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Forum : L'Année dernière à Marienbad

Sujet : Une bombe !


De verdun, le 28 août 2006 à 19:40
Note du film : 6/6

Je vois que personne avant moi n'a osé dégoupiller la grenade que constitue tout commentaire sur ce film adoré ou haï. Je vois aussi que certains forumeurs ont parlé aussi d'emmerdement royal, de "film de Max Pecas". j'ignorais que On se calme et on boit frais à Saint-Tropez était un film tourné dans un splendide Scope-Noir et Blanc.

Je n'avais jamais vu L'année dernière à Marienbad avant le week-end dernier. J'ai été envoûté par ce film splendide sur le plan formel, poétique, énigmatique. Un labyrinthe qui annonce vaguement Shining de Kubrick. Et un film qui passionne aussi pour sa réflexion sur la mémoire et l'amour fou, porté par la lumineuse Delphine Seyrig.

Bien sûr, ce film est aussi terriblement agaçant, tarabiscoté, et demande la patience et la connivence d'un spectateur qui peut tout à fait estimer que l'on se fout de lui. On peut ne pas rentrer dans ce démolissage des codes et habitudes du récit cinématographique: d'où le rejet compréhensible de ce collage incohérent et où l'émotion et les enjeux tardent à surgir. Et je sais aussi que l'on peut rester indifférent face à l'œuvre de Robbe-Grillet.

Ce que je sais aussi, c'est que c'est un film unique et que ceux qui aiment un cinéma ludique et classique peuvent se rabattre sur les dernières œuvres de Alain Resnais


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De Gaulhenrix, le 1er octobre 2007 à 00:08
Note du film : 6/6

Un avis mesuré et objectif, Verdun

Sans doute existe-t-il deux regards antagonistes, comme vous l'évoquez, sur ce film : la fascination et le rejet. Mais l'on peut trouver le même type de réactions à propos d'un film aussi différent que Le Cercle rouge : s'agit-il d'un excellent film sur des gangsters présentés comme des héros mythiques ? N'est-ce pas, plutôt, un film ridicule en ce qu'il se prend trop au sérieux avec ses personnages caricaturaux?

Revenons à L'année dernière à Marienbad : ouvrons les yeux et écoutons ces voix insistantes qui se mêlent… La litanie empressée de Giorgio Albertazzi (« Toujours des murs, toujours des couloirs, toujours des portes, et de l'autre côté encore d'autres murs. Avant d'arriver jusqu'à vous, avant de vous rejoindre, vous ne savez pas tout ce qu'il a fallu traverser. Et maintenant vous êtes là où je vous ai mené, et vous vous dérobez encore. Mais vous êtes là dans ce jardin, à portée de ma main, à portée de ma voix, à portée de regard, à portée de ma main. ») qui se heurte à la supplique lasse et répétée de Delphine Seyrig : « Laissez moi, je vous en supplie. »

Le film de Resnais, somptueux de beauté dans ses noirs et blancs, dans ses décors à la fois hiératiques et abstraits, fait se rencontrer ou se croiser des personnages non moins solennels et lointains. Mais la magie des mots dits et répétés, leurs sonorités qui s'égrènent dans les couloirs et les salles immenses, la voix grave et rugueuse de Sacha Pitoëff, la diction douce et veloutée de Delphine Seyrig, l'accent italien suave de Giorgio Albertazzi , composent une triple incantation – amplifiée par de grandes orgues majestueuses  – que le récit, malgré tout linéaire, oriente vers une direction que chacun peut emprunter à sa façon. Ce film pictural et musical sur le temps – qui passe, qui n'est plus, mais qui ressuscite, pour mieux disparaître, qui est peut-être immobile – garde la même puissance d' envoûtement, l'une des plus captivantes jamais nées du cinéma.

