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Forum : La Plus grande histoire jamais contée

Sujet : Le mystère de notre monde

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De droudrou, le 13 juillet 2008 à 10:34
Note du film : 6/6

La plus grande histoire jamais contéeLe Roi des RoisBen-HurBarabbasLa Tunique

Je n'évoquerai pas le Jésus de Nazareth de Franco Zefirelli que je n'ai toujours pas acheté parce que je le trouve un peu cher, même d'occasion… assez peu le film de Mel Gibson afin d'éviter d'entrer dans une polémique qui a déjà fait les beaux jours de DVD Toile. Je laisserai de côté La dernière tentation du Christ qu'il me faudrait revoir (et quant auquel je n'ai toujours pas compris la polémique qu'il avait suscitée à l'époque de sa sortie…)

Ainsi que chacun pourra le constater, je suis sur ma période péplums. Et ça me paraît assez intéressant pour voir comment l'Histoire Sainte a pu être évoquée au travers de ces divers films.

Il est vrai que j'avais lu le « roman » « La plus belle histoire jamais contée », « Ben-Hur » bien évidemment, et le bouquin de Par Lagerkvist « Barabbas » ce qui fait qu'abordant les films, comme tout lecteur, on se trouve déjà plongé dans un cadre lequel passe souvent mieux dans le sens inverse parce que l'on « travaille » à partir de l'adaptation et que les différences notoires ne sont pas perçues de la même façon.

Là n'est pas.

Barabbas, film de Richard Fleischer avec Anthony Quinn – Si déjà j'éprouve une certaine réticence pour l'acteur, j'avoue qu'en 1961, âgé de 17 ans, c'était plus pour le spectacle que j'allais voir le film, bien marqué par les images de Ben-Hur que j'avais vu quelques temps auparavant – Dire mes impressions à la fin du film, j'en serai bien incapable car c'étaient plus les moments spectaculaires que j'avais retenus mais qui étaient surtout loin des fastes de la réalisation de Ben-Hur – Et puis, ce personnage quelque peu primitif qui suit une destinée bizarre ne m'avait pas spécialement marqué sachant néanmoins qu'à la fin du film Barrabas meurt sur la croix à son tour –

Entretemps, j'ai revu le film une fois à la télévision : l'impression demeurait – Et puis, je viens de le revoir très récemment, tranquillement et dans sa version originale et j'avoue que ma vision en est assez différente d'autant que la réalisation est non seulement intéressante et plus encore quand elle couvre les instants de la crucifixion de Jésus de Nazareth. L'idée d'exploiter une éclipse solaire est excellente et participe à cette ambiance mystique que notre éducation moderne semble au fil du temps nous éloigner – Si je me réfère aussi au physique des acteurs, il convient de dire que les facies de Quinn et Jack Palance participent à l'ambiance frustre pour le premier, démoniaque pour le second pendant les jeux du cirque… Le film commençait à l'instant où Pilate remettait sa décision entre les mains du peuple et ces visions qui nous étaient données du Christ et de Barrabas étaient intéressantes puisque la silhouette du premier nous était évoquée par les visions primitives du second, la distanciation étant bien celle d'un personnage qui ne comprenait rien de ce qui lui arrivait – Pourtant, dans cette même vision, j'ai retenu un moment assez marquant lors de la flagellation du Christ : sur le bois du pilori il y a du sang et quand Barrabas est sorti sans ménagement de sa cellule, c'est sur ce même pilori qu'il est projeté et à l'aide duquel il se redresse emportant sur ses mains les traces de sang qu'il essuie et dont l'effet le marquera à jamais dans sa destinée…

La Tunique, premier film en cinémascope de l'Histoire du Cinéma, réalisée par Kevin Costner… pardon Henry Koster avec Richard Burton, Jean Simmons, Victor Mature, Michael Rennie et Jay Robinson – Je n'évoquerai pas le personnage de Caligula et moins encore celui de Demetrius – Le grand moment du film est la crucifixion et ces instants où les romains au pied de la croix jouent aux dés les vêtements de Jésus tandis que le tribun Marcellus jette un regard irréel sur les évènements qui se déroulent devant lui – instants qu'il revivra dans la galère qui l'emmène dans sa folie quelques temps plus tard – l'instant clé est cette goutte de sang qui tombe de la croix sur sa main (pour le rachat de ses péchés) et qui ne cessera de le hanter jusque l'instant de sa « conversion » – Par rapport aux instants que nous connaissons de la cène, du jardin des oliviers et du Golgotha, La Tunique nous donne une vision éloignée de Pierre, formidable Michael Rennie qui lui donne toute sa stature que l'on retrouvera dans Demetrius and the Gladiators – En termes d'effets spéciaux, c'est surtout la dimension de l'écran qui nous apporte une vision nouvelle de l'Histoire Sainte –

