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Forum : Brèves vacances

Sujet : Je n'en attends pas mer et monde, mais...

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De Arca1943, le 11 juin 2008 à 02:30

…je vote néanmoins pour ce De Sica tardif, si j'ai bien compris dans la lancée calligraphiste (et pourquoi pas) inaugurée avec Le Jardin des Finzi-Contini. Et puis quoi, partir en vacances avec Florinda Bolkan


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De verdun, le 5 janvier 2015 à 12:56
Note du film : 6/6

Ce De Sica n'est jamais sorti en France. Il a pourtant l'air intéressant donc moi aussi je vote.


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De vincentp, le 23 février 2020 à 23:30
Note du film : 6/6


Una Breve Vacanza réalisé par Vittorio de Sica en 1973 est une oeuvre aujourd'hui aussi invisible que I Girasoli et l'on se demande bien pourquoi. L'entrée en matière est de tonalité néo-réaliste, avec un suivi pas à pas, sur une longue durée, de l'ouvrière (Florinda Bolkan) dans ses rudes tâches en famille, miséreuse et inculte, et au travail, parmi une équipe de cols bleus. Nous traversons les faubourgs populaires et déshumanisés de Milan, plongés dans des teintes sombres (bleu foncé et noir). Le caractère opiniâtre, courageux, et pragmatique de cette ouvrière se révèle progressivement, logiquement, sans effet démonstratif. Une autre facette de ce personnage, et de la société italienne qui l'entoure, se dévoile lors d'un séjour dans ce qui fut alors le plus grand sanatorium d'Europe, situé à Sondalo en Lombardie montagneuse. Ce seront de brèves vacances, l'occasion de rencontrer des personnalités d'autres milieux, avec pour effet une irrémédiable remise en question individuelle.

Les qualités artistiques de Una Breve vacanza sont élevées à commencer par une interprétation phénoménale de Florinda Bolkan, qui trouve là sans doute le rôle de sa vie. Son interprétation nuancée associe le spectateur à son état mental, et rend palpable l'évolution psychologique de son personnage tout au long des 112 minutes du récit. Le scénario de Cesare Zavattini et Rodolfo Sonego est une pure merveille d'analyse tout en finesse d'individus et de groupes, de la société sous obédience démocratie chrétienne, marquée par un assemblage hétéroclite de valeurs sociales et religieuses. La photographie de Ennio Guarnieri soigne la lumière, les couleurs (teintes bleues claires et blanches à Sondalo) et les plans, portant la forme de l'oeuvre vers des sommets. La mise en scène de De Sica, sobre, multiplie les plans observant de près les réactions de groupe. Et l'on a affaire au final à une oeuvre cinématographique de forte envergure, positionnée parmi la longue liste des incunables oubliés.


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De verdun, le 24 février 2020 à 00:03
Note du film : 6/6

Vincentp et moi refaisons actuellement le cinéma italien sur le site… Nous avons été enthousiasmés par ce Breve vacanza projeté ce soir à la cinematheque et c'est à mon tour de proposer un texte à propos de ce film…

Les films se suivent et ne se ressemblent pas.


Hier je ne pouvais qu'avouer ma déception après la projection de Lo chiameremo Andrea, un De Sica millésime 1972 rarissime mais décevant malgré l'excellence de son couple d'acteurs principaux…

Ce soir c'était le De Sica millésime 1973, tout aussi rare, qui était au programme de l'actuelle rétrospective de la cinémathèque française dédiée au célèbre acteur-réalisateur.

Et là ce soir le miracle du cinéma a pu opérer car Breve vacanza est un bijou, sans doute l'un des chefs-d'oeuvre de son auteur. Qu'on se le dise, Le jardin des Finzi-Contini n'est pas le seul film important de la fin de carrière du grand De Sica.

Dans un premier temps nous assistons à la vie bien triste de Clara, qui lorsqu'elle ne trime pas à l'usine, doit vivre dans un modeste logement avec son mari brutal (le massif Renato Salvatori), sa belle-mère, son beau-frère sournois (le méchant Hugo Blanco) et ses trois enfants. Atteinte de tuberculose, Clara doit partir en cure dans un sanatorium qui sera d'abord sa prison (elle est sous surveillance) puis le lieu de sa délivrance. Elle va y lier une idylle avec un jeune homme beau et gentil… Jusqu'au dénouement, d'autant plus déchirant qu'il est suggéré. La fin de la parenthèse enchantée ne peut-être que brutale.

Sur ce canevas qui risquait de tomber dans le mélodrame écœurant, De Sica et ses scénaristes ont bâti un film d'une justesse incroyable.

Dans la première partie du film, le maître du réalisme est de retour. Puis durant les "brèves vacances" de notre héroïne, plus d'une fois on craint d'éventuelles lourdeurs mais chaque fois la suite prend le contre-pied de ce que le spectateur attend aussi bien dans la psychologie des personnages que dans les rebondissements qui parsèment le récit. Des personnages comme la chanteuse extravagante (Adriana Asti) ou le surveillant douteux se révèlent beaucoup plus nuancés que ce que l'on pouvait attendre d'eux au premier abord. Même le sanatorium, qui a d'abord des allures de prison, se révèle paradisiaque et le soleil de la montagne contraste violemment avec la grisaille milanaise. La photo de Ennio Guarnieri magnifie les paysages montagnards où ont lieu la prise de conscience de notre héroïne. Il n'y rien de "calligraphiste" dans ce film.

La fiche Imdb du film nous apprend que des actrices comme Sophia Loren, Elizabeth Taylor ou encore Jane Fonda étaient intéressées par le rôle de Clara. C'est à la Brésilienne Florinda Bolkan que ce rôle a été confiée et il n'y a pas de quoi le regretter tant sa prestation est pour beaucoup dans le tact et la pudeur avec lesquels le film est traité. On ne voit pas quelle autre actrice aurait pu faire mieux qu'elle. Il est temps de réhabiliter cette comédienne excellente également dans Le orme, Carole, La longue nuit de l'exorcisme et j'en oublie…

Selon les informations en ma possession, Una breve vacanza n'est jamais sorti commercialement en France. Il ne fut projeté que dans un festival parisien en 1975. Sauf erreur de ma part, il a été diffusé sur FR3 dans les années 70-80 mais jamais dans le cinéma de minuit (émission que j'admire mais qui ne peut pas diffuser à elle seule tout le cinéma de patrimoine). Et bien évidemment il n'est pas disponible en DVD. Alors que c'est une réussite éblouissante, l'un des films les plus personnels de son auteur.

C'est incompréhensible.

Et cela renforce ma conviction selon laquelle il faut aller puiser dans les raretés puisqu'elles sont souvent aussi bonnes voire MEILLEURES que les films qui ont les honneurs des ressorties, des éditions en vidéo et des diffusions télévisuelles.


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De vincentp, le 24 novembre 2023 à 19:46
Note du film : 6/6

Le sanatorium fut créé sous Mussolini en pleine montagne, dans une forte pente.


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