J'incline à relier cette magnificence formelle – pour conserver l'atmosphère d'ironie sous-jacente propre au film – à une résurgence moderne de l'ancien mythe grec. Le roi Minos ne convoqua-t-il pas Dédale, comme Resnais, le réalisateur du film, s'adjoignit Robbe-Grillet, son scénariste, et ne construisirent-ils pas ce film savant en forme de labyrinthe afin de mieux y emprisonner les spectateurs, modernes Thésée, et leur laisser le soin de dérouler le fil d'Ariane pour mieux circuler à l'intérieur du palais-château de Marienbad, y entrer, sans savoir comment en sortir. Ainsi sommes-nous, comme les protagonistes de ce film-source, – ou comme dans un roman de Proust – plus sensibles encore au souvenir du sentiment amoureux, à la trace qu'il laisse dans le présent et à son importance pour l'avenir.

Pour relier ce film au présent – à travers sa postérité formelle – , on peut évoquer le cinéma de David Lynch avec, notamment, son dernier-né, Inland Empire


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De vincentp, le 23 décembre 2009 à 23:37
Note du film : 4/6

Ni rejet, ni admiration pour ma part. Parfaite introduction en quinze minutes, mais le récit tourne en boucle entre la trentième et la soixantième minute. Et il manque sans doute un fil conducteur plus clair. La mise en scène de Alain Resnais, et les prises de vue sont en revanche de grande qualité. Au début des années soixante, le caractère obscur du sujet passait grâce à la structure novatrice du récit, et à la qualité formelle. Aujourd'hui, c'est plus délicat.


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De DelaNuit, le 24 décembre 2009 à 02:34
Note du film : 5/6

Le récit tourne en boucle il est vrai, mais c'est justement ce qui lui donne son caractère hypnotique, qui nous porte comme dans un rêve ou un cauchemard. Il me semble que pour apprécier ce film , il ne faut pas en attendre un récit logique et construit mais se laisser porter comme par un poème ou une musique. (Même chose que pour le déroutant et envoûtant India Song avec la même actrice principale).

Encore faut-il être réceptif et dans le bon état d'esprit au moment où on le regarde !

Et puis, s'il n'y avait la somptueuse Delphine Seyrig, ferait-on cet effort ?

A noter : la belle et mystérieuse chanson de Barbara "Marienbad" (que l'on n'entend pas dans le film) mais dont elle est visiblement inspirée, est un complément intéressant à celui-ci pour en faire un rêve éveillé aux lisières du fantastique.


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De vincentp, le 24 décembre 2009 à 09:30
Note du film : 4/6

Rêve hypnotique ? Avec des personnages aussi guindés, qui semblent se promener avec un balai accroché dans le dos ? Et puis de quoi parle ce récit ? Difficile à deviner. Un homme cherche à rappeler à une femme, qu'ils se sont rencontrés un an plus tôt. Mais il en met du temps ! Les rêves ou les séances d'hypnose ne durent pas aussi longtemps !

Ce type de cinéma ésotérique montre ses limites ! Plus accessible, et plus réussi (à mon sens): La nuit, sorti en salle quatre mois plus tôt que le film de Resnais, lequel demeure néanmoins une expérience cinématographique intéressante, à connaitre.

Mais plusieurs lectures différentes sont effectivement possibles, comme le souligne Verdun. Il est normal que L'année dernière à Marienbad ait ses laudateurs.


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De Azurlys, le 22 janvier 2010 à 13:31

Je découvre d'autres coulisses, et je m'y glisse…

A vrai dire je n'ai qu'un souvenir très lointain de ce film qui m'était apparu comme étrangement envoûtant. Y avez-vous remarqué une image, un plan singulier, qui plonge dans l'absurde pour servir un propos presque fantastique : des personnages de ce curieux hôtel (ou établissement de cure, je ne sais plus), disposés, immobiles dans l'allée centrale du parc, bordée d'ifs taillés ? Tous les personnages figés sont doublés par leur ombre au sol, qui s'étend derrière eux, alors que les ifs n'en n'ont pas… Au reste, il semble que le parc est recouvert d'un ciel gris, sans soleil.

Pour le reste, pas ou peu de souvenir, sauf une longue, longue, langueur ! Et le style glissant qui se voulait sensuel de Delphine Seyrig, mais qui semblait déborder sur un snobisme voilé et discrètement bourgeois. Était-ce au premier degré, ou deviendrait-il, aujourd'hui d'y voir, aidé par le recul, une esquisse de parodie ?