Ben-Hur de William Wyler est une formidable machine qui nous amène à côtoyer deux destins de personnages qui se rencontreront à deux reprises dans des circonstances analogues sauf que les rôles s'inverseront selon les circonstances – Formidable entrée en matière que celle de ce film qui nous conduit de Jérusalem à Bethléem jusque l'arrivée des rois mages – Instants puissants quand Ben-Hur emmené aux galères croise le « fils du charpentier » qui, de la seule autorité de sa présence, lui donnera de l'eau pour épancher sa soif – trouvaille géniale de ce film, nous ne verrons jamais de face ce personnage que nous connaissons sauf sa silhouette – ses traits demeureront un mystère – mystère qu'il nous est difficile d'élucider puisque l'imagerie religieuse nous a éloignés des origines de l'homme et que le cinéma a reproduit comme les peintres au gré de la composition des castings – Une très longue ellipse nous le fait retrouver quand Ben-Hur croise la quête de Balthazar et ce seront les formidables compositions du « sermon sur la colline » du « jugement de Pilate » du « chemin de croix » qui conduit Ben-Hur à retrouver celui qui avait calmé sa soif et à qui il rendra la louche d'eau qui les avait déjà rapprochés une fois pour aboutir sur la crucifixion et l'un des derniers miracles puisque la guérison des lépreuses – images superbes utilisant les potentialités des reflets de l'eau, images plus puissantes encore dans la mesure où elles illustrent la rédemption d'un monde par le biais de cette eau teintée de sang qui court – l'inspiration de tous ces grands tableaux qui ont marqué l'histoire de la peinture est évidente dans la composition des somptueuses images de ce très très grand film qu'il n'est pas mauvais de redécouvrir et qui ne sacrifie nullement les valeurs humaines et spirituelles au profit du spectacle –

J'évoquerai rapidement Spartacus de Stanley Kubrick dans la mesure où les dernières scènes nous montrent un Spartacus crucifié – nous ne sommes pas dans le cadre d'une inspiration mais face à une réalité qui a caractérisé la Rome dans tous ses pires excès – Mais à l'époque de la sortie du film, cette notion de crucifixion était dans les esprits et néo-Christ, porteur d'un message de liberté et de paix, Spartacus ne pouvait que mourir sur la croix –

De la même façon, j'évoquerai rapidement La passion du Christ de Mel Gibson auquel on pourrait reprocher un aspect tendancieux, pour le moins, et pour ma part après l'avoir découvert récemment, on ne saurait donner grief à Mel Gibson quant au réalisme qui est celui des évènements qui ont caractérisé ces images d'Epinal qui nous sont restées des derniers instants de la « vie » de Jésus jusque sa résurrection –

J'aboutis aux deux films qui justifiaient mon intervention : The greatest story ever told et Le Roi des Rois

A l'origine (sans jeu de mot) The greatest story ever told devait être le plus grand film consacré à la vie de Jésus – Projet ambitieux réalisé par George Stevens à qui on devait Shane et Géant, dans sa première version il devait durer 260 minutes – Pour sa première présentation, il avait été ramené à 225 minutes – La version qui nous a été présentée au cinéma et ici en DVD représente 195 minutes sachant qu'une autre version plus courte dure 141 minutes – Les premières scènes tournées ont été réalisées en « cinérama » procédé abandonné presque immédiatement en faveur de la caméra « panavision – 70 mm » –

Réaliser un tel film sur la vie de Jésus n'est pas forcément évident et ce qui peut très bien passer dans les écrits, porté à l'écran peut prendre une dimension autre qui peut desservir l'histoire – C'est ce qui expliquerait d'ailleurs la demi-heure de projection manquante dans la version que j'ai visionnée – La petite histoire voudrait que dans la recherche des effets on atteignait le ridicule – Je penserai aussi que déjà 195 minutes de film c'est long, ce serait même très long puisque je l'ai regardé en deux fois et sans respecter la pause – Ce qui ne veut pas dire que je refuse des films d'une durée aussi importante que Autant en emporte le vent ou Lawrence of Arabia ou Cléopâtre mais pour le moins leur dimension dramatique ou spectaculaire n'est pas gâchée par la durée –

