Forum - Tourbillon de Paris - Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine !
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Sujet : Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine !


De Impétueux, le 27 juin 2014 à 08:44
Note du film : 3/6

Contrairement à ce qu'indique la jaquette du Dvd, le film n'est pas sorti en décembre 1941, mais en décembre 1939, ce qui n'aurait en soi aucune espèce d'importance si la période n'était pas particulièrement sensible, historiquement parlant. En 1939, trois mois pleins après la déclaration de guerre, il n'y a rien d'innocent à faire déferler sur l'écran l’allégresse et l'insouciance de Tourbillon de Paris. Est-ce que la volonté de se boucher les yeux devant le péril est consciente ? Ou, plus probablement, est-ce qu'à la veille des catastrophes, la gaîté, la joie de vivre, les amourettes perpétuellement menacées et finalement triomphantes prennent toujours le pas sur la touffeur des angoisses ? Ou un peu des deux, sans doute, le souhait de montrer aux populations des belles provinces que nos braves petits gars de France savent triompher de toutes les adversités avec le sourire et le sens de la débrouille, exemple renouvelé de qualités bien de chez nous !

Je n'ai pas vu Feux de joie de Jacques Houssin, qui date de l'année précédente, avec le même orchestre de Ray Ventura et qui doit être de la même eau que Tourbillon de Paris, c'est-à-dire un scénario minimal, prétexte à de nombreuses et agréables interventions de l'orchestre swinguant qui permettaient de montrer aux spectateurs des salles obscures la bonne bouille des interprètes qu'ils appréciaient à la radio.

Quand j'écris scénario minimal, c'est un peu injuste… Certes ça n'a pas l'inventivité de Nous irons à Paris de Jean Boyer, tourné en 1950 avec la même structure et plusieurs des mêmes instrumentistes ; mais quand on connaît le niveau abyssal de nullité de plusieurs des nanards français d'avant-guerre, et malgré les invraisemblances, raccourcis, malentendus vaseux et coups de théâtre bêtas, ça ne passe pas mal.

Les jeunes gens d'un pensionnat (en fait les membres de l'orchestre), censés jouer de la musique en amateurs pour animer le café-concert de Ray Ventura doivent se rendre à Paris pour passer des examens. Le pensionnat est dirigé nominalement par le timide Charbonnier (Charpin), qui n'a aucune autorité sur les sacripants, au contraire de sa femme (Marguerite Pierry), véritable dragon charismatique. Coco (Grégoire Aslan) fils boulimique de la cuisinière de l'institution est le copain de tout le monde.

Se noue entre la fille Charbonnier, Marie-Claude (Mona Goya) et un des garçons, Jimmy (Jimmy Gaillard) une idylle, mais, par suite d'un quiproquo, c'est avec Paul (Paul Misraki, le compositeur réel des succès de l'orchestre de Ventura) que la jeune fille se trouve fiancée.

I

ntervient là-dessus une troupe lyrique avec la jolie Mony (Ludmilla Pitoëff) et le calamiteux ténorino André Dassary (ultérieurement interprète vedette de Maréchal, nous voilà, à la gloire de qui on devine), troupe dont la représentation est perturbée de façon branquignolesque par les collégiens. À la représentation perturbée a assisté Rosalès, impresario gluant et sympathique, interprété par le délicieux Jean Tissier.

Je passe la recension exhaustive des péripéties qui conduisent l'orchestre au succès et à la gloire, Marie-Claire à filer le parfait amour avec Jimmy et Mony avec Paul, M. Chartbonnier reprendre le port de la culotte dans son couple, autrement dit à ce que tout se passe pour le mieux. (Je suis conscient de n'être pas parfaitement clair dans mon récit, mais est-ce que c'est important ?).

Je passe sur l'histoire, mais j'insiste sur le charme des numéros chantés. C'est dans Tourbillon de Paris que l'on entend (et voit l'interprétation) du célébrissime Tiens, tiens, tiens, des charmants Sur deux notes et Je ne sais pas si je l'aime. Outre les acteurs cités, on voit les chers visages de Jeanne Fusier-Gir, de Milly Mathis, de Marcel Vallée, de Sinoël.

Ça ne vaut pas grand chose, mais c'est tout à fait charmant. Si on aime le genre, bien sûr, ce qui n'est pas donné à tout le monde.


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De Tamatoa, le 27 juin 2014 à 16:53

J'ai toujours trouvé regrettable que l'on réduise l'immense carrière d'André Dassary à ce tout aussi regrettable hymne à la gloire du Maréchal. Chacun en pense ce qu'il voudra et il est bien tard pour gloser sur le bien fondé de ce choix. Mais ce Maréchal, nous voilà, éclipse une carrière de toute beauté faite de milles talents divers que le basque possédait. Evoquons de suite sa voix absolument merveilleuse et passons à autre chose.

