Bon artisan hollywoodien sans prétention, pionnier du 3D, il a souvent remplacé des réalisateurs "remerciés" par les studios. Sa filmo est très inégale, mais il restera dans les mémoires pour Les vikings, Soleil vert et "Vingt-mille lieux sous les mers". Parmi ses films moins reconnus : l'excellent portrait d'un serial killer dans L'étrangleur de Rillington Place, et le polar d'Elmore Leonard Mr. Majestyk.

Ses mémoires étaient intéressantes, sans plus. L'homme était vraiment un "faiseur", habile et plutôt docile avec les Majors qui l'employaient. Fleischer avait visiblement du mal à s'entendre avec les acteurs à forte personnalité comme Mitchum, Douglas ou Bronson, et se sentait bien plus à son aise avec les comédiens anglais, ou les acteurs disciplinés comme Heston. La plupart de ses films ont pas mal vieilli au niveau visuel (il abusait un peu du split-screen), mais il est certain que Soleil vert demeure assez angoissant et Barabbas a de beaux moments. Je garde aussi de bons souvenirs – un peu lointains – de "Les flics ne dorment pas la nuit" et "The Spikes gang".

A noter que le titre de son livre provient d'une phrase que lui a dit Sylvia Sidney qu'il dirigeait alors. Comme seule direction d'acteur, elle demandait : "Dites-moi simplement quand pleurer".

Je ne suis pas du tout d'accord, Richard Fleischer était bien plus qu'un simple artisan. Sa filmographie était certes inégale mais pas plus que celle qu'un Huston. Par ailleurs, sa filmographie ne saurait ^etre réduite à une dernière décennie certes piteuse mais aucun autre cinéaste n'aurait pu sauver des entreprises comme CHE ou KALIDOR, sabordées en partie par la volonté des producteurs.

Car Richard Fleischer était bien l'un des plus grands cinéastes américains de l'âge d'or, loué à juste titre par Lourcelles ou Tavernier.

Sa filmographie est méconnue mais riche en perles.

L'ASSASSIN SANS VISAGE et L'ENIGME DU CHICAGO EXPRESS sont des modèles de série B.

20000 LIEUES SOUS LES MERS est la plus belle adaptation de Jules Verne au cinéma.

LES INCONNUS DANS LA VILLE est un polar dense et captivant.

LE TEMPS DE LA COLERE est un grand film de guerre qui se clôt par un maginifique plan-séquence.

LES VIKINGS reste l'un des plus beaux films d'aventures du cinéma, jouissant d'une réalisation exceptionnelle qui n'a pas vieilli d'un pouce, parcouru par un souffle épique et une violence alors très rare.

BARABBAS est un des plus beaux péplums du cinéma, superbe tant sur le plan du contenu que de la forme.

Ses films de science fiction ont certes un peu vieilli sur le plan visuel mais SOLEIL VERT et LE VOYAGE FANTASTIQUE gardent encore un impact certain, surtout le premier riche en séquences inoubliables comme la mort de Edward G Robinson.

L'ETRANGLEUR DE BOSTON et L'ETRANGLEUR DE RILLINGTON PLACE sont deux films de sérial-killer absolument fascinants très différents l'un de l'autre mais sont absolument remarquables et nous vengent de tous les films débiles de tueurs en série commis ces dernières années.

MR MAJESTYK est modeste mais fait figure de chef-d'oeuvre si l'on observe les films ultérieurs de Bronson.

Par conséquent,la filmographie de Fleischer est l'une des plus riches qui soit et ne saurait être réduite aux clichés auxquels on la confine- et encore j'oublie des titres intéressants mais vus il y a trop longtemps: BANDIDO CABALLERO, LA FILLE SUR LA BALANCOIRE, DUEL DANS LA BOUE,LE GENIE DE MAL, LES FLICS NE DORMENT PAS LA NUIT ou LES COMPLICES DE LA DERNIERE CHANCE.

Je concluerai en citant une analyse lucide de Gérard Legrand sur le cinéaste:"malgrè sa tendance périodique aux effets sommaires,il est "évident" qu'il "réfléchit" sur son "art", dans le meilleur sens de l'expression (cf son travail très fréquemment sophistiqué sur la couleur). La piètre estime où d'aucuns le tiennent est en tout état de cause, une optique erronée".

Oui, le bilan de sa carrière est positif, et plusieurs de ses films resteront des classiques. D'ailleurs, le terme "artisan" ou "faiseur" n'a pas forcément une connotation négative, surtout aujourd'hui où on aimerait bien que les descendants des Fleischer de jadis aient ne serait-ce que le centième de son talent et de son amour de la technique. En hommage, il serait bien que sorte enfin en DVD l'excellent Les inconnus dans la ville, avec Victor Mature, Lee Marvin et Ernest Borgnine.

Oui, d'ailleurs il suffit de comparer TORA! TORA! TORA! qui n'est pourtant pas un film très personnel avec le PEARL HARBOUR de Michael Bay pour voir combien son talent est étendu et précieux.