La caractéristique principale de ce film de George Stevens est que dans l'interprétation des personnages principaux on retrouve les grands noms du cinéma – ainsi Charlton Heston est Jean—le-Baptiste – Michael Anderson Jr Jacques le petit – Carroll Baker Véronique (le linge sur lequel la légende veut que s'est imprimée la face de Jésus) – Richard Conte Barrabas – José Ferrer Hérode Antipas – Van HeflinMartin Landau Caïphe – Angela Lansbury Claudia – Janet Margolin Marie de Béthanie – David McCallum Judas Iscariote – Roddy McDowall Mathieu – Sal MineoDonald Pleasence Satan – Sidney Poitier Simon le Cyrénéen – Claude Rains Le roi Hérode – Telly Savalas Ponce Pilate – John Wayne le centurion de la crucifixion – Shelley WintersEd WynnDorothy McGuire Marie la mère de Jésus –

Je n'ai pas cité Jésus Max Von Sydow artiste Suédois cher à Ingmar Bergman formidable figure qui nous campe un Christ très plausible (initialement pressenti Richard Burton) et Gary Raymond l'apôtre Pierre que l'on trouve dans l'ombre de Jésus et qui, par rapport à Michael Rennie La Tunique, nous apparaît effacé – et bien d'autres acteurs nous apportent leur silhouette dans ce grand film « évangélique » pour ne pas dire « biblique » puisque j'ai relevé 79 noms dont ceux cités dans le générique –

J'avais 16 ans quand George Stevens a commencé le tournage de son film – A l'époque, les médias avaient rapporté nombre d'anecdotes car, quand le réalisateur avait annoncé son projet, de nombreux acteurs s'étaient proposés pour prêter leurs traits aux personnages du film et même ne faire qu'une simple apparition laquelle participait à leur « publicité » – Si mes souvenirs sont exacts, Rock Hudson avait même proposé ses traits pour Jean-le Baptiste et la réalisation du casting n'avait pas été particulièrement évidente – John Wayne en centurion avait dû imposer sa présence et n'apparaissait pas forcément crédible dans le rôle du personnage – Il est d'ailleurs à noter comme dans la scène de la crucifixion sa formidable silhouette tient l'écran et surtout quand il prononce la phrase « Truly this man was really the son of God » ses origines westerniennes ressortent de façon splendide – pendant le chemin de croix, sa présence apparaît plus discrète…

Quand le film est sorti, 5 années s'étaient écoulées et, pour la France, les réseaux de distribution nous avaient amenés dans les salles de provinces à une attente assez importante pour voir le film – Déception de ma part aussi puisque j'en était resté à la durée initiale et que je m'étais préparé à un film de 4 h 20 qui avait duré une heure de moins et où je consultais régulièrement le cadran de ma montre pour savoir encore combien de temps j'allais devoir encore rester sur mon fauteuil car le manque d'action était vraiment évident (je l'ai vu en 1966 – j'avais 22 ans – j'étais plus orienté westerns et films d'action que films de réflexion…)

En le revoyant aujourd'hui, certes, il est toujours aussi long et lent mais il faut quand même reconnaître que c'était un George Stevens inspiré qui avait porté sa réalisation car du point de vue esthétique (certaines images comme pour Ben-Hur sont extraordinaires dans leur sens de la composition) et de la recherche c'est un film magnifique où, en plus, la partition musicale de Alfred Newman conduit de façon impeccable certaines scènes, réutilisant entre autres des thèmes des Préludes de Litz ou du Messie de Haendel. Quant au générique, un beau travail a été réalisé en réutilisant certaines peintures du plafond de la Chapelle Sixtine de Charlton Heston… pardon ! de Michaelangelo pour Rex Harrison… (censuré) ! – Jules II et intégrant les traits de Max Von Sydow.

Pour la petite histoire, anecdote cocasse, Telly Savalas s'est rasé le crâne pour tenir le rôle de Pilate et a conservé cette caractéristique pour le restant de sa carrière – anecdote moins drôle, c'était le dernier rôle de Claude Rains.

Certaines scènes du film ont été réalisées par David Lean mettant en scène Claude Rains et José Ferrer (voir Lawrence d'Arabie) et Jean Negulesco qui a dirigé la nativité… Pour le scénario, Georges Stevens a travaillé avec James Lee Barrett à qui l'on doit le script de Shenandoah

En ce qui concerne Le roi des rois j'avouerai être quand même assez mal à l'aise.

Voilà un film d'une durée de 171 minutes au générique duquel on trouve des noms comme Philip Yordan et Nicholas Ray qui ont de belles réputations. Philip Yordan apparaît au générique de El Cid – Bravados – Plus dure sera la chute – La lance brisée – Johnny Guitarre entre autres. On l'a donc connu mieux inspiré par ses sujets. Nicholas Ray ce sont : Johnny Guitarre – les amants de la nuit – les diables de Guadalcanal – la fureur de vivre – Traquenard qui ont conféré une aura certaine au réalisateur.