Je me suis un temps posé la même question à propos des "Amants" de Louis Malle. Célébré en son temps comme une brillante réussite, le sourire attendri qu'on lui accorderait de nos jours cacherait-il par hasard des éclats de rire retenus à grand peine et une ironie inévitable ! Rien, aujourd'hui qui échappe au cinéma "mode", branchouille, comme l'on dira plus récemment, où tous les clichés sont au rendez-vous : charmante bourgeoise esseulée qui s'emmerde auprès de son mari – Jeanne Moreau, Alain Cuny – on comprend qu'elle s'emmerde ! – dans un très joli château XVIIIeme où elle coule des jours pénibles dans ses vingt trois pièces, entouré d'un parc mi-à la Française, mi-à l'Anglaise. Jusqu'à l'arrivée d'un jeune et beau héros salvateur : deux chevaux,(Citroën, s'entend) blouson de cuir, casquette. Une variante de Lady Chaterley, mais chez Balzac. C'est comme le vin… il arrive que cela vieillisse mal…

Pour en terminer avec "L'année dernière…", un méchant journal de l'époque avait titré "L'année dernière à Marienbarbe"…


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De Arca1943, le 22 janvier 2010 à 14:39

« Pour en terminer avec "L'Année dernière…", un méchant journal de l'époque avait titré "L'année dernière à Marienbarbe" »

Pas Le Canard enchaîné, des fois ? (Et des siècles plus tard, il me semble que c'est le même volatile qui avait titré : Connard le barbant…)

Enfin, est-ce que quelqu'un a idée de la provenance de cette curieuse expression très française ? (Nous ne l'avons pas ici). Qu'est-ce que la barbe, digne et honorable ornement pileux, a à voir avec l'idée de s'ennuyer, de bailler devant quelque chose d'inintéressant ?


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De Azurlys, le 22 janvier 2010 à 14:47

Pour Arcal ! Oui, vous avez raison, le "méchant" journal était mis entre guillemets, parce que son nom m'échappait, et, de toutes façons, je n'était pas très sûr de l'origine de "Marienbarbe". Je m'en suis sorti en joignant clin d'oeil et ignorance. Mais vous étiez dans le vrai !

Sur la barbe, pas de réponse à vous proposer, et j'en suis navré. Mais c'est une expression déjà ancienne, aujourd'hui un peu oubliée.

La presse s'est parfois donné du mal pour trouver des titres accrocheurs, cinglants ou même tendres, selon… "Marienbarbe" et "Connar le Barbant" sont vachards, mais quand la nostalgie s'y met, on lit autre chose. Lors de la mort de Gene KELLY, "Libération" affichait "Un Américain a périt !". Ce n'était pas si mal, mais "France-Soir" s'en est sorti, me semble -t-il, avec plus de brio : "Pleurons sous la pluie", jolie formule poétique qui rendait ainsi un hommage mérité à celui qui avait été un danseur et un chorégraphe exceptionnel. Il fut d'une des étoiles les plus fascinante du firmament hollywoodien, et renouvelait le style brillant, mais sans doute un peu guindé de Fred Astaire. Mais l'un et l'autre peuvent être au rendez-vous quand on le souhaite grâce à la technique…


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De DelaNuit, le 22 janvier 2010 à 16:36
Note du film : 5/6

En tout cas, Marienbad a inspiré des fantasmagories à la chanteuse Barbara si j'en crois les paroles de sa chanson :

Sur le grand bassin du château de l'idole, Un grand cygne noir portant rubis au col, Dessinait sur l'eau de folles arabesques, Les gargouilles pleuraient de leurs rires grotesques, Un Apollon solaire de porphyre et d'ébène, Attendait Pygmalion, assis au pied d'un chêne…

Je me souviens de vous,et de vos yeux de jade, Là-bas, à Marienbad,là-bas, à Marienbad, Mais où donc êtes-vous ? Où sont vos yeux de jade, Si loin de Marienbad, si loin de Marienbad…

Je portais, en ces temps, l'étole d'engoulevent, Qui chantait au soleil et dansaient dans les temps, Vous aviez les allures d'un dieu de lune inca, En ces fièvres, en ces lieux, en ces époques-là, Et moi, pauvre vestale, au vent de vos envies, Au cœur de vos dédales, je n'étais qu'Ophélie…

