, le feu est utile, servant à éclairer et à chauffer les Romains sur le front germanique (torches, feux de camp), dans la seconde partie, sous la chaleur méditerranéenne, le feu est inutile, vaniteux, criminel (voir le bûcher final).

La beauté particulière du film vient de son paganisme. Mann nous montre une civilisation étrange, devenant pour la première fois aussi ésotérique que la civilisation égyptienne ; voir les nombreux rites religieux minutieusement mis en scène et que seul un historien peut comprendre : sacrifices divinatoires, immolations, chants, flagellations devant l’Empereur-dieu Commode, statues gigantesques et effrayantes… D’un bout à l’autre, nous contemplons, fascinés, un monde vraiment « autre », tout en étant conscients que notre propre civilisation sera un jour consumée par le Temps.

Après la mort de Marc Aurèle, le couple du film (Stephen Boyd et Sophia Loren) devient tout à coup impuissant, voire dérisoire devant ce courant impitoyable qui balaie tout sur son passage, courant symbolisé ici par une figuration dantesque, presque monstrueuse : une fourmilière de soldats ou de citoyens, qui menace de tout recouvrir… ou de s’effondrer sur elle-même. Ce courant n’est autre que l’Histoire. Mais cette multitude dans laquelle le couple maudit s’enfonce à la fin est aussi un brassage, et c’est peut-être le seul espoir de ce spectacle funèbre : de tout ce remous violent émergera un peuple nouveau, métissé, tel que l’appelait de ses vœux le sage Timonides, incarné avec émotion par James Mason. Claude Monnier"


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De droudrou, le 6 février 2022 à 18:00
Note du film : 3/6

Je ne suis pas content : "après avoir relu les diverses interventions des uns et des autres je voulais revoir le film  !" Horreur ! mon bluray était vide le film s'était délité ! de la même façon que j'avais pu connaître le même incident avec "les 55 jours de Pekin" "El Cid" "Le discours d'un roi" et "Danse avec les loups" ça fait marcher le commerce !…


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