Eh bien, j'avoue avoir quitté en cours de route le film pour regarder Ce n'est qu'un au revoir et ne l'avoir terminé qu'après avoir achevé la vision de La plus grande histoire jamais contée.

On ne peut reprocher à Jeffrey Hunter son Christ aux yeux bleus. Son interprétation est crédible. Il figurait au générique de The Proud OnesLa prisonnière du désertLe sergent noirRobert Ryan nous donne une interprétation valable de Jean-le Baptiste… Gregoire Aslan est conforme à sa tradition – Frank Thring troque son habit de Ponce Pilate dans Ben-Hur pour celui de Hérode Antipas – Ron Randell abandonne le petit écran pour le grand en devenant le centurion romain qui reconnaîtra au pied de la croix Jésus comme le fils de Dieu – Harry Guardino est Barrabas – …

C'est un film inégal qui entre dans le cadre des productions de Samuel Bronston, producteur qui s'est installé en Espagne et à qui on doit, entre autres, El CidLes 55 jours de Pékin  – La chute de l'Empire Romain – The Carpetbaggers, et dans lequel on retrouve ces poncifs du cinéma à grand spectacle destiné à attirer un public large où l'action prime par rapport à la réflexion.

Et en fait, Le roi des rois pâtit de ce manque d'inspiration. Voulant absolument nous plonger dans le spectaculaire, on aboutit à ce que Barrabas est en fait un révolutionnaire rom… pardon ! juif qui n'a en tête que comploter contre l'envahisseur Romain !  – De là des scènes spectaculaires mais qui nous éloignent du sujet quand certaines séquences se référant à l'évangile sont parfaitement réalisées –

En ce qui concerne les derniers instants où l'on voit Jésus sur la croix, l'aspect dramatique des scènes n'apparaît pas et par rapport aux autres films cités, là encore on note la faiblesse du film.

Si je devais donner un classement pour certains personnages, je préférerai Max Von Sydow dans le personnage de Jésus, Charlton Heston en Jean-le Baptiste, Anthony Quinn en Barrabas, en disant quand même que malgré ses défauts, la production de George Stevens se détache avec les scènes spécifiques de Ben-Hur pour nous donner une vision des Evangiles…

J'allais oublier dans la production de George Stevens, Richard Conte en Barabbas – Richard Conte figure au générique du Le Parrain (Don Barzini) et de Ceux de Cordura.

Relisant mon texte, je pense soudain à notre ami Stanley Kubrick. S'il nous a donné Spartacus il nous a donné une vision de quelques secondes du « chemin de la croix » absolument ahurissante dans Orange Mécanique quand Alex accompagne Jésus portant sa croix et qu'il cingle violemment… prélude au film de Mel Gibson La passion du Christ.

Pourquoi souhaité-je une réédition de ce film en DVD ? – de préférence en Blu-Ray – et avec en supplément si elles peuvent être retrouvées, les scènes coupées de la réalisation..


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De droudrou, le 20 octobre 2008 à 23:19
Note du film : 6/6

Depuis ma dernière intervention, il se trouve que par hasard j'ai découvert qu'il existait en zone 1 un coffret relatif à The greatest story ever told au format 2,75 et d'une durée de 3 h 19 qui rajoutait donc une vingtaine de minutes à la version dont je disposais au format 2,35 ce qui veut donc dire un écran plus large et des scènes supplémentaires… D'autre part, un second DVD avec des commentaires sur la réalisation et une scène finale alternative qui a été délitée (à juste titre) pour nous présenter une autre vision de la fin.

D'abord, je ne regrette nullement cet investissement d'autant que cette présentation élargit quand même quelque peu le cadre du film que nous connaissons. Des petites scènes courtes qui s'intercalent dans la réalisation. Des scènes prolongées qui nous remettent tout à la fois dans l'ambiance de ce qui a pu être et nous rapprochent de la vision qui nous en est donnée par les évangiles.

Par ailleurs et sincèrement j'avoue préférer de beaucoup cette vision à celle que nous voyons traditionnellement et modifie ma note qui était 5 pour la porter à 6.

Pour ceux qui connaissent les évangiles, il faut savoir que la version plus courte omettait certains passages dont l'absence surprenait. Ici ils sont présents et s'intègrent très bien dans la vision que nous fournit George Stevens qu'on ne peut que féliciter : il ne s'en est pas tenu aux simples écritures mais a prolongé le cadre Historique de celles-ci. Il n'y a aucune comparaison possible avec Le Roi des Rois qui, là, est laissé très loin en arrière.