Je me souviens de vous, du temps de ces aubades, Là-bas, à Marienbad, là-bas, à Marienbad, Mais où donc êtes-vous ? Vous chantez vos aubades, Si loin de Marienbad, bien loin de Marienbad…

C'était un grand château, au parc lourd et sombre, Tout propice aux esprits qui habitent les ombres, Et les sorciers, je crois, y battaient leur sabbat, Quels curieux sacrifices, en ces temps-là, J'étais un peu sauvage, tu me voulais câline, J'étais un peu sorcière, tu voulais Mélusine…

Je me souviens de toi… De tes soupirs malades, Là-bas, à Marienbad, A Marienbad, Mais où donc êtes-vous ? Où sont vos yeux de jade, Si loin de Marienbad, bien loin de Marienbad…

Mais si vous m'appeliez, un de ces temps prochains, Pour parler un instant aux croix de nos chemins, J'ai changé, sachez-le, mais je suis comme avant, Comme me font, me laissent, et me défont les temps, J'ai gardé près de moi l'étole d'engoulevent, Les grands gants de soie noire et l'anneau de diamant…

Je serai à votre heure, au grand château de jade, Au cœur de vos dédales, Là-bas à Marienbad… Nous danserons encore dans ces folles parades, L'œil dans tes yeux de jade, là-bas, à Marienbad,

Avec tes yeux de jade, Nous danserons encore… Là-bas, à Marienbad, là-bas, à Marienbad… Mais me reviendras-tu ? Au grand château de jade… A Marienbad…


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De Azurlys, le 23 janvier 2010 à 14:34

MARIENBAD…

Merci, DeLanuit (pardon, s'il y a lieu, pour l'ortographe bousculée), pour ce très beau texte. Il est vrai que Barbara savait accomplir son art avec des textes de qualité. Et puis, il faut le dire à nouveau, ce que je dis ici – Marienbad, ou autres – n'engage que moi. Cette communication d'une chanson de Barbara, de toutes les façons, n'enlève rien au coté étrange de ce film de Resnais que je ne plus revu depuis un ou deux siècles. Que voulez-vous, la mémoire s'use. Si je revoyais ce film aujourd'hui, peut-être serais-je dans une communion complête avec son charme – même dans le sens exact et plus inquiétant -, avec son auteur et ses interprètes. Ou bien l'inverse, et je repousserais respectueusement le film – car Resnais est trop important pour souffrir quelque mépris.

Mais je me souviens qu'à sa sortie je participais à une sorte de club vaguement culturel où l'on parlait de tout, et de cinéma, bien entendu. Le film de Resnais, je m'en souviens, avait déconcerté les uns et les autres, dont quelques intellos qui assimillent volontiers complexité et qualité, portés sans doute par les strates rationnelles de l'Occident, qui digère mal ce qui est hors du temps et fait appel aux sources de l'inconcient. Mais, les années aidant, les remises en questions, mêmes et surtout personnelles, conduisent à des jugements plus expéditifs, et repoussent les passions lointaines auxquelles on ne peut plus croire. En tous cas, merci du texte.

Cela dit, puisque que Barbara était sur le tapis, pourriez-vous me dire si vous avez dans l'esprit une chanson qui parle, je crois, de la mort de son père, ou même de ses deux parents, en évoquant un cimetière sous la forme (je cite) d'"une forêt de marbre". Lors de la disparition de la chanteuse, ou lors d'un hommage plus tardif, j'ai entendu cette chanson, dans le Midi, sur "Radio-Interval" (Cévennes), et j'étais pétrifié par la qualité poétique du texte, et la charge émotionnelle qu'il contenait. Je ne l'ai plus jamais réentendu, hélàs. Vous est-il possible de me fournir l'information ? Merci !