Outre ses opérettes multiples et variées dont les plus célèbres restent Chanson gitane et surtout Rose de Noel, ses quelques 630 chansons enregistrées, dont beaucoup restèrent dans les mémoires ( Campanella, Ramuntcho, Ce soir mon amour, Ma France, Anouchka, sans oublier le fameux Ay, Ay, Ay avec lequel il terminait tous ses tours de chant puisque c'est cette chanson, fort agressive pour les cordes vocales, qui le fit connaitre ), ses quelques films peu nombreux il est vrai, mais surtout ses milliers et milliers de galas à travers le monde qui le placèrent en concurrent direct de Mariano, il ne faut pas oublier que Dassary, ostéopathe de son état, fut le premier à critiquer et surtout a rectifier les études du docteur Andrew Taylor Still, inventeur de la discipline dans les années trente. Il fut reconnu par le corps médical. Beaucoup d'ostéopathes aujourd'hui s'inspirent des écrits de Dassary. Ce n'est pas rien.

Tout ça pour dire que Maréchal, nous voilà, d'accord, mais Dassary est loin de n'être que celà. Et puis, cher Impétueux, qui a présenté Dassary à Ray Ventura parce qu'elle le trouvait génial ? Pas moins que votre muse Danielle Darrieux, mais oui. Et certaines rumeurs prétendent même que votre muse a beaucoup, beaucoup aimé le pays basque, si vous voyez ce que je veux dire… Maréchal ou pas .


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De Impétueux, le 28 juin 2014 à 13:05
Note du film : 3/6

Vous n'avez pas tort, Tamatoa, il ne faut pas enfermer André Dassary dans le costume des 40 millions de Pétainistes (pour reprendre le titre du deuxième volume de l'Histoire des Français sous l'Occupation) qui, avec lui ont chanté Maréchal, nous voilà !. Il me faudrait être encore bien plus prétentieux que je ne le suis pour affirmer que je ne l'aurais pas chanté avec lui à pleins poumons.

Autre titre que j'ai amplement entendu, aux temps où je passais mes après-midi des dimanches l'oreille collée au poste de radio, La marche des sports qui était l'indicatif de l'émission de Georges Briquet qui s'appelait Sports et musique et qui donnait en direct reportages et résultats de football, de rugby, de basket, d'athlétisme… et de tout le reste.

Vous ne vous souvenez pas ?

Chantons pour le sport !
D'un cœur joyeux, chantons l’essor de la jeunesse
Qui, se moquant de la gloire
Vole vers la victoire
Chantons tous en chœur
Les performances et les vainqueurs
Allons sans peur !
Joyeux et forts
Ivres d’efforts
Chantons, vive le sport !

Cela étant, je trouve le physique et la voix de Dassary peu à mon goût (et c'est une litote) ; vous évoquez Luis Mariano ; Dassary était moins exotique, mais, à mes yeux, tout aussi crispant….

Cela écrit, sauf si vous l'appréciez beaucoup, ne regardez pas Tourbillon de Paris : il y apparaît, y pousse la romance, mais la vraie vedette, c'est l'orchestre de Ray Ventura


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De Tamatoa, le 28 juin 2014 à 15:43

Non, je ne me souviens pas de cette émission, ne passant pas mes dimanches l'oreille collée à mon transistor (!), préférant l'ivresse des profondeurs. En revanche, si je sais que Dassary a interprété la chanson que vous citez, je me souviens l'avoir entendue par Maurice Alexander, l'accordéoniste célèbre. Georges Briquet est pour moi une légende sans visage. J'ai souvent entendu ce nom à propos de reportages sportifs. A t-il un rapport avec le comédien ?


En tous cas, vous pouvez retrouver ce générique et mille et un documents de l'époque (pubs comprises) dans ce coffret.

Cela étant, je trouve le physique et la voix de Dassary peu à mon goût (et c'est une litote).. A part ça, vous êtes de bonne foi. Je vous aurais dit qu'il avait fricoté avec Pauline Carton, je n'aurais pas lu cette litote là..


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De Impétueux, le 28 juin 2014 à 22:16
Note du film : 3/6

D'abord sur Georges Briquet ; reporter sportif, et chef du service des sports de la RTF, il a effectivement joué dans quelques films, très oubliables, dont Les cinq sous de Lavarède ou Le boulanger de Valorgue. Et ce n'était pas sur transistor que j'écoutais sa longue émission de quatre heures, mais sur le poste massif à lumière de tonalité verte et aux noms exotiques, Sottens, Beromunster ou Helsinborg.

Puis André Dassary ; je n'ai évidemment pas relevé vos perfides racontars sur une romance survenue entre lui et la grande Danielle Darrieux ; la dame était réputée pour n'apprécier que les beaux hommes à l'apparence virile et ses trois maris, Henri Decoin, le play-boy international Porfirio Rubirosa et Georges Mitsinkidès n'ont vraiment rien à voir avec Le caramel mou… Cela étant, la vie d'actrice est si pleine d'imprévus…


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De Tamatoa, le 28 juin 2014 à 23:31

Les perfides racontars proviennent de la bouche de Georges Ulmer, avec qui Dassary était très ami, et qui déclarait à la mort du basque : "- L'air de rien, il croquait de la Darrieux pour son quatre heures, ce filou..-" Et, à ma connaissance, elle n'a pas porté plainte. Et si c'était la grande, la divine Danielle qui était perverse ?.. Je vous souhaite une excellente insomnie, ami !


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