C'est un très très beau film.


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De Impétueux, le 23 février 2023 à 20:56
Note du film : 3/6

Il y a tout, dans cette grande machinerie hollywoodienne, très bien faite et très bien composée: des moyens énormes, des figurants en nombre considérable, des décors admirablement choisis et presque l'exhaustivité des épisodes de l'Écriture. À tout moment un chrétien un peu frotté aux quatre évangiles entend, scrupuleusement retranscrites, les paroles qu'il connaît et qui font le sel de sa vie. Y'a pas à dire, il ne manque pas grand chose à George Stevens pour avoir embrassé la retranscription de l'enseignement du Christ et, à chaque instant, on se surprend à compléter soi-même les merveilles de beauté énoncées par Jésus.

C'est vrai, c'est bien fait, très bien fait et il y a des moments de grâce qui présentent des sites, des paysages, des vastes perspectives qui émerveillent. Montagnes arides, déserts profonds, ciels magnifiques, nuages inspirés. Je pourrais sans doute dire que c'est là ce qu'il y a de meilleur dans La plus grande histoire jamais contée ; et presque ajouter que cette histoire-là, qui est à la racine de notre civilisation, n'aurait pu exister ailleurs que dans cette portion du monde. L'imaginerait-on dans les brumes de la Scandinavie ou même dans les terres tendres de notre France ? Il faut, pour retracer le parcours du Christ, des contrées à la fois douces et dures, aux soleils fatidiques et à la brutalité marmoréenne. Cela étant, les scènes ont été tournées dans l'Utah, mais c'est pareil (ou presque).

La plus grande histoire jamais contée n'est naturellement pas la première ni la seule tentative de mettre à l'écran la vie de Jésus de Nazareth ; c'est sans doute celle qui a été le mieux dotée de moyens techniques : c'est vraiment très bien fait : il y a du monde, des paysages sublimes, des décors et des costumes sur quoi on n'a pas ménagé. En plus, on suit pas à pas ce que l'on sait de la vie de cet étrange personnage qui, venant de Nazareth, tout au nord du territoire hébreux, né à Bethléem, tout au sud, ne se révèlera qu'à la trentaine pour, en trois ans, fasciner des milliers et des milliers de disciples et plus tard, par son enseignement, bousculer le visage du monde.

Mais précisément le film de George Stevens, réalisateur compétent de grosses maçonneries étasuniennes, ne fait que réunir, dans une copie très léchée, très académique, la superficie de cette histoire fascinante : on suit, dans une durée bien trop longue (3h11, pour la version que j'ai regardée) un par un les épisodes que tous les petits enfants de France de jadis connaissaient bien. La distribution n’est pas très marquante, au demeurant.

C'est d'ailleurs très scolaire, sans envol et sans finesse. Certes, il ne manque rien, ou très peu ; et on se demande pourquoi le réalisateur a fait l'impasse sur certains épisodes importants : par exemple le lavement des pieds des disciples pendant la Cène ou le lavement des mains de Pilate (Telly Savalas) qui voyant qu'il ne peut plus rien faire pour sauver Jésus de la horde haineuse qui veut sa peau, baisse les bras et laisse la Passion se dérouler.

Un film de plus de trois heures. Le début en est meilleur que la fin : sites magnifiques donc, photographie inspirée, allégresse de la réalisation. Après l'entracte et l'entrée à Jérusalem sous l'acclamation des Rameaux, voilà que ça se gâte : ça lambine, ça traîne, ça propose des images un peu ridicules : celles de la crucifixion, sous des ciels théâtralement morbides, celles de la Résurrection, bizarrement partagées en jaune et bleu. Le film, à ce moment-là, souffre gravement de la comparaison avec la brutale et magnifique Passion du Christ de Mel Gibson qui est d'une toute autre qualité.

Ce n'est pas du tout facile de réaliser la plus grande histoire que le monde ait connu ; on peut en recueillir des bribes, par exemples tous les péplums qui, de Quo vadis ? de Mervyn LeRoy à Barabbas de Richard Fleischer décrivent la naissance de l'Église ; ou, comme dans L'Évangile selon Saint Matthieu de Pasolini choisissent de transcrire sèchement un des quatre récits. Mais comme dans Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli, il manque du souffle, de la puissance.

De la ferveur. Et de la Foi, évidemment. Ce n'est pas donné à tout le monde.


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