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De Azurlys, le 26 janvier 2010 à 13:07

MARIENBAD (à l'intention d'Arcal)

Je reprends très courtement le clavier pour faire une réponse à Arcal, strictement personnelle, relative à un livre, ou un spectacle "barbant". Nous étions partis sur le souvenir de "Connard le Barbant", pour le film John Millius, et publié, sauf erreur par le Canard Enchainé. Pas de nouvelle officielle, mais simplement cette suggestion qui ne vaut que ce qu'elle vaut : Si l'on s'ennuie au cinéma, ou à entendre ceux que Molière appelait les facheux (plus tard les "raseurs", nous y revoilà) et aujourd'hui les emmerdeurs – encore que cette expression, à la trivialité émoussée par l'usage, n'ait plus le coté choquant qu'on lui attribuait autrefois – il n'était pas rare de noyer sa main dans la barbe et d'y fourrager quelque "efface-ennui", simplement par réflexe, bien entendu incontrôlé, ou si peu, et qui ressortit de ce qui fut appelé un temps caractérologie, ensemble de menus comportements involontaires qui étaient censés réléver des traits de caractères.

Ainsi, le geste qui apparait souvent dans les débats "télé" où l'on tourne en rond autour d'un sujet sur lequel tous les participants – très soigneusement sélectionnés en fonction de leur soumission à la pensée unique – sont à peu près d'accord sur tout, il est fréquent que certains affichent une suffisance (qui laisse supposer beaucoup d'insuffisance, hors mis la fatuité), appuient la main sur le visage, le médius replié sous le menton, et l'index allongé vers le haut, le long de la joue, fièrement, on pourrait dire phalliquement, si j'ose ainsi dire. En caractérologie, il semble que cela implique un orgueil ou une vanité solidement assis, – sans qu'il y ait de jugement de valeur – et dont il est possible de comprendre, par ailleurs, que ce sont des comportements compensatoires.

Mais il ne faut pas trop s'appesantir sur la caractérologie, sous-division un peu oubliée de la psychologie, et évidemment insuffisante pour étudier un sujet. Mais la tentation était grande de soulever la question de "la barbe" de la sorte…

Et voilà ce que je craignais : je suis devenu barbant ! Pardon…


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De Arca1943, le 26 janvier 2010 à 13:54

Très intéressant. "Raseurs" contre "barbants", je commence à distinguer comme une lueur…


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De Gilou40, le 26 janvier 2010 à 14:11

Puis je vous apporter mes modestes lumières ? "Barbant" vient bien sur du mot "barbe", mais pourquoi désigne t'il quelque chose d'ennuyeux ? Parce qu'en des temps reculés, certains paysans profitaient de leurs visites chez le barbier pour faire leur sieste pendant qu'ils se faisaient raser..

J'ai toujours entendu cette explication là. Ce qui ne garantit ….rien du tout !


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De Azurlys, le 26 janvier 2010 à 16:00

A qui le tour ? Le concours est ouvert !!


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De DelaNuit, le 9 mars 2010 à 11:24
Note du film : 5/6

Pour répondre à Azurlys au sujet de la "forêt de marbre" :

La chanson que vous cherchez pourrait bien être "Nantes" de Barbara, chanson plus ou moins autobiographique où elle raconte la mort de son père. Il y est question du "jardin des pierres" :

Il pleut sur Nantes Donne-moi la main Le ciel de Nantes Rend mon cœur chagrin

Un matin comme celui-là Il y a juste un an déjà La ville avait ce teint blafard Lorsque je sortis de la gare Nantes m'était encore inconnue Je n'y étais jamais venue Il avait fallu ce message Pour que je fasse le voyage:

"Madame soyez au rendez-vous Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup Faites vite, il y a peu d'espoir Il a demandé à vous voir."

A l'heure de sa dernière heure Après bien des années d'errance Il me revenait en plein cœur Son cri déchirait le silence Depuis qu'il s'en était allé Longtemps je l'avais espéré Ce vagabond, ce disparu Voilà qu'il m'était revenu

Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup Je m'en souviens du rendez-vous Et j'ai gravé dans ma mémoire Cette chambre au fond d'un couloir

Assis près d'une cheminée J'ai vu quatre hommes se lever La lumière était froide et blanche Ils portaient l'habit du dimanche Je n'ai pas posé de questions A ces étranges compagnons J'ai rien dit, mais à leurs regards J'ai compris qu'il était trop tard

Pourtant j'étais au rendez-vous Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup Mais il ne m'a jamais revue Il avait déjà disparu

