Effectivement, un très bon film, susceptible d'intéresser l'amateur "éclairé" de cinéma (en plus du public habituel des vidéo-clubs). La logique implacable d'un conflit dans une contrée hostile génère stress et situations absurdes, et cela est bien rendu par l'image et le son. Bon scénario, mise en scène, photo, musique, interprétation. Une telle qualité à tous les niveaux de fabrication ne se rencontre pas si souvent.

On pense par les idées développées à Full metal jacket, à Croix de fer … Mais aussi à Un prophète, )à No country for old men… Les personnages sont pris dans un engrenage absurde et sans issue positive.

Visiblement, le producteur français, croyant bien faire pour la promo de son film à l'oscar, a fait une sérieuse gaffe en envoyant un mail inapproprié au collège des électeurs !

Note ajustée : 5.5/6 En parfaite adéquation avec Vincentp et Alholg. Kathryn Bigelow réalise avec The Hurt Locker son chef d'oeuvre, à mon sens. La première qualité du film est de déstabiliser le spectateur : aisi Guy Pearce, l'une des seules vedettes du film, est éliminé dès les dix premières minutes au cours d'une séquence époustouflante de maestria. David Morse fait une brève apparition et Ralph Fiennes disparaît lors de l'anthologique scène des snipers….

Ici Bigelow ne cherche pas à faire un pamphlet complaisant (Redacted d'un DePalma essoufflé) ou un réquisitoire humaniste maladroit (Battle for Haditha de Nick Broomfield). A l'instar de Stone dans Platoon, elle colle aux basques de simples trouffions, ici des démineurs. Aucun jugement sur les personnages, pas de dénonciation explicite de la violence (même si elle est sous-jacente par la force des images, voir la scène où Jeremy Renner désamorçe le corps piégé et sans vie du petit garçon). L'adrénaline comme addiction : voilà son credo. Pour ce faire, elle aligne les séquence éblouissantes de maîtrise : Renner tient en joue le conducteur d'une voiture folle en plein désamorçage, les démineurs sont confrontés à des tireurs embusqués en plein désert( l'une des meilleures séquences de "sniping" jamais réalisées : tension en crescendo, la réalisatrice scrutant avec un soin maniaque les regards attentifs, rendant palpable le sang, la sueur et la poudre), ou encore cette manifique séquence nocturne éclairée par les lueurs d'un incendie….

Bigelow est à mon sens, avec Cameron et McTiernan, la meilleure réalisatrice contemporaine de films d'action. Si The Loveless, co-réalisé avec Monty Montgomery, n'était pas complètement abouti (scénario flottant, personnages mal caractérisés malgrè un final émouvant), Near Dark était à la fois une somptueuse réactualisation du Mythe du Vampire, dôtée d'un casting cinq étoiles (Adrian Pasdar, Lance Henriksen et Bill Paxton) et un western moderne particulièrement percutant. Après Blue Steel et sa mise en scène majestueuse en dépit d'un scénario se vautrant dans la surenchère, Bigelow livre avec Point Break l'un des meilleurs films d'action des années 90, dans lequel un script approximatif et bourré d'invraisemblances était transcendé par une mise en scène ultra efficace ( la course poursuite entre Reeves et Swayze filmée à la Steadycam, un braquage hallucinant de brio et des séquences de surf hypnotiques). Strange Days, malgrè une séquence d'ouverture en caméra subjective brillante, était trop ambitieux et boursoufflé pour un résultat inégal, entre fulgurances jouissives et clichés éculés (le personnage de Juliette Lewis), et Le poids de l'eau ne valait que pour sa mise en scène et un ++Sean Penn+ habité (comme d'habitude….).

Mais Kathryn se rattrappe largement avec K 19, film de sous-marin compétent et drame humain déchirant, avanr de livrer avec Démineurs une bombe à retardement qui explose à la face du spectateur qui en redemande….

J'ai eu la curieuse idée de regarder ça, qui m'a passablement ennuyé, nonobstant la qualité visuelle des explosions diverses et des effets spéciaux (ce qui me semble être le minimum que l'on puisse attendre d'un film aussi récent) et j'ai trouvé le scénario d'une si somnifère répétitivité que j'ai bien dû sombrer dans les bras de Morphée à deux ou trois reprises.

Ces Étasuniens qui mènent, depuis 1991 une guerre scandaleuse, au mépris de la souveraineté irakienne, et ont démoli le fragile équilibre établi par le président Sadam Hussein (un dictateur assez rude, j'en conviens, mais qui avait donné une colonne vertébrale à son pays, qui connaît aujourd'hui la pire des situations possibles : l'anarchie), ces Étasuniens, donc, paraissent n'avoir ni épaisseur psychologique ni affectivité ; on les regarde faire joujou avec leurs équipements protecteurs et se faire hacher menu par les diverses bombes semées ici et là par des terroristes fous furieux sans avoir la moindre envie de compatir à leur géhenne…

Des films sur le goût du sang donné à des individus ordinaires par l'exaltation des guerres, il y en a une palanquée ; Vincentp cite opportunément l'excellent Croix de fer de Sam Peckinpah ; j'ajouterai Capitaine Conan où Tavernier fait réellement partager toute la démesure psychologique (psychiatrique ?) d'individus nés avec la pulsion de mort, leur donne de la chair et ouvre un éclairage – sommaire, sans doute, mais comment trouver plus lumineux ? – sur l'abîme de leur âme. Démineurs est un film spectaculaire et effroyablement banal sur des cowboys sommaires…

A moins que les intervalles de somnolence que j'avoue avoir subis m'aient dissimulé des subtilités remarquables…

"Bigelow est à mon sens, avec Cameron et McTiernan, la meilleure réalisatrice contemporaine de films d'action."

On pourrait ajouter William Friedkin et Walter Hill, qui continuent de tourner.

Ce film que je viens de revoir sur mon grand écran et mon home cinéma (équipement indispensable si on veut en avoir plein les yeux et les oreilles ) n'est en fait qu'une succession de scènes de déminages 2 heures durant. Assez limité donc sur le papier.

Pourtant l'ennui ne vient pas. Au contraire, chaque scène apporte son lot de péripéties mettant à rude épreuve Jeremy Renner qui se la joue cow boy dans son rôle de démineur (la voiture bourrée d'explosifs, le cadavre piégé, le kamikaze, les snipers en plein désert…). La tension est palpable, à chaque instant l'explosion pouvant retentir, l'équipe de démineurs doit lutter contre les éléments : la chaleur (la sueur perle en permanence sur le front de Renner), mais aussi les irakiens, qui assistent aux opérations en cours et dont on ne sait jamais quelles sont réellement leurs intentions. C'est filmé caméra à l'épaule, ce qui renforce l'impression de réel.

Aucun véritable message, juste un très bon film d'action