Il serait ridicule de mettre sur le même plan, ou même d'entreprendre un parallèle entre toute la série des Bond où Sean Connery démode, en un seul Dr. No tous les films d'espionnage rassis et les deux réalisations interprétées par James Coburn qui présentent un personnage de parodie délicieuse, au troisième ou quatrième degré.
S'il surfait sur la vague bondesque (ou bondique ?), Flint ne respectait aucun des codes et ne prétendait pas au moindre sérieux : les histoires étaient bien davantage délirantes, les gadgets invraisemblables et le goût prononcé de Bond pour les jolies filles était complètement enfoncé par la réalité du harem de Flint, qui vit avec quatre (dans Notre homme Flint) ou trois seulement (dans F comme Flint) ravissantes personnes et en cueille plusieurs autres ici et là, qui acceptent fort bien de n'être que les nuances d'une riche palette…
Ça na pas tenu parce qu'on ne pouvait pas continuer ainsi dans l'outrance, l'excès, le cynisme complet et le psychédélique. Mais qu'est-ce que Coburn est séduisant, et qu'est-ce que les sixties, dans ce qu'elles ont de plus coloré, sont bien rendues !
Il me semble que Coburn disposait d'une montre gadget qui pouvait tout faire, mais, effectivement, quelle décontraction !
Moi je me souviens à condition de ne pas me tromper de film de la sonnerie du téléphone.
Cela étant, F comme Flint n'est pas du tout dépourvu de qualité. Il y a, bien sûr, l'allure et le charme de James Coburn, celui de la multitude de jeunes oiselles qui l'entourent et, pour les nostalgiques, le bric-à-brac délicieux des années psychédéliques, de leur modernité criarde et de leur absolu mauvais goût. Mais il y a aussi davantage.
Dans Notre homme Flint, l'intrigue tournait autour de trois savants fous qui voulaient régenter la planète ; F comme Flint va beaucoup plus loin et retentit d'un délicieux machisme qui aujourd'hui donnerait sûrement lieu à des manifestations haineuses et dépoitraillées : un groupe de femmes d'affaires a décidé d'éveiller la conscience féminine : depuis plusieurs années, insidieusement, toutes les femmes qui passent sous un casque de séchage dans un salon de coiffure reçoivent une propagande ad hoc diffusée par un magnétophone miniature. De plus les trois intrigantes ont conçu un plan diabolique, le projet Damoclès qui consiste à s'emparer de bombes atomiques placées en orbite et d'établir le gouvernement du deuxième sexe par la menace. Après tout, pourquoi pas ? et comme le dit l'une d'elles Vous verrez comme tout ira mieux !, ce à quoi Flint répond sarcastiquement Aurez-vous encore des jupons quand vous porterez la culotte ?. Mais tout à leur idéal féministo-pacifiste, les trois dames ne se sont pas aperçues qu'elles se faisaient rouler par le colonel Carter (Steve Ihnat) qui, faisant mine de les suivre, battait les cartes pour son propre compte. Flint s'en débarrassera et la paix du monde sera sauvée, le Président des États-Unis (Andrew Duggan) concluant l'aventure par Eh bien, Mesdames, on l'a échappé belle, que cela vous serve de leçon en renvoyant les trois idéalistes à leurs fanfreluches. (Pour être conforme à la vérité, il faut ajouter que celles-ci, faisant semblant de venir à résipiscence, paraissent mijoter de nouvelles perfidies). Donc machisme assumé, encore accentué par le style de vie de Flint, qui possède à demeure un harem régulièrement renouvelé ; dans le film, ses amoureuses dociles ne sont que trois, et Cramden (Lee J. Cobb), le patron des services spéciaux qui lui rend visite le lui fait remarquer ; et Flint : Elles étaient quatre et même cinq, mais c'était un peu trop : j'essaye de me restreindre.J'ai gardé le meilleur pour la fin : lors de cette même visite, Cramden qui a constaté que Flint disposait d'une piscine où il entretenait un dauphin dont il apprenait le langage, lui lance Ça vous fait un mammifère de plus à la maison. Voilà une merveilleuse vacherie qui à elle seule exige de la sympathie pour ce film trop oublié.
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