Voilà, tu la connais l'histoire Il était revenu un soir Et ce fut son dernier voyage Et ce fut son dernier rivage Il voulait avant de mourir Se réchauffer à mon sourire Mais il mourut à la nuit même Sans un adieu, sans un "je t'aime"

Au chemin qui longe la mer Couché dans le jardin des pierres Je veux que tranquille il repose Je l'ai couché dessous les roses Mon père, mon père

Il pleut sur Nantes Et je me souviens Le ciel de Nantes Rend mon cœur chagrin


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De Azurlys, le 29 mars 2010 à 13:22

Merci vivement, DelaNuit, de votre réponse de début Mars, que je trouve seulement aujourd'hui. Vous m'éclairez et mériteriez le pseudo "Dela Lumière" ! Notre échange à propos de Barbara remontait à Janvier, et sans une conversation téléphonique avec une amie ardéchoise chanteuse à qui je parlais du texte précédent (le titre "Marienbad" seul, je l'ignore) j'en viens à lui parler de cet échange. Elle m'en a demandé le texte et son extraction par tirage m'a permis de trouver votre nouvelle réponse, et un nouveau texte.

J'ignore s'il est réellement question de la même chanson, et pour tout dire, pressé de vous adresser ce message, je n'ai parcouru le texte découvert qu'en diagonale. Je crois bien cependant qu'il s'agissait d'une "forêt de marbre" (plutôt que de pierre, mais vous savez que la mémoire est fantasque) ou bien d'une "allée de marbre", je ne parviens plus à me souvenir exactement. Il n'empêche que je vous remercie à nouveau, et je vais tirer le texte qui va partir demain pour l'Ardèche (paysages magnifiques, Ardèche "à l'huile" (!) proche de la vallée du Rhône, en raison des oliviers, déjà… et Ardèche "au beurre" plus haut vers les cols (de la Chavade, par exemple, ligne de partage des eaux Atlantique/Méditerranée, avec des pâtures et l'élevage de bovins, en raison des ressources de lait…), l'Ardèche, disais-je, en complétant par cette note touristique un tantinet clin-d'œil, mais exacte, où les vers de Barbara vont partir dès demain !

Encore merci !


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De DelaNuit, le 29 mars 2010 à 16:52
Note du film : 5/6

De Marienbad à Nantes, de Nantes à l'Ardèche… Cela s'appelle voir du pays !

Pour vous répondre sur mon pseudo, pensez que la nuit n'empêche pas la lumière. Une lumière plus mystérieuse, moins agressive… celle de la lune ou des étoiles… mais lumière tout de même. Pietro Citati a écrit un bel ouvrage explorant les grands mythes de l'humanité, intitulé "La lumière de la nuit".

Je vous renvoie également au film fantastique français Marguerite de la nuit : une fille perdue dont le travail s'accomplit la nuit, y montre la plus grande preuve d'humanité. Elle sauve l'âme du professeur Faust promise à Satan en offrant la sienne en échange, par amour tout simplement. Le Diable lui même en est touché. Un film quelque peu oublié…

Ainsi, la lumière nocturne peut être source d'illumination. Les étoiles (les "stars" ?) ne guident-elles pas les voyageurs ? Parmi les étoiles, songeons à la constellation de la lyre d'Orphée, dont la musique dit-on pouvait émouvoir en leur jardin non seulement les humains, les animaux, les plantes ou les dieux, mais aussi les pierres… ou les marbres.


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De Azurlys, le 31 mars 2010 à 14:12

Merci pour les lumières sur la nuit ! L'éternelle ambivalence des symboles ! Au théâtre, on utilisait – je pense qu'on ne le fait plus – de la "lumière noire", au limites du spectre (tiens donc…) visible et du violet. Elle avait pour but de réveiller les teintures fluorescentes utilisées pour les fééries. Évidemment nous sommes là dans l'utilisation matérielle vulgaire, mais la rencontre est attrayante. Il faudrait dire un mot de ceux, il y une trentaine d'années, qui ont cru emprunter le chemin qui même de l'Ombre à la lumière, alors que celle-ci était puisée à des sources mêlées d'obscurantisme. Encore fallait-il pour le savoir sortir des schémas imposés. Ils le sont toujours. DelaNuit est un pseudo curieux, mais sympathique. La nuit n'ouvre-t-elle pas sur les promesses de l'aurore, du soleil levant qui adoucit l'air, et des fleurs qui épousent les matins ? Évidemment, il y a l'autre versant… c'est aussi celui du rêve, des intimités, parfois des cauchemars, c'est le replis sur soi, c'est l'inconscient qui parle et éveille quelquefois des pulsions inquiétantes… Et un jour, – si ce mot convient ici – elle devient définitive ! Est-ce bien utile, à défaut d'être évitable ? "…Jusqu'au jour où l'on tombe dans ce gouffre infini où n'existent ni rois, ni princes, ni capitaines !" (Jean-François Noël, auteur dramatique de talent qui n'a pas eu la place qu'il méritait . Ici une phrase du Son et Lumière des "Ruines de Merles", à coté d'Argentat, à la confluence de la Maronne et la Dordogne).

Je voudrais bien revoir "Marguerite de la Nuit", qui reprend le mythe de Faust en le modernisant. C'est un film fut dirigé, je crois, par Claude Autant-Lara. Il est effectivement un peu oublié, en dépit de ses audaces de mise en scènes et de décors.

Un DVD me conviendrait bien, s'il voulait sortir de l'ombre !


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De vincentp, le 10 août 2011 à 10:09
Note du film : 4/6

Il ne faut pas vouloir faire de la pure littérature au cinéma. Les idées au cinéma doivent être disséminées dans les images, les dialogues ou dans une intrigue qui tienne la route. Un livre, on peut le lire et le poser pour se reposer. Un film, il faut tenir quatre-vingt dix minutes sans s'ennuyer ! Je souffre énormément face à certains films (pas tous) de Godard (comme Pierrot le fou et d'autres plus récents). Inversement nombre de films français récents ne comportent aucune idée.


Le bon équilibre est à trouver chez de grands auteurs-cinéastes (ceux qui sont présents dans nos listes dites "immarcescibles" des films préférés). J'y ai rajouté à ce sujet, cet été, presque en pôle-position Rio Lobo, parfait récit ou se croise esthétisme, thèmes et idées, intrigues…


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De Alastair, le 22 janvier 2013 à 15:48

Voici sans doute la réponse à la question posée naguère par Azurlys

Quand ceux qui vont, s'en vont aller, Quand le dernier jour s'est levé, Dans la lumière blonde, Quand ceux qui vont, s'en vont aller, Pour toujours et à tout jamais, Sous la terre profonde, Quand la lumière s'est voilée, Quand ceux que nous avons aimés, Vont fermer leur paupières, Si rien ne leur est épargné, Oh, que du moins soit exaucée, Leur dernière prière, Qu'ils dorment, s'endorment, Tranquilles, tranquilles.

Qu'ils ne meurent pas au fusil, En expirant déjà la vie, Qu'à peine, ils allaient vivre, Qu'ils ne gémissent pas leurs cris, Seuls, rejetés ou incompris, Éloignés de leurs frères, Qu'ils ne meurent pas en troupeau, Ou bien, poignardés dans le dos, Ou qu'ils ne s'acheminent, En un long troupeau de la mort, Sans ciel, sans arbre et sans décor, Le feu à la poitrine.

Eux qui n'avaient rien demandé, Mais qui savaient s'émerveiller, D'être venus sur terre, Qu'on leur laisse choisir, au moins, Le pays, fut-il lointain, De leur heure dernière, Qu'ils aillent donc coucher leurs corps, Dessous les ciels pourpres et or, Au-delà des frontières, Ou qu'ils s'endorment, enlacés, Comme d'éternels fiancés, Dans la blonde lumière, Mais, qu'ils dorment, s'endorment, Tranquilles, tranquilles.

Quand ceux qui vont s'en vont aller, Pour toujours et à tout jamais, Au jardin du silence, Sous leur froide maison de marbre, Dans les grandes allées sans arbre, Je pense à vous, ma mère, Qu'ils aient, pour dernier souvenir, La chaleur de notre sourire, Comme étreinte dernière,

Peut-être qu'ils dormirons mieux, Si nous pouvons fermer leurs yeux, A leur heure dernière, Qu'ils dorment…

Qu'ils dorment Tranquilles…


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De Impétueux, le 17 juin 2022 à 20:04
Note du film : 2/6

Il faut bien que, de temps en temps, je sois honnête avec moi-même et surtout avec mes rares lecteurs et leur fasse quelques confidences sincères sur mes coups de cœur et mes coups de haine. J’ai vu, à l’âge de 15 ou 16 ans L’année dernière à Marienbad et j’ai d’emblée été révulsé par ce ton hiératique et hautain, cette indifférence apparente à toute connivence avec le spectateur, ce mépris à peine dissimulé pour la narration classique.

Mais soixante ans plus tard, je me suis demandé (n’est-ce pas là un scrupule qui m’honore ?) si le vieillard que je suis devenu, nanti d’expériences multiples et d’un soupçon de modération , pouvait revenir sur l’impression reçue jadis et accorder quelque mérite à un film qui fait partie de l’histoire du cinéma et dont le titre fort beau résonne encore dans les mémoires.

J’ai donc regardé à nouveau L’année dernière à Marienbad. Je ne dis pas que le film n'ait pas quelque qualité : une incandescence onirique, des décors à faire pâlir d'envie tout ce que notre pauvre terre compte d'esthètes sensibles et décadents, des personnages hiératiques, distingués et admirablement corsetés dans leurs smokings noirs et leurs robes de cocktails, la voix immense de Delphine Seyrig, belle comme un mensonge, un propos incantatoire, marque de fabrique de Alain Robbe-Grillet qui, quelquefois, ne manque pas de talent.

Je conçois bien que, lassés de Delannoy, La Patellière ou Grangier, les jeunes classes de la cinéphilie militante de 1961 aient pu tresser de lourdes et opulentes couronnes à L'année dernière à Marienbad, film aussi enquiquinant, mais beaucoup plus formellement réussi que La jetée du mirobolant Chris Marker qui est à peu près de la même époque. Et, bien que le récit soit plus minimal, Hiroshima mon amour de l’autre prêtresse de l’ennui Marguerite Duras est encore plus désagréable

Dans Marienbad, il y a beaucoup de partis-pris volontairement obscurs, murmurés, hiératiques : une voix off incompréhensible, souvent volontairement à peine audible, des phrases sans rapport les unes avec les autres, des conversations hachées, des attitudes et des visages figés, des moments musicaux stridents et désagréables Il y a évidemment, de la part des auteurs, le réalisateur et le scénariste, une volonté de sidérer et même d’hypnotiser le public.

C’est pourquoi Delphine Seyrig est, dans cette optique, indispensable. Lointaine et diaphane, elle joue de sa voix stupéfiante pour nous troubler. Le pire c’est qu’elle y parvient quelquefois. Et le plus que pire, c’est que souvent elle parvient à se rendre exaspérante. Qu’une actrice aussi exceptionnellement séduisante se soit immergée si vite, si tôt dans le cinéma nébuleux est une de mes grandes tristesses. L’année dernière était son premier film ; quel dommage qu’elle ne se soit pas enfuie de ce ghetto après, par exemple, avoir été la délicieuse Fabienne Tabard de Baisers volés de François Truffaut, toute de légèreté et de grâce

Les recherches formelles et la sophistication esthétique sont jadis passé pour l'ultima ratio du paysage et pour une preuve d'audace antibourgeoise ; on y sentait le vent frais de la contestation, de la révolution de 48, de la Commune, du surréalisme et des Congés payés. Toutes choses en soi admirables. Le funeste Mai 68 n’était pas loin.

Cela dit et une fois admirés les salons immenses du château de Nymphenburg (car ce farceur de Resnais n'a rien tourné dans le vrai Marienbad, qui est en Tchéquie), une fois, aussi, dissipés les fumets de la prose néo-romancière, une fois décryptées les savantes stratégies du jeu d'allumettes inéluctable, qui fit florès dans tous les bistros de France aux mains des jeunes gens que nous étions, et devant les yeux fascinés de nos compagnes à bas blancs et à jupes plissées, une fois évanouis les fantômes nocturnes, une fois révélés les procédés envahissants des longs couloirs et des clair-obscur spectaculaires, qu'est-ce qui reste de Marienbad, sinon un beau titre ?


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